Economie

Aisha Timol CEO, Mauritius Bankers Association: «Il nous faut encore plus de banques»

Aisha Timol
Chief Executive Officer de la MBA, Aisha Timol est convaincue que le marché peut s’accommoder de banques additionnelles. La MauBank est née de la fusion de deux banques d’État. Est-ce un pas vers la consolidation dans le secteur bancaire ? Au contraire. Si nous voulons que le pays soit un centre financier international, il nous faut encore plus de banques. À Maurice, nous avons une vingtaine de banques en opération, dont 13 qui offrent des services ayant trait au marché domestique alors que les autres banques ciblent principalement une clientèle internationale. Nous constatons qu’au fil des années, les banques domestiques aspirent de plus en plus à servir une clientèle régionale et internationale, dans une volonté de diversifier leur « business model ». Aujourd’hui, dans l’environnement concurrentiel dans lequel évoluent les institutions financières, aucune banque ne peut se contenter d’être uniquement une entité à vocation purement domestique. Quels types de banques devraient établir des opérations à Maurice ? Au niveau du secteur bancaire mauricien, afin de se positionner en tant que plateforme privilégiée pour les investisseurs internationaux, nous devons attirer des banques internationales de renom à s’implanter à Maurice. Bien que nous ayons déjà la chance d’en avoir plusieurs sur le sol mauricien, ce n’est pas suffisant. Par exemple, des institutions telles que la Bank of China et l’ICICI Bank de l’Inde ont exprimé leur volonté de s’établir à Maurice. Ces banques apporteraient leur contribution et leur expertise niche dans le paysage bancaire mauricien. Quel serait donc le nombre idéal ? Il y a définitivement de l’espace pour plus de banques à Maurice, qu’il s’agisse du marché domestique (Segment A) ou du marché international (Segment B), avec naturellement un marché potentiel plus conséquent pour le Segment B. Au niveau de la réglementation, sommes-nous prêts pour ces grandes enseignes ? Tout à fait. Il n’y a rien qui empêche une banque de venir s’implanter à Maurice, aussi longtemps qu’elle satisfait aux critères d’admission imposés par la Banque centrale et qu’elle suit les normes prudentielles qui régissent toutes les institutions bancaires présentes à Maurice. Bilans financiers : Des bénéfices records en vue pour la MCB ? Le groupe MCB, première entité financière du pays, publiera ses comptes annuels ce mardi 29 septembre. Les profits nets pourraient dépasser la barre des Rs 5 milliards, un niveau jamais atteint par une société mauricienne. Selon les projections d’AXYS Stockbroking, les profits du groupe MCB seront supérieurs à Rs 5 milliards pour les 12 mois se terminant le 30 juin 2015. Car aux neuf premiers mois de l’année, les bénéfices après-taxe avaient déjà atteint les Rs 4,2 milliards. En 2014, le groupe avait essuyé un manque à gagner de Rs 2 milliards par rapport à des prêts à des sociétés indiennes, mais qui ne se répéteront pas cette année-ci. Qui plus est, les principaux segments de la banque sont en croissance, de même que les revenus nets découlant des intérêts (+10 %) et les recettes sur les commissions (+20 %). Pour les neuf mois se terminant le 31 mars, les bénéfices attribuables du groupe ont connu un bond de 35,4 % par rapport à la précédente période correspondante. De ce montant, la moitié provient des activités non-bancaires et à l’international, affirme le groupe dans son dernier bilan trimestriel en date du 14 mai. En 2013-2014, les profits ont été de Rs 4,45 milliards. « C’est la plus grande banque. Elle est la plus grande société listée sur la Bourse de Maurice et la plus liquide. Donc, évidemment, elle sera étroitement surveillée et suivie. Tout comme Apple, qui monopolise l’attention des médias aux États-Unis, la MCB monopolise l’attention locale  », explique Bhavik Desai, analyste boursier au sein de la firme AXYS Stockbroking Ltd. « La MCB est en passe d’annoncer des bénéfices records avec des profits après taxes ayant une croissance à deux chiffres. Qu’est-ce qu’un investisseur pourrait demander de plus ? ». Cette croissance dans les profits de la MCB est en déphasage avec la situation prévalant dans le pays. L’expansion économique est estimée à 3,8 % en 2015, selon Statistics Mauritius. « Les résultats de toute banque, dans une certaine mesure, reflètent la santé de l’économie de son principal marché. La MCB est en train de générer davantage de revenus hors de Maurice et reflète moins la situation économique, comme c’était le cas auparavant », fait ressortir Bhavik Desai. À la Bourse de Maurice, ce mardi 22 septembre, le titre MCB a perdu une roupie, soit 0,5 %, pour s’échanger à Rs 208. Fusion – MauBank : trois mois déterminants avant la grande ouverture Un trimestre. C’est le temps dont dispose la direction pour assurer la fusion entre la National Commercial Bank et la Mauritius Post Cooperative Bank. La nouvelle banque, MauBank, devrait entrer en opération début 2016. « Nous devons nous pencher sur les petits détails de la fusion. Ce n’est pas simple », affirme Sridhar Nagarajan, qui a été nommé Chief Executive Officer de la MauBank. « Ces trois mois devraient être suffisants. Nous avons le soutien du gouvernement. Ce qui est à l’ordre du jour, c’est la croissance, non la réduction des coûts. Nous prendrons soin du personnel. Nous le gérerons de manière positive », dit-il. Avec cette fusion, la MauBank devient la quatrième banque du pays. Ses actifs seront de Rs 33 milliards, dont Rs 30 milliards sous forme de dépôts. Aux trois piliers d’activités bancaires que sont les services aux particuliers, aux entreprises et à l’international, s’ajoute un nouveau segment. La MauBank, en effet, disposera d’un réseau de 10 succursales dédiées exclusivement aux Petites et moyennes entreprises (PME). « Le portefeuille des prêts de la MPCB est plus ou moins dédié aux PMEs. Donc, elle est déjà une très bonne banque des PMEs. La calibrer en une banque pour cette catégorie n’est pas un travail difficile. La NCB est déjà engagée dans les services à international », fait ressortir Sridhar Nagarajan, qui agira comme CEO de la MPCB dans un premier temps tout en supervisant le processus de fusion. Et d’ajouter : « Maintenant, la vraie question est de dénicher ces entreprises qui sont à faibles risques et commencer à leur prêter de l’argent. Nous devons créer un portefeuille diversifié qui puisse soutenir le (segment) des PMEs, qui, bien évidemment, comporte légèrement plus de risques. » La MPCB et la NCB (ex-Bramer) ont bénéficié d’un apport de Rs 1,45 milliard de l’Etat sous forme de capitaux propres. Assurer leur pérennité aurait nécessité la mobilisation de fonds additionnels du gouvernement, d’où l’importance de la fusion. En ce faisant, l’État compte assurer une plus grande viabilité et solidité financière à la nouvelle entité bancaire. « Je veux regarder cette banque en tant que banque sociale. Étant donné que le principal actionnaire est le gouvernement, ce sera beaucoup plus facile d’œuvrer dans cette direction (...) », affirme le CEO. « Cela dit, nous devons lier l’aspect de la profitabilité avec les engagements sociaux pour en faire un succès. »
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