Interview

Pr Mohammad Dastbaz: «Une Smart City est un défi économique pas une tendance technologique»

Récemment à Maurice, le doyen et Pro Vice-chancelier de la Faculté des Arts, de l’Environnement et de la Technologie, à la Leeds Beckett University, estime que Maurice devrait être apte à « développer son infrastructure informatique de manière écologique ». Il était venu approfondir les relations de son université avec la Rushmore Business School. [blockquote]« Alors qu’il y a un intérêt global sur le ‘Big Infrastructure’ et le ‘Big Data’, le débat néglige le nombre élevé de systèmes anciens qui ne sont ni verts, ni efficients. »[/blockquote]

Leeds Beckett University

Cette université est la première du Royaume-Uni à avoir remporté à la fois l’Investors in People Gold (en janvier 2014) et le Customer Service Excellence (en juillet 2013). Les racines de l’université remontent à 1824, avec la création du Leeds Mechanics Institute. L’institut est, par la suite, devenu le Leeds Institute of Science, Art and Literature et en 1927, il a été rebaptisé Leeds College of Technology. La Leeds Polytechnic a été créée en 1970. C’est en 1992 qu’elle a obtenu le statut d’université. L’université compte plus de 28 000 étudiants – dont des étrangers issus de 100 pays – et 3 100 employés.

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Vous êtes aussi un adepte de la ‘Green Information Technology’. Qu’est-ce exactement ? Nous vivons une période extraordinaire de développement technologique. La Green Information Technology est un domaine de recherche émergent qui étudie les défis posés par la demande d’énergie grandissante pour alimenter le Web, le Big Data, nos ordinateurs et d’autres appareils technologiques. Cela consiste à chercher des solutions intelligentes à un problème sérieux et grandissant pour des pays à la fois développés et en développement. Cela consiste aussi à développer des cadres légaux pour gérer les besoins en énergie. Où se situe un petit pays comme Maurice dans cette ‘Green Data Revolution’ ? Nous vivons désormais dans un environnement globalisé. Les données vont d’un pays à l’autre sans tenir compte de leur taille et cet échange ne reconnaît pas les frontières. Le plus gros défi est autour des anciens systèmes. Alors qu’il y a un intérêt global sur le Big Infrastructure et le Big Data, le débat tend souvent à négliger le grand nombre de systèmes anciens qui ne sont ni verts, ni efficients. Même nos laptops actuels sont vus comme d’anciens systèmes. Alors que les statistiques indiquent qu’il y a deux milliards d’ordinateurs en opération, la plupart d’entre eux disposent d’un vieux hardware, gourmand en énergie. Ce n’est pas surprenant que des fabricants, comme Intel, investissent des milliards de dollars dans la conception de nouvelles générations de microprocesseurs Haswell et vont de l’avant avec des appareils sans ventilateurs, consommant moins d’énergie. Je dirais que le défi majeur pour Maurice, c’est d’être capable de développer son infrastructure informatique de manière écologique et de développer des solutions afin de supprimer les systèmes existants, dont la forte demande pèse sur l’économie. Comment peut-on utiliser les technologies émergentes dans l’apprentissage et la formation et comment le développement du ‘e-Government’ peut-il aider à améliorer la qualité du service dans le secteur public ? Je suis un fervent partisan de l’utilisation de la technologie pour développer des environnements innovants pour l’apprentissage et la formation afin de donner l’occasion à la population de se développer. J’ai fait mon doctorat, dans les années’ 90, en construisant un des premiers systèmes d’apprentissage multimédia. Lorsque je revois la technologie onéreuse utilisée à ce moment-là et le matériel technologique de nos téléphones portables, ce n’est pas exagéré de dire que nous vivons une révolution dans ce domaine. L’avènement des Massive Open Online Courses a vraiment changé notre approche par rapport à la formation. Je crois fermement que la technologie est un facilitateur et qu’elle ne remplacera pas notre longue tradition de délivrer notre enseignement à travers nos universités. La technologie a aussi un impact significatif sur l’e-Government, rendant disponible une grande variété de services au public. Avec de plus en plus d’utilisateurs, c’est devenu plus un besoin qu’un luxe. Au début, l’accent de l’e-Government était axé sur l’information aux citoyens. Désormais, la priorité est d’offrir les services clés au plus grand nombre. Cela va du paiement de ses taxes à la prise d’un rendez-vous à l’hôpital, mais aussi au vote aux élections dans certains pays. La mise en œuvre de l’e-Government nécessitera un plan global, une vaste consultation avec les principaux acteurs et une bonne infrastructure pour le soutenir. Comment trouver le bon équilibre entre le droit à l’information des citoyens et les informations confidentielles et privées des entreprises ? Un des défis majeurs auxquels les individus et les entreprises font face en utilisant l’autoroute de l’information est la sécurité de la vie privée et des données privées. L’usurpation d’identité et le vol d’informations financières sont parmi les plus grands dangers pour les individus. Bien que les autorités surveillent les criminels et les empêchent de mettre la main sur les données personnelles, il est encore plus important de protéger la vie privée. Le fait que des agences de sécurité, en Grande-Bretagne ou aux États-Unis, interceptent des informations privées à partir des échanges SMS et de leurs activités sur les réseaux sociaux, au nom de la sécurité et du combat contre le terrorisme, est devenu une préoccupation majeure. Certains diraient même que c’est une violation des droits humains. Le Government Security Breaches Survey, dont les résultats ont été publiés dans le Guardian en février, indique que 74 % des petites entreprises ont été victimes de violation de leur sécurité. Ce rapport relève que les petites et moyennes entreprises (PME) sont de plus en plus ciblées par des cybercriminels. Ainsi, offrir une bonne protection aux PME, qui n’en ont pas toujours les moyens, est une priorité afin de leur permettre d’utiliser les technologies émergentes pour développer leurs services. Le gouvernement mauricien veut développer des ‘smart cities’. Pour vous, quelles doivent être les principales caractéristiques d’une ‘Smart Mauritius’ ? Le but d’une smart city est d’investir dans la technologie pour le progrès économique, social et environnemental. C’est un défi économique et politique, pas une tendance technologique. C’est un défi impératif compte tenu de la nature et de l’ampleur des risques auxquels nous faisons face dans la société. Cela fait deux décennies que l’idée des smart cities est apparue, mais il nous reste encore à les voir se développer et être mises en place. Bien qu’il y ait eu plusieurs projets, peu de choses ont été réalisées. Durant cette période, il y a eu de nombreux débats et rapports, avec de très maigres retombées. Un des éléments clés qui est souvent négligé est le financement de ce type de grands projets coûteux et l’investissement nécessaire pour les rendre efficaces. Les solutions technologiques peuvent certes apporter de l’efficacité et des améliorations. Mais ce sont les investissements sur le long terme, pour développer les infrastructures afin d’entretenir les smart cities, qui, normalement, déterminent le succès ou l’échec de ce type de grands projets.
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