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Changement climatique - Khalil Elahee: «Nous sommes très très en retard»

Khalil Elahee
Tout droit sorti d’une année record en termes de température et de la très médiatisée conférence de la COP 21, beaucoup de défis attendent l’île Maurice afin de s’adapter aux changements climatiques annoncés. Certains estiment que les autorités ne prennent pas les mesures qui s’imposent assez vite. Après une année record en termes de chaleur et une COP 21 qui a placé de nouveaux jalons pour combattre le réchauffement planétaire, quelle est la marche à suivre pour Maurice ? Les spécialistes sollicités par le Défi Plus ne s’entendent pas sur la question. Si certains estiment qu’il faut apporter des changements de politique par petites touches, sur une longue durée, d’autres, à l’instar de l’universitaire Khalil Elahee, se prononcent en faveur d’un changement immédiat et radical. Il avance même que le pays a déjà pris trop de retard sur ses objectifs et en subira les conséquences de plein fouet. La solution? Pousser pour une île 100 % énergie verte. « Il y a beaucoup d’attentes après la COP 21, la conférence internationale sur le changement climatique qui a eu lieu à Paris, confie Khalil Elahee, spécialiste de l’énergie renouvelable. L’essentiel, c’est que nous sommes très, très en retard au niveau mondial par rapport aux engagements à apporter. » Pour notre interlocuteur, les autorités n’en font pas assez. « Et même si on affiche la volonté de rattraper ce retard, cela semble quasiment impossible désormais ». Le problème principal, dit-il, est l’émission de CO2.
« Il faut demander aux parties concernées de redoubler d’effort et d’initier un plan d’adaptation sérieux ». Il ne s’agit pas, pour lui, de simplement compter sur les aides à hauteur de 5 milliards de dollars découlant de la COP 21. Tout le monde doit s’y mettre. « Le société civile, les ONG et les forces vives doivent comprendre que nous devons tout entreprendre pour réussir les émissions de CO2. C’est long overdue ! » exhorte-t-il. S’il y a une conclusion à tirer du sommet de Paris, c’est qu’il faut oser une "politique radicale". Son modèle ? La ville de Paris, justement. « Il faut aller vers 100 % d’énergie renouvelable. Il n’y a pas à sortir de là. On compte 1 000 régions qui se sont engagées dans cette voie à Paris. D’ici 2050-2060, il faut sortir des énergies fossiles », soutient-il.

En chiffres

  • 14e rang des pays les plus exposés aux désastres et au 7e rang des pays exposés aux catastrophes naturelles selon le World Risk Report de 2014.
  • 360 milliards de roupies pour les coûts des changements climatiques d’ici 2050.
  • 30 % de réduction des émissions de carbone d’ici 2030.
  • 199 milliards de roupies soit 1,5 milliards de dollars d’investissement et les adaptation measures, 4 milliards de dollars.
  • 56 cm d’élevation de niveau de la mer, selon la COI. Ce qui entraînerait la submersion de certaines régions du littoral et de certaines îles.

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Satyajeet Ramchurn, Environment Programme Officer au United Nations Development Programme (UNDP), se montre moins alarmiste. Divers documents existent déjà, il s’agit maintenant d’identifier les priorités. « Les effets du changement climatique ne se feront pas sentir du jour au lendemain, explique le spécialiste de l’environnement. Cela se fera graduellement et il faudra mettre sur pied un plan de développement économique durable, qui assurera également l’amélioration constante des capacités des institutions et du secteur privé ». Cela dit, explique Satyajeet Ramchurn, la question de la gestion de l’eau demeure urgente. « Le réchauffement climatique implique une météorologie moins prévisible, une montée des eaux qui aura un impact sur nos nappes phréatiques, en contact avec l’eau du lagon. » Dans ce contexte, il devient urgent de gérer au mieux les ressources disponibles et éviter tout gaspillage. « Il faut agir au plus vite pour minimiser le non-revenue water. Le gouvernement va dans la bonne direction. Avec 45 % des ressources en eau perdues dans la nature, cela veut dire qu’on peut quasiment doubler le volume d’eau disponible si on minimise ces pertes ». L’autre défi à relever est de nature énergétique : « Qui dit hausse de température, dit augmentation de l’utilisation des climatiseurs. Donc, une hausse de la demande énergétique », constate-t-il. Pour ce secteur, il faudrait être prudent en termes de planification. S’il admet qu’il faut une transition vers les énergies renouvelables, contrairement à Khalil Elahee, notre interlocuteur de l’UNDP se montre plus nuancé. « Il faut définitivement plus d’énergies renouvelables, mais sur la question du taux de pénétration, c’est aux professionnels du CEB de déterminer ce que peut absorber son réseau et comment transiter vers un niveau supérieur ».
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