Furquaan Mungla, 20 ans : le bonheur a le goût des légumes frais

Avant même que le soleil ne se lève, il parcourt déjà les allées du marché central de Port-Louis. Entre chouchous, rires et rencontres, ce jeune héritier d’une tradition familiale transforme chaque journée en un véritable théâtre de vie.

À 20 ans, alors que beaucoup cherchent encore leur voie, Furquaan Mungla a déjà trouvé la sienne. Depuis trois ans, ce jeune homme de Montagne-Ory travaille comme marchand de légumes au marché central de Port-Louis. Héritier d’une tradition familiale, il a choisi de marcher sur les pas de son père, vendeur de chouchous depuis toujours.

Il est quatre heures du matin. Tandis que beaucoup dorment encore, Furquaan est déjà debout. Sa journée commence dans le silence de la nuit, avec un café chaud et l’odeur de la campagne. « J’ai pris l’habitude de me lever tôt depuis que je travaille au marché, explique-t-il avec un sourire. Quand on aime ce qu’on fait, ce n’est pas un effort. »

Depuis ses 17 ans, juste après ses études secondaires, il a choisi cette voie. « Tout petit déjà, mon père m’emmenait avec lui au marché. J’aimais l’ambiance, les voix, les couleurs des légumes, et surtout le contact avec les gens. » Pour lui, vendre des légumes n’est pas seulement un travail : c’est une philosophie de vie.

« Mon père m’a appris à toujours sourire, même quand la journée est longue. Les clients sentent l’énergie qu’on dégage, et c’est ça qui les fait revenir. »

Le chouchou, spécialité de la famille Mungla, vient principalement de La Marie et de Montagne-Longue. Furquaan connaît chaque producteur, chaque champ, chaque saison. « C’est important de savoir d’où vient ce qu’on vend. Les gens au marché veulent de la qualité, et moi, je veux qu’ils repartent satisfaits. »

Arrivé à Port-Louis, le soleil se lève à peine, mais le marché est déjà en effervescence. Les chariots se croisent, les voix se répondent, les premiers clients remplissent leurs sacs. Pour Furquaan, c’est un théâtre vivant. « C’est toujours mouvant. Il y a des jours de grande affluence, comme le samedi, et d’autres plus calmes. »

Il ne se voit pas derrière un bureau. « Ici, je respire. Je parle avec les gens. On ne vend pas seulement des légumes, on partage un moment. Je connais certains clients depuis que je suis petit. On parle de tout : la famille, la météo, les nouvelles du pays. Le marché, c’est comme une grande famille. »

Ici, je respire. Je parle avec les gens. On ne vend pas seulement des légumes, on partage un moment.»

Ce choix étonne parfois. « Certains me disent : ‘pourquoi ne pas faire autre chose ?’ Mais je préfère être heureux dans mon travail plutôt que malheureux dans un poste bien payé mais qui ne me plaît pas. »

Derrière le sourire, la réalité physique du métier est là : se lever tôt, porter de lourds sacs, rester debout des heures, négocier avec les clients, affronter chaleur et pluie. Mais pour Furquaan, chaque jounée est une recompense. « Quand je rentre le soir et que je sais que j’ai bien travaillé, je suis fier. C’est mon argent, gagné honnêtement, et ça me motive à continuer. » Sa famille le soutient pleinement, et ses amis sont souvent surpris par sa discipline. « Quand ils dorment encore, moi je suis déjà au marché depuis deux heures. Mais ça ne me dérange pas, c’est mon rythme. »

Et puis, il y a la fierté d’appartenir à une tradition : celle des marchés mauriciens, hauts lieux de convivialité et de diversité. « Ici, on sent battre le cœur de Maurice. C’est un endroit qui réunit toutes les générations, toutes les cultures. » Furquaan espère inspirer d’autres jeunes à envisager des carrières parfois négligées, mais essentielles. « Il faut du monde pour produire et vendre de la nourriture. C’est un secteur qui ne disparaîtra jamais. »

Quand on lui demande où il se voit dans dix ans, il répond sans hésiter : « Toujours au marché, mais avec un plus grand étal, plus de produits, et pourquoi pas mes propres champs ! »

La route est tracée. Elle sent la terre fraîche des plantations, résonne du brouhaha joyeux du marché central et s’illumine des sourires des clients. À seulement 20 ans, Furquaan est déjà l’un de ses visages les plus prometteurs.