Interview

Sunil Bholah: « 2016, une année de grands défis pour les PME »

Sunil Bholah, ministre des Affaires, des Entreprises et des Coopératives
Sunil Bholah, ministre des Affaires, des Entreprises et des Coopératives n’a pas eu une année facile. 2016, espère-t-il, sera meilleure. D’ailleurs, les projets abondent et le ministre affiche un certain optimisme. Quels ont été les moments forts de votre première année en tant que ministre ? Le dossier des coopératives et celui des PME ont sans conteste mobilisé toute mon attention. Pour ce qui est des PME, l’ouverture récente de MyBiz, la tant attendue One-Stop Shop destinée aux entrepreneurs, est l’événement le plus marquant. Annoncée dans le discours-programme et dans le discours du Budget, c’est l’une de mes plus grandes satisfactions en cette fin d’année.
Annoncée au début de 2015 et inaugurée en décembre... Un accouchement difficile ? Sa concrétisation a pris du temps pour des raisons tout à fait logiques. Initialement, il était prévu que MyBiz s’installe à la SICOM Tower, à Ébène. Les travaux de rénovation étaient déjà en cours. On a dû céder les locaux au ministère des Finances en cours de route. Il nous a fallu trouver un autre immeuble. La One-Stop Shop se devait d’être dans un lieu accessible et surtout visible. Entre-temps, nous avons eu l’option du bâtiment qui abritait l’ex-BAI. Là aussi, les procédures ont été assez longues et on a signé le contrat en novembre. Moins d’un mois après, on a inauguré MyBiz. C’est, à mon sens, une réelle prouesse. Le ‘response’ est très bon tant du côté de nos clients que de nos partenaires.
[blockquote]« Dans un premier temps, on va informatiser le bureau du Registrar pour qu’il y ait un meilleur contrôle »[/blockquote]
Quid du secteur des coopératives ? L’affaire Vacoas Popular Multi-Purpose Co-operative Society Ltd a polarisé l’attention du pays. Cela a été l’un des moments forts de ma première année comme ministre, mais pour les mauvaises raisons. J’aurais pu m’en passer. Était-ce un gros défi ? Effectivement. Un scandale d’une telle ampleur était inimaginable. Il a ébranlé tout le mouvement  coopératif de par le montant concerné et le caractère  audacieux du détournement. J’avoue que je ne m’attendais pas à une affaire d’une telle envergure. Ce malheureux épisode m’a toutefois permis d’apprendre beaucoup sur les coopératives. Quel a été le plus gros problème dans la gestion de ce dossier ? Soutenir et donner de l’espoir à quelque 5 500 membres qui ont vu leur vie s’écrouler du jour au lendemain. J’ai vu la détresse humaine à l’état pur. Parallèlement, il y a eu l’affaire BAI. Le traitement des victimes dans les deux cas n’a pas été le même et cela a causé encore plus de stress. Je peux vous dire que cela n’a pas été un dossier facile à traiter surtout avec le spectre de la liquidation. Heureusement, j’ai eu beaucoup de soutien. Depuis le dénouement heureux, avez-vous eu des nouvelles des épargnants ? Je sais que la nouvelle équipe dirigeante fait un bon travail. Elle est rigoureuse et ne s’épargne aucun effort pour redorer le blason de la société coopérative. J’apprends qu’elle est en contact avec des investisseurs étrangers pour développer le terrain de 37 arpents situé à Flic-en-Flac, ce qui aidera à renflouer les caisses. Et la part de responsabilité de votre ministère dans cette affaire ? Cette malversation ne date pas d’hier. Ce n’est pas arrivé du jour au lendemain. Oui, le Registrar des Coopératives a une part de responsabilité. Les inspecteurs auraient dû avoir vu ce qui se passait, surtout qu’il y avait des liens de parenté évidents entre ceux qui géraient la société. Manifestement, il y a eu un relâchement dans le suivi. Mais en même temps, le ministère ne peut endosser la totalité des fautes, car les auditeurs aussi sont mis en cause. Quand le dernier rapport audité a mis au jour le trou financier, il était déjà trop tard. Maintenant, je m’attends à ce que la nouvelle direction entame des actions légales contre tous ceux qui ont fauté. Pouvez-vous garantir qu’il n’y aura pas un deuxième scandale de l’ampleur de la Vacoas Popular Multi-Purpose Co-operative Society ? Les fraudes, malversations et irrégularités sont des choses courantes. Je ne peux garantir qu’il n’y en aura pas d’autres. Il faut par contre mettre des garde-fous et s’assurer que cela ne se répète pas. Personellement, j’ai tiré les leçons qu’il faut. En tant que ministre que pouvez-vous faire dans pareil cas ? Donner les outils nécessaires pour encadrer et prévenir des récidives. Du genre ? Dans un premier temps, on va informatiser le bureau du Registrar pour qu’il y ait un meilleur contrôle. Dans un deuxième temps, les sociétés coopératives seront reliées au serveur central. Il y aura aussi des visites surprises, des ateliers de formation et des sessions de travail avec les dirigeants et les membres. Je prévois aussi des amendements à la loi existante. J’ai mis en place un Co-operative Law Advisory Board qui travaille sur les amendements probables. Ce sera une des mes priorités pour 2016. Où en est le projet d’incubateur pour les start-ups ? Nous allons en installer bientôt dans le Nord, le Sud et dans l’Ouest. Il y en a déjà un à Coromandel. Son rôle sera de conseiller l’entrepreneur, aplanir ses difficultés et l’accompagner pendant une durée déterminée jusqu’à ce qu’il atteigne sa vitesse de croisière. Quid de la qualité de certains produits qui ne sont pas tout à fait aux normes ? Il est primordial que les produits locaux soit d’une qualité « exportable ». Nous allons assurer la formation des entrepreneurs pour pouvoir atteindre ce niveau. Je veux aussi, à la longue, m’assurer que cesse l’importation des produits qui peuvent être fabriqués localement. Par exemple, il y a un abus dans le domaine de l’artisanat. Il y a un comité qui travaille sur ce dossier. D’ici à l’année prochaine, je divulguerai les recommandations. Qu’attendez-vous de 2016 ? 2016 sera une année décisive pour mon ministère. Une année de grands défis. Je vais m’assurer que les projets annoncés et ceux en cours se concrétisent. Le focus sera surtout sur l’épanouissement des PME. Mais cela ne dépend pas que de moi. J’aurai besoin de la collaboration de tout un chacun. J’ai déjà annoncé l’élaboration d’un plan directeur qui s’étalera sur 10 ans. Ce Master Plan va donner un boost à l’entrepreneuriat et va déterminer la nouvelle orientation de ce secteur qui ambitionne de devenir un des piliers de notre économie.
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