
Pevashi Gowreesunkur mêle passion familiale et métier exigeant. De l’écurie à la clinique, elle raconte sa relation aux animaux, entre soin, écoute et engagement.
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ÀBelle-Mare, entre sabots et stéthoscopes, la vétérinaire Pevashi Gowreesunkur incarne une passion profonde pour les animaux. Héritière d’un amour familial pour les chevaux, elle allie quotidiennement exigence professionnelle et tendresse sincère.
« Je m’appelle Pevashi Gowreesunkur. Je suis vétérinaire, mais surtout, je suis une amoureuse inconditionnelle des animaux. Mes animaux ne sont pas de simples compagnons : ils représentent ma raison d’être, mon mode de vie, et sont au cœur de tout ce que je fais. » Voix douce, gestes assurés : Pevashi n’a pas besoin de grands discours pour imposer sa présence. Ce lien qu’elle revendique avec le monde animal n’est pas un effet de style : il est au cœur de son identité.
Son histoire commence dans une maison où le hennissement des chevaux tenait lieu de réveil. « Les chevaux occupent une place importante dans ma famille depuis très longtemps. Mon père, Viju, a eu son premier cheval à l’adolescence. Sa chambre était directement reliée au box de son cheval – il dormait littéralement à ses côtés chaque nuit. »
Plus qu’un clin d’œil attendri à une époque révolue, ce souvenir est l’acte fondateur d’un mode de vie. En 1980, son père crée le Centre Équestre de Belle-Mare. « Mon père a toujours cru que la relation entre un cavalier et un cheval va au-delà du sport. C’est un dialogue silencieux, un respect mutuel. »
Pevashi y fait ses premières armes à sept ans. « J’ai eu mon premier poney à l’âge de sept ans, une ponette galloise prénommée Victoire. C’est avec elle que j’ai appris à monter. » Chutes, joies, complicité : Victoire devient son professeur de confiance. « Victoire m’a enseigné la patience, la douceur, et surtout, l’importance de la confiance réciproque. »
Mes animaux ne sont pas de simples compagnons : ils représentent ma raison d’être, mon mode de vie»
Ces sensations sont restées gravées. « Quand je soigne un animal, je me souviens de mes premières émotions. C’est ce qui me pousse à donner le meilleur de moi-même. »
Mais c’est la blouse blanche, plus que la bombe d’équitation, qui va l’emporter. « J’ai très tôt compris que je voulais prendre soin des animaux. Je voulais comprendre leurs besoins, leurs maux, et surtout, pouvoir les soigner. Aujourd’hui, je monte rarement à cheval, car mes responsabilités professionnelles me laissent peu de temps, mais mon amour pour eux reste intact. »
Son cursus est exigeant : Maurice, La Réunion, la France, l’Afrique du Sud. « C’est un métier exigeant, physiquement et émotionnellement, mais c’est le plus beau que j’aurais pu choisir. » Aujourd’hui, elle jongle entre diagnostics, prévention, et accompagnement. « Mon objectif est simple : offrir à chaque animal la meilleure vie possible. »
Et parmi eux, un roi tacheté : Domino. « Domino est vraiment exceptionnel. Le Knabstrupper (NdlR, unique en son genre à Maurice) est originaire du Danemark et sa particularité, c’est sa robe tachetée, comme celle d’un dalmatien. C’est une merveille de la nature. »
Le lien entre eux va au-delà de l’esthétique. « Comme moi, Domino a besoin de temps pour accorder sa confiance. Il choisit avec soin les personnes qu’il accepte autour de lui. » Son père l’avait acquis malgré sa réputation difficile. Douze ans plus tard, Domino est méconnaissable. « Aujourd’hui, c’est l’un des chevaux les plus affectueux que je connaisse. » Domino adore les câlins, les friandises, et surtout, les séances de toilettage.
Avoir un animal, c’est un engagement. Ce n’est pas une décoration, ni un caprice»
Rituel quotidien : le pansage. « Le pansage n’est pas seulement un geste d’entretien. C’est un moment de partage, de détente, un dialogue silencieux. » Domino est fragile : peau claire, vulnérabilité au soleil. « Il est plus sensible aux coups de soleil et aux infections fongiques. Le toilettage régulier est donc essentiel pour surveiller toute anomalie. »
L’attention de Pevashi est constante. « Un cheval ressent tout. Il sait si vous êtes tendu, triste ou heureux. Si vous le brossez mécaniquement, il le sentira. Si vous le brossez avec amour, il vous le rendra. »
La même écoute s’applique à tous ses patients. En effet, le métier de vétérinaire ne se limite pas aux diagnostics et aux traitements. Il implique également un soutien émotionnel aux propriétaires, parfois désemparés face à la souffrance de leur compagnon. Elle se souvient d’un cas bouleversant : un chat dans le coma. « Ses propriétaires, le cœur lourd et les yeux pleins d’espoir, m’ont confié leur compagnon comme on confie un trésor… »
Cinq jours plus tard, l’animal ouvre les yeux, « presque miraculeusement », après des traitements intensifs, le silence pesant, et cette attente pleine d’angoisse. « Lorsque tout fut derrière nous, les propriétaires m’ont dit, la voix tremblante d’émotion, que leur chat, ce membre à part entière de leur famille, venait de recevoir une seconde vie. »
Les montagnes russes émotionnelles, elle connaît. « Il y a des jours où je rentre à la maison bouleversée. Mais il y a aussi des jours où je saute de joie parce qu’on a sauvé un animal. Ces émotions sont le moteur de mon métier. »
La vétérinaire ne dissocie jamais soin et conscience. « Avoir un animal, c’est un engagement. Ce n’est pas une décoration, ni un caprice. C’est une vie, un être qui ressent la douleur, la joie, la solitude. Il faut être prêt à lui consacrer du temps, de l’amour, et à le soigner correctement. » Elle croit au pouvoir de la pédagogie. « Plus on sensibilise les gens à la santé animale, plus on construit une société respectueuse de la vie. »
Et si on lui demande comment elle tient ce rythme effréné ? Elle répond, simplement : « Quand on fait les choses avec amour, ce n’est pas un poids, c’est une source de bonheur. » « Mon métier est exigeant, mais quand je vois un animal guéri, heureux, je sais que j’ai choisi la bonne voie », dit-elle.
Avec Domino, elle cultive chaque jour ce lien subtil entre l’humain et l’animal. « Si j’ai un message à transmettre, c’est celui-ci : respectons les animaux, apprenons d’eux. Ils ont beaucoup plus à nous enseigner qu’on ne l’imagine. »

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