Société

Changement climatique: un été ‘caniculaire’ attendu à Maurice

Maurice ne sera pas épargné des effets du changement climatique. Secousses dans nos eaux territoriales, fortes pluies, températures extrêmes… Les phénomènes provoqués par le réchauffement de la planète planent comme une épée de Damoclès sur Maurice. La conférence sur le climat à Paris, la COP21 est prévue la semaine prochaine. Est-ce notre ultime chance ? À quelques jours de l’ouverture de la Conférence de Paris sur le climat, la pression monte. Quelles sont ses chances de succès ? Y’a-t-il un risque d’échec ? Pourra-t-on trouver enfin un accord global pour lutter contre les changements climatiques ? Les questions sont nombreuses. Selon l’expert en la matière, Girish Buckhory, « notre survie en dépend ». « La hausse de la température agira comme un catalyseur d’anéantissement », lance l’expert en changement climatique. Selon les propos de notre interlocuteur, cela provoquera de fortes diminutions des ressources naturelles disponibles ; une accélération de la sècheresse ; l’exposition de centaines de millions de personnes à un stress hydrique, entre autres. Selon Girish Buckhory, la réponse pour les Petits États insulaires en voie de développement (PEID), c’est de se développer, mais de manière durable. « La révolution verte est devenue une priorité. Le développement durable devrait s’imposer dans tous les secteurs économiques du pays », explique-t-il. Que ce soit dans le domaine de l’énergie, de l’agriculture, de la pêche, du traitement de l’eau et de déchets, le développement durable devrait intervenir non seulement pour dépolluer ou empêcher d’autres pollutions, mais aussi pour insister que l’environnement doit être au sein de chaque projet de développement. D’ailleurs, le directeur adjoint de la station météorologique, Prem Goolaup, avance que les effets du changement climatique se font déjà sentir. En effet, il fera chaud cet été et le thermomètre qui a grimpé jusqu’à 1,1 degré Celsius de plus que la moyenne saisonnière, grimpera davantage, les températures devenant extrêmes.
Même les experts en météorologie prévoient un record de chaleur. Maurice n’échappe pas à la règle. Les dernières pluies qui se sont abattues la semaine dernière sur Rodrigues démontrent que Maurice fera face à des conditions météorologiques extrêmes. « Le mercure grimpera de plus d’un degré cet été. Selon les prévisions, 2015 est une année record en chaleur. Nous aurons des températures très supérieures à la moyenne », insiste Prem Goolaup. Le directeur adjoint de la station météo précise que le phénomène El Nino, tant évoqué par les météorologues, bien qu’éloigné, influe sur la température des mers. L’île Maurice subit également cette hausse des températures. Prem Goolaup ne va pas de main morte soutenant qu’il y a un « dérèglement climatique ».

C’est quoi, El Niño ?

« Nous sortons d’un extrême pour aller vers un autre. C’est du jamais vu, un mouvement, quasiment irréversible », déclare-t-il. Shiv Sewbaduth, responsable de la cellule du changement climatique au ministère de l’Environnement, pointe du doigt les gaz à effets de serre qui continueront à faire grimper les températures. [row custom_class=""][/row]

Sur le pied de guerre

De son côté, le National Disaster Risk Reduction and Management Centre est sur le pied de guerre. Il se prépare cet été, aux retombées d’El Nino dans la région de l’océan Indien. Les autorités mondiales ont déjà tiré la sonnette d’alarme. Ce sera l’El Nino le plus puissant depuis 1997-1998. Et l’on doit s’attendre à des phénomènes climatiques les plus extrêmes dans diverses régions du monde. À Maurice, les autorités ont déjà élaboré un plan de préparation face aux menaces éventuelles. Il s’agit du ‘Disaster preparedness and contingency plan 2015-2016’. Lors de la présentation de ce plan, Rajan Mungra, directeur de la météo, souligne l’urgence de la situation. « La fréquence des conditions extrêmes et du changement climatique dans son ensemble a pris de l’ampleur du côté des îles de l’océan Indien. La météo prévoit donc pour l’été 2015-2016 des montées subites des eaux, des orages violents, des vagues de chaleur et des cyclones plus fréquents ». Au fait, les températures pourront atteindre des maximums de 36 degrés Celsius à Maurice et de 33 degrés Celsius à Rodrigues au plus fort de l’été. Quant à Khemraj Servansing, directeur général du National Disaster Risk Reduction and Management Centre, il a tenu à préciser que plusieurs simulations ont lieu pour faire face aux catastrophes naturelles en temps réel.

<
Publicité
/div>  
   

Vassen Kauppaymuthoo prône l’éducation

 
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"4936","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-8122","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"300","alt":"Vassen Kauppaymuthoo"}}]] Vassen Kauppaymuthoo

« Il faut mieux éduquer et sensibiliser les Mauriciens au changement climatique ». C’est l’avis de Vassen Kauppaymuthoo, défenseur de l’environnement. Selon lui, le gouvernement aurait dû mieux communiquer sur les enjeux de cette conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en décembre prochain. Et de souligner que les jeunes, en particulier, doivent être mieux informés des enjeux liés au changement climatique. « Avec le changement climatique, il faut que Maurice devienne plus résilient », soutient le défenseur de l’environnement. L’heure est grave. Face aux changements climatiques, la prévention est de mise. C’est dans cette optique que les membres African Network for Policty Research and Advocacy for Sustainability d’ANPRAS mènent un combat pour la sensibilisation face aux changements climatiques.  « Nous mettons beaucoup l’accent sur les campagnes de sensibilisation. Il est essentiel qu’il y ait un changement de mentalité pour accroître notre résilience », estime Khooshal Ramrekha, assistant-secrétaire général d’ANPRAS.  
   

Khalil Elahee: « Il faut repenser notre modèle de développement »

 
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"3782","attributes":{"class":"media-image wp-image-5707","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"404","alt":"Dr Khalil Elahee"}}]] Président de l’Energy Efficiency Management Office et responsable de l’efficacité énergétique au niveau national, le Dr Khalil Elahee

En tant que petit État insulaire, comment peut-on accroitre notre résilience ? Il faut savoir que les Petits États insulaires (PIED), et même si on y ajoute l’Afrique entière, ne dégagent que 3% au maximum des émissions de CO2.  Historiquement, c’est encore moins, pratiquement rien. Toutefois, nous sommes les plus menacés par le changement climatique. Les négociations tenues à Bonn, avant la COP21, montrent que nous ne pourrons attendre une aide de Rs 150 millions pour Maurice pour nous adapter à ces conséquences. Il faudra pendre sur nous-mêmes pour réagir. Je pense que nous devrions repenser complètement notre modèle de développent. Par exemple, il faut des normes dans la construction des bâtiments ; un plan d’ensemble de l’aménagement du territoire ; repenser notre système de transport. La liste de mesures est longue. Il est grand temps de réintroduire un ministère du Plan, surtout à l’heure du développent durable, des smart cities et de la nécessité de penser en termes d’adaptation au changement climatique. Comment justement promouvoir le développement durable ? Pour poursuivre, il faut le développement d’un Sustainability Compliance Criteria pour le développement. Si nous considérons le secteur énergétique, il est temps de revoir la Long Term Energy Strategy and Action Plan de 2012, tout comme l’Integrated Electrity Plan du Central Electricity Board. Dans cet exercice, il faut tenir compte du changement climatique, mais aussi des propositions du gouvernement pour l’industrie océanique ou les smart cities, par exemple. Il nous manque aujourd’hui une approche holistique ou systémique. Regardez le secteur du transport : nous verrons alors que nous ne savons pas intégrer les différentes dimensions de l’énergie, de l’environnement, de l’économie et du social. Avons-nous une politique d’adaptation aux changements climatiques ? Des efforts importants sont consentis par le gouvernement, mais comme pour beaucoup de choses, il faut promouvoir la sensibilisation. Les gens doivent mieux comprendre les enjeux. Il faut apprendre à atténuer les effets du changement climatique, notamment en économisant l’énergie ; savoir s’adapter en apprenant à faire face aux hautes températures et à l’humidité. Il est aussi essentiel que les médias éduquent la population en ce sens. La COP21 aura lieu en fin de mois, êtes-vous optimiste que les 195 pays trouveront un accord pour freiner le réchauffement de la planète ? Il est clair que même si les pays mettent en œuvre les mesures qu’ils ont promises, ce ne sera pas suffisant pour éviter une hausse de température de la planète de moins de 2 degrés Celsius. Au fait, les pays vulnérables veulent aller plus loin soit un maximum de 1,5o C. De nombreux pays, même l’Inde, réclament de l’aide pour atteindre leurs engagements volontaires qui demeurent eux-mêmes insuffisants. Les gouvernements diront que c’est un succès, mais la réalité est ailleurs. Cependant, il faut rester optimiste. L’espoir est ailleurs. Il faut surtout une plus grande vigilance de la société civile pour suivre l’implémentation des mesures. Je pense qu’après la réunion de Paris, beaucoup de pays devront se rattraper. Il faudra un sursaut citoyen à travers le monde, car ce sont les petites gens au quotidien qui devront apporter le changement. De toute façon, COP21 ne prendra effet qu’en 2020, donc il sera trop tard si nous attendons que les gouvernements agissent.  
Related Article
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !