
Psychologue et fondatrice de Vetocare, Rubina Ruhee consacre sa vie aux animaux. Entre soins, défis et anecdotes du quotidien, elle transforme passion en mission concrète et intime.
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Dans une maison coloniale de Phoenix, Rubina Ruhee grandit entourée de champs, d’animaux et de valeurs simples mais profondes. Fille d’un agriculteur amoureux de la nature, elle apprend très tôt à observer, comprendre et protéger toute forme de vie. « Mon père ne disait pas grand-chose, mais il avait ce don de comprendre le vivant. Il accueillait les animaux comme s’ils faisaient partie de la famille. »
Chiens, chats, oiseaux blessés… la maison n’était jamais sans vie animale ni sans soin. Rubina, dès l’enfance, se prend de passion pour ces compagnons silencieux mais pleins de caractère. « Je ne fais pas de hiérarchie. Un oiseau tombé du nid, un chien abandonné, un poisson malade… tous méritent attention. »
Après ses études secondaires au collège Lorette de Quatre-Bornes, elle part étudier la psychologie à Cape Town. Là-bas, elle découvre un autre type d’écoute, mais toujours dans la même logique : soigner ce qui souffre et voir ce qui ne se dit pas. De retour à Maurice, elle concrétise son rêve avec Vetocare, une clinique née du désir de respecter et d’accompagner chaque vie. Entre deux consultations, elle soutient aussi les familles confrontées à la maladie ou à la perte de leur compagnon. Aujourd’hui, Vetocare compte deux cliniques, à Curepipe et à Grand-Bois, accueillant chiens, chats, oiseaux, poissons… et chevaux.
Les chevaux tiennent une place particulière. Pour Rubina Ruhee, ce sont des créatures majestueuses, sensibles et attachantes. Elle veille à leur santé et à leur bien-être avec la même attention qu’elle réserve aux chiens et chats blessés déposés à sa porte. « Un cheval blessé, c’est comme un arbre déraciné. Il faut du temps pour qu’il retrouve son équilibre. »
Aimer les animaux, ce n’est pas un hobby. C’est une façon d’habiter le monde.»
Son mari, Vicky, vétérinaire et passionné de courses hippiques, transforme cette passion en projet d’envergure. « Je veux vivre ma passion. Je veux entraîner des chevaux pour la gloire », lui dit-il un matin de décembre 2021. Les démarches commencent aussitôt. Les questions sont nombreuses, les réponses rares. Mais sa volonté est plus forte que tout. « Un fighter reste un fighter », dit-il souvent. Et quand Rubina lui demande d’où lui vient cette force, il répond avec certitude : « Si mon frère est avec moi, je peux vaincre le monde. » Aujourd’hui, l’écurie Ruhee compte 18 chevaux, avec plus de 45 victoires à leur actif. Chaque animal y est entouré, écouté, soigné, aimé.
À la maison, sept chiens recueillis dans la rue partagent l’espace avec eux. Une pièce a même été transformée en salle de soins, avec coins de repos, jeux et tout le nécessaire pour accueillir ceux que la rue a brisés. « On ne peut pas sauver tous les animaux du monde. Mais pour celui qu’on sauve, c’est tout son monde qui change », confie Rubina Ruhee avec émotion.
Au quotidien, elle transmet ces valeurs à ses enfants : observer, reconnaître la souffrance, donner de l’attention et de la douceur. « Pour nous, chaque vie compte. Chaque battement de cœur mérite d’être respecté. »
Elle rêve d’un pays où l’éducation et la compassion remplaceraient l’indifférence, où l’errance animale appartiendrait au passé. Car pour elle, « aimer les animaux, ce n’est pas un hobby. C’est une façon d’habiter le monde ».

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