Actualités

Situation critique: notre lagon en danger

Face au développement, le lagon, marque de fabrique du tourisme mauricien, est de plus en plus vulnérable. Il reste en attente de solutions durables. Seize établissements hôteliers, treize Smart Cities, projet de développement du port, « petroleum hub », centre régional pour bateaux de croisière… Les travaux et les activités en bord, ou dans la mer, se multiplieront durant les années à venir. Avec pour résultat que le lagon sera de plus en plus sous pression. « La situation est déjà critique », soutiennent les experts. Dimanche dernier, plusieurs milliers de poissons et d’autres espèces marines sans vie ont été retrouvés flottant dans la région de Bain-des-Dames et ses environs. Officiellement, c’est la chaleur de ces derniers jours qui en est la cause. Du côté des pêcheurs, on soutient que des travaux effectués dans la mer, à hauteur du port, ont également contribué à ce désastre. « Les poissons que nous avons analysés semblent tous avoir manqué d'oxygène », avance le directeur de la Pêche, Vishnu Soondron. Interrogé quant à la possibilité que le barrage aménagé par les autorités portuaires, et les travaux de comblement auraient provoqué cette catastrophe, Vishnu Soondron déclare qu'il est trop tôt pour arriver à cette conclusion. « D'autres analyses sont en cours, notamment au ministère de l'Agro-industrie. Les résultats seront disponibles d’ici une semaine. Nous aviserons par la suite. Au centre de recherche d'Albion également, les examens se poursuivent pour comprendre ce phénomène », explique-t-il. Quoi qu'il en soit, le constat est là. Une étude de la Japan International Cooperation Agency, menée à la demande du gouvernement mauricien, indique que 73 % de nos coraux sont morts. En 2001, le chiffre était encore à 50 %. Parmi les autres conclusions d cette enquête : les Japonais ont découvert que 59 % de nos plages sont stables, le reste ne l’est donc pas. Puis, 11 % de nos côtes souffrent fortement d’érosion. Les zones les plus touchées par le phénomène d’érosion sont Albion, Mon-Choisy et Bel-Ombre. Il y a quelques mois de cela, le ministre de l’Environnement, Raj Dayal, devait reconnaître que plusieurs facteurs ont contribué à l’état pitoyable de notre lagon et de nos plages. Les causes principales sont la pollution, les travaux/activités sur nos côtes et le réchauffement climatique. Au sommet de l’Organisation des Nations unies (ONU), en septembre dernier à New York, le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, avait plaidé en faveur d’une assistance financière pour les petits États insulaires en développement (PEID) pour les aider à résister aux changements climatiques. SAJ réclamait pour ces petits États une reconnaissance spéciale au sein du système des Nations unies, afin qu’ils puissent bénéficier d’un meilleur accès financier aux fonds climatiques et d’une assistance technique spéciale ainsi que des facilités accrues pour le commerce.
 

Changement climatique: les milliards que cela va coûter

La Commission de l’océan Indien (COI) avait rédigé un rapport à la veille de la Conférence des Partis (COP 21) à Paris fin 2015, pour un constat de la situation climatique dans l’Océan Indien. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Maurice a tout à perdre. Le changement climatique pourrait coûter énormément à Maurice d’ici 2050. La COI estime que les bouleversements que cela entraînera pourraient coûter Rs 360 milliards au gouvernement mauricien. Le rapport mentionne également que la région de l’océan Indien se trouve être la troisième région du monde la plus touchée par les phénomènes naturels intenses. Il y a eu, en effet, durant ces deux dernières décennies, 50 catastrophes naturelles enregistrées dans la région océan Indien. Ces phénomènes ont évidemment eu des implications financières conséquentes. On évalue ces dégâts à plus de 2,8 milliards de dollars. La COI s’attend également à des bouleversements au niveau des températures. Des changements qui devraient intervenir d’ici 2090. La température moyenne pourrait augmenter de +2,8 degrés Celsius à +3,8 degrés Celsius. Le niveau de la mer pourrait s’élever de plus de 56 centimètres, ce qui entraînerait la submersion des zones littorales, voire la disparition des îles les plus basses de l’océan Indien. Concernant la situation de nos récifs, la COI estime la valeur des récifs coralliens dans l’océan Indien occidental à 7 milliards de dollars annuellement. Toutefois, le réchauffement et l’acidification des océans, en plus des activités humaines, ont abîmé une large part des écosystèmes récifaux qui jouent aussi un rôle d’atténuation des aléas climatiques et maritimes. La dégradation des récifs a donc un coût écologique et économique très élevé.  
 

Vassen Kaupaymuthoo: « Notre environnement n’est pas friendly »

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"7720","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-12441","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"300","alt":"Vassen Kauppaymuthoo"}}]] Vassen Kauppaymuthoo

<
Publicité
/div> Le gouvernement a annoncé plusieurs projets de développement, notamment au Port, et la mise en chantier de projets hôteliers. Quel regard portez-vous sur ces projets ? Tout cela m’interpelle. Nous avons récemment témoigné des poissons retrouvés morts à Bain-des-Dames. Dans le passé, j’ai aussi attiré l’attention des autorités sur les décharges d’eaux usées de la Wastewater Management Authority. Nous avons également tous vu l’état du Caudan, où l’on peut constater des déchets flottant à la surface de l’eau. Le gouvernement tient-il compte de l’aspect écologique dans ces projets de développement ? À mon avis, les autorités gouvernementales doivent surtout réaliser que nous vivons dans un environnement qui n’est pas ‘friendly’. Je suis certes favorable aux projets de développement, car il faut évidemment des investissements et créer des emplois, mais ce qu’il ne faut surtout pas faire, c’est répéter les erreurs du passé. Les dossiers d’impact environnemental sont traités de manière très pragmatique au niveau du ministère de l’Environnement, mais on pourrait faire encore mieux en impliquant les citoyens dans des consultations plus élargies. L’on pourrait, par exemple, s’inspirer de modèles étrangers où les autorités obligent les promoteurs à présenter leurs projets devant une audience comprenant des membres du public. Ces derniers pourraient ainsi exprimer leurs points de vue. Que conseillerez-vous aux autorités concernant les projets de Smart Cities ? Le concept de Smart Cities peut être un succès, à condition que ces villes ne se transforment pas en ghettos pour personnes riches. Il ne faut pas oublier que parallèlement à la conception de villes intelligentes, de nombreuses galeries commerciales situées dans nos villes se transforment en lieux insalubres. On ne peut décemment pas concevoir d’autres projets, tout en ignorant l’état actuel des infrastructures dans les villes.
Related Article
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !