Live News

Hôpital Victoria : Un enfant de 5 ans blessé, hospitalisé… et ignoré 

*Un cas de maltraitance infantile suspectée non signalé depuis un an 

Publicité

Le scandale couvait depuis trop longtemps derrière les murs aseptisés du service pédiatrique de l’hôpital Victoria à Candos. Et aujourd’hui, il explose enfin au grand jour. Un enfant de cinq ans est hospitalisé depuis mai 2024. Ce petit garçon, arrivé avec des blessures inquiétantes à la jambe, a été admis à la suite d’une consultation en urgence. 

Mais très vite, un doute glaçant traverse l’esprit de l’équipe médicale : et s’il était victime de maltraitance ? Ce soupçon n’était pas vague : il a été clairement rédigé dans un rapport médical dès juillet 2024 par la pédiatre traitante. Pire encore, deux autres rapports datés de septembre et novembre 2024 viennent renforcer l’hypothèse de maltraitance. 

Des documents signés, datés, conservés précieusement à l’hôpital, mais jamais transmis à la police. Une négligence administrative qui frôle la complicité. Ce qui choque, ce n’est pas seulement l’état de santé du petit garçon. C’est l’inaction totale d’un système hospitalier qui a fermé les yeux pendant près d’un an, malgré les alertes internes. Car dans cette affaire, tout le monde savait : les médecins, les infirmiers, les assistants sociaux. Et pourtant, personne n’a osé franchir la porte d’un poste de police. La CDU (Child Development Unit) avait été informée. Mais une plainte officielle à la police était nécessaire de la part de la direction de l’hôpital avant toute intervention. Personne ne l’a faite. Une réunion d’urgence s’est finalement tenue le 13 mai 2025 dans les locaux de la direction régionale de la santé. 

Le personnel hospitalier présent a été formellement rappelé à ses obligations sous la Child Protection Act 2020, qui impose un signalement immédiat aux forces de l’ordre dans tout cas suspecté de maltraitance infantile. Mais même ce jour-là, malgré la loi, malgré les évidences, malgré la détresse criante d’un enfant hospitalisé depuis un an... personne ne s’est levé. Il aura fallu l’intervention du médecin surintendant de l’hôpital, pour sortir le petit garçon de l’oubli. Lui seul, face au silence collectif, a décidé de saisir la police. Trois rapports médicaux sous le bras, il est allé déclarer ce que tout un service hospitalier avait préféré enterrer. Ce geste, tardif mais salutaire, révèle l’ampleur du dysfonctionnement : comment expliquer qu’un enfant, victime potentielle de violences, ait pu rester un an sans aucune protection légale ? Pourquoi personne n’a alerté la brigade des mineurs, ou même une ONG ?

UN ENFANT, PAS UNE STATISTIQUE 

Cet enfant n’est pas un numéro de dossier. C’est un petit garçon qui a vécu, jour après jour, dans l’indifférence. Son cas relance le débat sur les failles systémiques dans la protection de l’enfance à Maurice. Car si un hôpital public peut garder le silence aussi longtemps, combien d’enfants souffrent en silence ailleurs, sans que personne ne bouge ? Le parquet pourrait ouvrir une enquête pour négligence grave et manquement au devoir de signalement, car cette affaire dépasse le cadre médical : elle touche au respect fondamental des droits de l’enfant. « Ce n’est pas seulement l’enfant qu’on a laissé souffrir. C’est toute la chaîne de responsabilité qu’on a laissé pourrir » — déclaration off d’un cadre hospitalier, sous couvert d’anonymat. La question reste ouverte : le petit garçon a été sauvé in extremis. Mais qui protégera les autres ?

Child Protection Act 2020 : Une loi qui oblige à protéger, et condamne le silence 

Entrée en vigueur en 2020, la Child Protection Act marque un tournant majeur dans la lutte contre la maltraitance des enfants à Maurice. Elle remplace la loi de 1994, avec des mesures renforcées pour protéger les mineurs contre toute forme d’abus, de négligence, d’exploitation ou de violence, qu’elle soit physique, psychologique, sexuelle ou économique. Cette loi impose une responsabilité légale à toute personne informée d’un cas de maltraitance. Médecins, infirmiers, enseignants, policiers, travailleurs sociaux ou personnel médical sont obligés de signaler tout cas suspect à la CDU (Child Development Unit) ou à la police, sous peine de poursuites. Le non-signalement est désormais considéré comme une infraction grave.

La loi s’applique à une large gamme de situations : violences physiques, abus sexuels, abandon, mariage forcé, traite, exploitation économique (comme le travail d’enfants), ou encore l’utilisation d’un enfant dans des activités criminelles. La CDU, dotée de pouvoirs élargis, peut retirer immédiatement un enfant d’un environnement dangereux, demander des ordonnances de protection, et placer l’enfant dans un lieu sûr. Elle travaille également à la réhabilitation familiale et au suivi psychologique. La Child Protection Act 2020 inclut aussi la création d’une Children’s Court, spécialisée dans les affaires impliquant des mineurs, avec un accompagnement juridique obligatoire. Enfin, les sanctions sont sévères : jusqu’à 10 ans de prison pour les coupables d’abus, des amendes importantes, et même la perte de la garde parentale. La loi est claire : protéger un enfant est un devoir légal, moral et collectif. Le silence, désormais, a un prix.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !