
La FCC a déjà interpellé cinq policiers dans le cadre de l’enquête sur le détournement présumé de primes aux informateurs. Après la Counter Terrorism Unit et la Divisional/Force Crime Intelligence Unit, c’est au tour de la Special Striking Team, aujourd’hui dissoute, de se retrouver au cœur des soupçons.
Les « secrets » de l’ère Dip, ancien commissaire de police, continuent de se fissurer depuis le 20 juin dernier, laissant apparaître une affaire tentaculaire où se mêlent primes aux informateurs, soupçons de détournement et blanchiment d’argent. La Financial Crimes Commission (FCC), engagée dans une vaste enquête autour du trafiquant présumé Navind Kistnah – interpellé en 2017 après la saisie de Rs 2,4 milliards de drogue dissimulée dans des compresseurs – s’est penchée sur le circuit opaque du Reward Money. Ces primes, censées récompenser les informateurs, semblent avoir été généreusement distribuées à certains protégés présumés des Police Headquarters.
Cette semaine, c’est la Police Headquarters Special Striking Team (PHQ SST), unité désormais dissoute mais jadis influente, qui se retrouve au cœur du séisme. Vendredi 8 août, le Police Sergeant (PS) Yusuf Ali Hossen, alias Hossen Mose, proche collaborateur et fidèle lieutenant du surintendant de police (SP) Ashik Jagai, a été arrêté et placé en détention par la FCC.
Après la Counter Terrorism Unit et la Divisional/Force Crime Intelligence Unit, c’est donc la SST qui se retrouve sur la sellette. Les enquêteurs, armés d’un Money Trail détaillé, affirment avoir découvert sur le compte bancaire du sergent Hossen des transactions atteignant Rs 83,1 millions, provenant notamment de paiements effectués par le bureau du commissaire de police au titre de Reward Money.
L’exercice de traçage financier a montré que, du 25 août 2022 au 5 février 2024, Rs 65 890 000 ont été versées au sergent. Entre le 5 avril et le 2 septembre 2024, une somme additionnelle de Rs 17 301 000 lui aurait été allouée. La FCC le soupçonne d’avoir agi en Reward Handler de la SST, gérant les primes destinées aux informateurs ayant permis des saisies de drogue.
Vendredi 8 août, le PS Hossen a été inculpé sous deux accusations provisoires de blanchiment d’argent, en vertu du Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act (FIAMLA). Après sa comparution devant le tribunal de Port-Louis, il a été placé en détention policière. Muté après le démantèlement de la SST au poste de police de Vallée-Pitot, il devra expliquer l’origine et l’usage de ces fonds. Lors de ses premières auditions, il a surtout été interrogé sur son parcours au sein de la police. Dès la semaine prochaine, il devrait être entendu sur les demandes et décaissements liés aux saisies effectuées par la défunte SST.
Anil Kumar Dip : « Pa finn atir mo latansion ki finn ena kit maldonn »

Depuis le 20 juin, date de l’éclatement du scandale du Reward Money, le nom de l’ex-commissaire de police Anil Kumar Dip revient régulièrement, comme l’un des « next target » possibles de la FCC. Il est soupçonné d’avoir approuvé les demandes de « Reward Money to Informers ». Il nous revient qu’il pourrait être convoqué « under warning » par la FCC.
Neuf mois après son départ, Anil Kumar Dip a réagi lors d’une interview télévisée sur la chaîne nationale, vendredi. Il réfute toute irrégularité dans le paiement des primes liées au Reward Money : « Ni l’Internal Control Unit, ni le DCP administratif pa finn atir mo latansion ki finn ena kit maldonn. »
Selon l’ex-commissaire de police, le système d’attribution du Reward Money fonctionnait en chaîne, avec un contrôle trimestriel assuré par une unité interne chargée de vérifier le bon déroulement des réclamations et paiements : « Mo finn met sistem kontrol, kot lor enn “Quarterly Basis”, Internal Control Unit bizin al chek bann claim kinn fer. »
Il affirme n’avoir jamais connu l’identité des informateurs ni celle des handlers, « par éthique » : « Tousala pa mo rol. »
Selon l’ex-commissaire de police, il n’aurait fait que valider les réclamations.
Un dossier aux ramifications multiples : la FCC évoque un détournement dépassant
Rs 250 millions, dont Rs 165 millions déjà retracées. Cinq policiers ont été arrêtés : deux assistants commissaires de police, un assistant surintendant de police et deux sergents de police.
Lilram Deal : Rs 4,5 millions
Ancien responsable de la Counter Terrorism Unit (CTU), Lilram Deal est accusé d’avoir réclamé et obtenu une somme de Rs 4,587 millions en guise de prime liée au Reward Money. Premier haut gradé interpellé par la FCC le 20 juin dernier, il est poursuivi pour violation des articles 3(1)(b), 6 et 8 du Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act de 2002. Après 28 jours derrière les barreaux, Lilram Deal, qui a retenu les services de Me Yash Bhadain, a bénéficié de la liberté sous caution.
Dunraz Gangadin : Rs 160,3 millions
Sous l’ère du commissaire de police Anil Kumar Dip, Dunraz Gangadin, alors affecté aux Police Headquarters (PHQ), supervisait plusieurs unités, dont la Special Striking Team, la Divisional/Force Crime Unit (D/FCIU) et la Special Intelligence Cell de la SSU. Le Money Trail de la FCC a établi que Rs 102 200 000, entre janvier 2023 et mars 2024, ainsi que Rs 58 192 000, entre juin et octobre 2024, ont transité sur son compte bancaire. Arrêté le 24 juillet dernier, l’ACP Dunraz Gangadin, qui est représenté par l’avocat Yash Bhadain, est maintenu en détention policière.
L’ASP Mooniaruth et le PS Seeboruth libérés
L’enquête de la FCC a également mené à l’arrestation de l’assistant surintendant de police (ASP) Faraaz Mooniaruth, ancien patron de la D/FCIU, et du Police Sergeant Yeshdeo Seeboruth. Basé aux Casernes centrales, l’ASP Mooniaruth a été arrêté le 16 juillet dernier, tout comme le PS Seeboruth. La FCC reproche à l’ASP Mooniaruth d’avoir, le 15 octobre 2022, recommandé un paiement de Rs 3 millions au PS Seeboruth sur la base d’une fausse réclamation de Reward Money.
De son côté, le PS Seeboruth, ancien Data Manager des Casernes centrales, est accusé de blanchiment d’argent et d’avoir détenu Rs 19,3 millions sur son compte bancaire entre septembre et octobre 2024.
Le 6 août dernier, Faraaz Mooniaruth et Yeshdeo Seeboruth ont été libérés sous caution.

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