
Face à une inflation qui repart à la hausse, la Banque de Maurice a revu ses prévisions de 3,5 % à 4 % pour cette année. En ligne de mire : les récentes mesures budgétaires, mais aussi des pressions externes alimentées par les incertitudes économiques mondiales. Pour les observateurs économiques, il devient impératif de mettre en œuvre des mesures ciblées afin de freiner la montée du coût de la vie et d’atténuer les impacts potentiels sur la croissance du pays.
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Vers un taux de 4 % cette année
Après un recul en février et en mars, l’inflation globale a grimpé pour le quatrième mois consécutif, atteignant 3,1 % en juillet 2025, tandis que l’inflation en glissement annuel est restée élevée, à 5,2 %, relève la Banque de Maurice. « Cependant, les effets du Budget (NDLR des taxes plus élevées sur certains produits et des droits d’accise supplémentaires sur les véhicules) étant de nature ponctuelle, l’inflation devrait rester dans la fourchette cible à moyen terme de 2 % à 5 %. Pour l’ensemble de l’année 2025, l’inflation est désormais projetée à environ 4 %, soit une révision à la hausse de 0,5 point de pourcentage par rapport à la prévision précédente de 3,5 % »,
indique la Banque de Maurice.

Recommandations pour améliorer la situation
Des mesures monétaires
Face à l’inflation, Randhir Mannick avance deux pistes d’action. La première consiste à poursuivre les mesures monétaires restrictives, comme la vente de titres par la Banque de Maurice pour absorber l’excès de liquidités — une stratégie déjà mise en œuvre. La seconde serait une révision à la hausse du taux directeur, actuellement à 4,5 %. Cependant, il avertit que la marge de manœuvre est étroite. D’une part, la croissance projetée pour 2025, fixée à 3,7 % dans le Budget, est déjà faible, rendant toute hausse du taux potentiellement risquée. D’autre part, le taux directeur est aujourd’hui quasiment aligné sur celui de la Réserve fédérale américaine, de 4,25 % à 4,5 %, alors que normalement il devrait y avoir un différentiel. La Fed ayant maintenu ses taux le 14 août, tout en signalant une possible baisse en septembre, ce qui limite encore davantage la possibilité d’un relèvement local du taux directeur.
Activer au plus vite le Price Stabilisation Fund
Face à la montée de l’inflation et à la pression croissante sur le pouvoir d’achat des ménages, Tahir Wahab recommande des mesures urgentes et ciblées pour stabiliser les prix à Maurice. Selon lui, l’un des leviers immédiats à activer est le Price Stabilisation Fund. « Ce fonds doit absolument être utilisé pour faire baisser les prix dans les supermarchés. »
Contrôle des prix
Tahir Wahab plaide pour un contrôle des prix plus rigoureux. « Il faut non seulement renforcer les contrôles, mais aussi accorder les ressources nécessaires pour s’assurer que les prix plafonds soient réellement appliqués sur le terrain ».
Meilleure gestion des dépenses publiques
Shaktee Ramtohul appelle à une meilleure gestion des dépenses publiques. « Si le gouvernement a engagé une démarche d’assainissement fiscal pour accroître les recettes, une évaluation rigoureuse des dépenses publiques s’est imposée comme une priorité nécessaire. Il faut impérativement rationaliser les dépenses, surtout avec un secteur public qui ne cesse de s’étendre », souligne-t-il. Shaktee Ramtohul préconise une accélération des efforts de numérisation dans le secteur public afin de réduire les coûts.
Booster l’économie
Shaktee Ramtohul insiste aussi sur la nécessité d’ouvrir l’économie vers de nouveaux horizons. « Il faut attirer des investissements directs étrangers dans des secteurs à fort potentiel comme l’intelligence artificielle, la création de zones industrielles tournées les énergies renouvelables ou encore d’autres secteurs innovants. »
Interventions ciblées sur le marché des devises
La Banque de Maurice devra aussi jouer un rôle plus actif dans la gestion des pressions sur le taux de change, notamment par des interventions ciblées sur le marché des devises, suggère Shaktee Ramtohul.
Qualité des produits importés
Tahir Wahab s’inquiète de la qualité des produits importés. « Avec la pression sur les coûts, beaucoup de produits de moindre qualité arrivent sur le marché. Certains peuvent même être nocifs pour la santé. Il est impératif de renforcer les contrôles sur la qualité, car à long terme, cette situation pourrait avoir des répercussions graves, notamment une hausse des maladies comme le cancer. »


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