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Ali Mansoor : «Maurice doit augmenter ses exportations pour relancer sa croissance»

Les importations mauriciennes ont augmenté de 3,8 % entre mars et avril 2025.

La persistance du déficit du compte courant place l’économie mauricienne devant une équation délicate. Alors que les importations continuent de dépasser les exportations, les données récentes publiées par Statistics Mauritius et la Banque de Maurice confirment une dynamique structurelle qui pèse sur l’équilibre externe du pays.

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En avril 2025, le déficit de la balance du commerce visible s’est établi à Rs 18,45 milliards, marquant une hausse de 13 % par rapport à mars 2025 et de 15,3 % en glissement annuel. Cette détérioration s’explique par une augmentation des importations (+3,8 % par rapport à mars et +8,6 % par rapport à avril 2024), tandis que les exportations ont reculé de 11,8 % sur un mois et de 3,6 % en un an.

Ces tendances se répercutent sur la balance des paiements. La Banque de Maurice rapporte un déficit du compte courant de Rs 8,7 milliards au premier trimestre 2025, tiré principalement par le creusement du déficit du compte des biens, passé à Rs 42 milliards contre Rs 41,6 milliards un an plus tôt. Les exportations de biens ont progressé de 11,9 % pour atteindre Rs 26,7 milliards, grâce notamment à une hausse marquée des ventes de « navires, magasins et soutes ». Toutefois, cette progression reste insuffisante face à des importations qui, elles, ont grimpé de 5 % pour atteindre Rs 68,7 milliards, dopées par les « véhicules routiers » et les « produits pétroliers raffinés ».

Parallèlement, l’excédent du compte des services a légèrement reculé, passant de Rs 22,9 milliards au 1er trimestre 2024 à Rs 21,1 milliards cette année. Le repli de 1,7 % des recettes touristiques (Rs 23,6 milliards) reflète une baisse des arrivées de visiteurs de 5,8 %. À cela s’ajoutent des charges de fret en hausse (+16,5 %), venant alourdir la facture des importations.

Le compte des revenus primaires a toutefois enregistré un excédent de Rs 26,1 milliards. En revanche, les revenus secondaires affichent un déficit de Rs 13,8 milliards, imputable notamment aux taxes versées par les Global Business Companies (GBC) aux administrations étrangères.

Face à cette situation, l’économiste Ali Mansoor souligne la nécessité de repenser la stratégie économique. Il identifie deux leviers potentiels : une politique d’austérité visant à réduire la consommation – et donc les importations – ou une stratégie de croissance par l’exportation. « Maurice doit viser une augmentation de la compétitivité de ses exportations pour relancer sa croissance », estime-t-il.

Selon lui, en s’appuyant sur les projections du FMI, Maurice pourrait emprunter jusqu’à Rs 29 milliards en 2025 sans compromettre sa note souveraine, si la croissance atteint 3 %. Une croissance portée à 7 % permettrait une marge d’endettement élargie à Rs 45 milliards, avec une progression annuelle de Rs 5 milliards.

Pourtant, recourir aux réserves – à hauteur de Rs 15 milliards – ne représenterait qu’une solution temporaire. L’épuisement potentiel de ces réserves d’ici 2034 est inquiétant, dans un contexte de productivité stagnante et de compétitivité limitée à l’export.

Ainsi, au-delà des ajustements conjoncturels, c’est une transformation structurelle de l’économie mauricienne qui semble s’imposer. Miser sur les exportations, renforcer les chaînes de valeur locales et diversifier les débouchés extérieurs apparaissent comme des options à considérer pour rétablir les équilibres extérieurs sur le long terme.

 

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