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Mesure budgétaire : la hausse de la Road Tax écrase automobilistes et concessionnaires

Les automobilistes dénoncent de nouveaux tarifs « exorbitants », voire « abusifs ».
  • Une lettre ouverte adressée au PMO et au ministre du Transport

À Maurice, posséder une voiture dépasse le cadre du simple confort : c’est une nécessité quotidienne pour des milliers de foyers. Aller au travail, accompagner les enfants à l’école ou simplement se déplacer imposent souvent l’usage d’un véhicule personnel. Pourtant, cette nécessité pèse de plus en plus lourd sur les budgets familiaux, notamment avec la récente augmentation de la Road Tax, la taxe obligatoire destinée à financer l’entretien des infrastructures routières.

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Dans le cadre du Budget 2025-26, le gouvernement a revu à la hausse cette taxe, avec une promesse initiale d’augmentations modérées, pouvant aller jusqu’à Rs 4 000. Mais un mois après son entrée en vigueur, les automobilistes constatent des hausses bien plus importantes, qui dépassent parfois largement ces seuils, en particulier pour les véhicules hybrides et électriques, pourtant encouragés officiellement pour leur contribution à la réduction des émissions de CO2.

Face à cette situation, une lettre ouverte addressee au Bureau du Premier ministre et au ministre des Transports circule sur les réseaux sociaux, dénonçant des tarifs « exorbitants », « abusifs » et « injustifiables ». Parmi les exemples les plus critiqués : pour une voiture hybride de 1790 cc, la taxe routière est passée de Rs 4 300 à Rs 10 000, soit une hausse de Rs 5 700. Pour une voiture électrique de 110 kW, elle a bondi de Rs 6 500 à Rs 15 000, enregistrant une augmentation de Rs 8 500.

Ce mécontentement reflète un malaise plus large : les salaires stagnent tandis que le coût de la vie – alimentation, électricité, carburant, assurances – ne cesse d’augmenter, comprimant toujours davantage le pouvoir d’achat. Pour beaucoup, la voiture est un poste de dépense incontournable, difficilement compressible.

Cette hausse de la Road Tax soulève également des questions d’équité. Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress, dénonce un « choix politique discutable » qui frappe surtout les ménages modestes. Selon lui, si l’objectif du gouvernement est de renflouer les caisses de l’État et de relancer l’économie, « il existe d’autres options plus équitables que de taxer les automobilistes ».

Il ajoute : « Une Road Tax, oui, mais encore faut-il que l’on voie l’argent investi dans l’entretien réel de nos routes. Or, quand on observe leur état, on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a un faux-semblant. »

Haniff Peerun rappelle aussi que « l’ancien gouvernement avait permis à de nombreuses familles d’investir dans des voitures électriques, mais désormais, avec ces hausses, ce n’est plus possible ». Il questionne la justice fiscale : « Pourquoi ne pas taxer davantage les plus riches ? Pourquoi ne pas mettre à contribution ceux qui détiennent les gros capitaux ? La réponse est simple : ces capitaux sont souvent liés aux décideurs politiques, surtout en période électorale. »

Il déplore également l’argument des autorités, qui invoquent la nécessité de ne pas déplaire aux agences de notation internationales comme Moody’s : « Le Mauricien moyen n’a que faire de Moody’s. Ce qu’il veut, c’est retrouver son pouvoir d’achat et pouvoir souffler un peu. » Le syndicaliste appelle ainsi le gouvernement à revoir sa politique fiscale, estimant que cette hausse touche toutes les couches sociales et risque d’accentuer un malaise déjà bien présent.

Le secteur automobile est, lui aussi, durement affecté. Zaid Ameer, président de la Dealers and Importers Vehicle Association (DIVA), décrit un marché en quasi-stand-by depuis l’entrée en vigueur de la hausse : « Depuis la hausse de la Road Tax, les concessionnaires affichent zéro vente. Le gouvernement n’a aucun fil conducteur dans ses décisions. » Avec une pointe d’ironie, il résume la situation : « Nepli ena lavant, si enn dimounn rant dan enn showroom ek dir ou bonzour, sa deza bokou ! » Pour lui, la perte de pouvoir d’achat des salariés est au cœur de la crise.

Revenant sur les conséquences pour son secteur, Zaid Ameer met en garde : « Si la situation perdure, les licenciements deviendront inévitables. Les chiffres d’affaires sont en chute libre, et avec eux, des emplois risquent de disparaître. » Pour lui, le gouvernement doit impérativement revoir sa copie. Sans mesures correctives rapides, le secteur automobile pourrait connaître une crise structurelle, aux répercussions bien au-delà des seuls concessionnaires.

Nous avons sollicité le ministre des Transports, Osman Mahomed, pour une réaction. Nos requêtes sont demeurées vaines.

Taxation des véhicules hybrides et électriques

Véhicules hybrides

De 550 à 1000 cc : 25 %
De 1000 à 1600 cc : 35 %
Au-delà de 2000 cc : 75 %

Véhicules électriques

Moins de 150 kW : taxe de 14 % (contre 0 % auparavant)
Plus de 150 kW : taxe de 25 %

 

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