
De la chambre aux fourneaux, l’intelligence artificielle s’installe dans nos vies intimes. Recettes, conseils, soutien discret : elle devient un compagnon du quotidien, soulevant autant d’enthousiasme que de questions sur nos habitudes et nos relations.
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Un soir, Ludivine, 24 ans, est assise sur son lit, ordinateur portable ouvert. Dans la pénombre de sa chambre, seule la lumière bleutée de l’écran éclaire son visage. Elle ne parle pas à une amie ni à un thérapeute. Elle discute avec une intelligence artificielle. « Ce que j’ai aimé, c’est la possibilité de parler librement, sans peur d’être jugée. »
Souffrant d’anxiété depuis plusieurs années, elle a découvert les chatbots IA un peu par hasard, en naviguant sur des forums de discussion. Pour Ludivine, pouvoir écrire ce qu’elle ressent à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit a fait une vraie différence. « L’IA ne me coupe pas la parole, ne me regarde pas avec pitié. Elle m’écoute, elle me répond, et parfois, elle me pose des questions qui m’aident à réfléchir autrement. »
Elle précise bien qu’il ne s’agit pas d’un substitut à une aide médicale ou psychologique. Mais dans les moments où elle n’a pas la force ou les moyens d’échanger avec quelqu’un, elle sait que l’application est là, disponible à toute heure.
Ludivine utilise aussi l’IA pour lire des conseils sur la gestion des émotions, ou pour suivre des exercices de respiration guidée. « C’est un outil de connaissance, mais pour moi, c’est aussi un compagnon discret. Il m’a aidée dans des moments où je me sentais vraiment seule. »
Ce rapport intime à la machine raconte une mutation silencieuse. L’intelligence artificielle n’est plus seulement une affaire de start-up californiennes ou de laboratoires d’ingénieurs : elle s’invite dans les chambres, les cuisines, les poches de pantalon. Elle se glisse dans nos habitudes, parfois sans qu’on y prête attention, jusqu’à devenir une présence tangible, presque banale.
Elle souffle une recette à partir de trois restes oubliés dans le frigo. Elle résume un concept scientifique pour un enfant de 8 ans. Elle aide à trancher entre deux modèles de smartphones ou à formuler un message de réconciliation amoureuse. Et souvent, tout commence par curiosité.
« Comme beaucoup de jeunes, je l’ai d’abord découverte un peu par hasard, en cherchant un outil pour résumer un texte ou reformuler un mail », raconte Tania Leung, 21 ans. Étudiante en deuxième année d’université et stagiaire en entreprise, elle a d’abord perçu ChatGPT comme un gadget pratique. Rapidement, il est devenu un compagnon de route.
« L’IA me propose des idées de tenues stylées. Je lui décris ce que j’ai dans mon placard ou le style que je veux, et elle me sort des suggestions en quelques secondes. C’est un peu comme une amie fashionista qui ne dort jamais », sourit-elle. La formule amuse, mais elle illustre bien un changement : là où l’on consultait autrefois un magazine ou une amie pour une soirée ou un événement, c’est désormais une interface numérique qui livre la réponse, évitant ainsi les longues hésitations devant l’armoire.
Chez Tania, l’IA s’invite aussi dans les moments familiaux. Quand son petit cousin peine à comprendre un exercice scolaire, elle demande à l’outil une explication simplifiée, adaptée à son âge. « C’est rassurant d’avoir une ressource fiable et rapide. Ça me permet de l’aider efficacement, sans stresser. »
Son usage ne se limite plus aux études. « Je lui pose des questions sur la gestion du stress, la confiance en soi, ou comment mieux organiser ma journée. Elle me donne des conseils concrets, parfois même des idées de lectures ou des petits exercices. » Une sorte de coach personnel, silencieux mais réactif.
Une anecdote qu’elle aime raconter ? « Une amie à moi était en froid avec son copain. Elle a demandé à l’IA de l’aider à rédiger un message pour apaiser la situation. C’était tellement bien tourné qu’il a cru qu’elle avait été coachée par un pro ! »
Pour elle, l’IA est « un outil souple, pratique, et parfois réconfortant. Tant qu’on garde notre esprit critique, elle peut vraiment nous accompagner dans nos vies sans nous remplacer ».
Des fourneaux à la méditation
Pour Marwan Dawood, jeune entrepreneur, la première rencontre avec l’IA s’est faite… dans sa cuisine. « J’ai découvert l’IA grâce à mon téléphone, qui propose une assistance vocale. J’ai commencé à l’utiliser pour une chose toute simple : trouver des idées de repas avec ce que j’avais dans le frigo. » En quelques secondes, l’application proposait des recettes adaptées aux ingrédients disponibles.
Ce rituel est devenu une habitude. « Avant, je perdais énormément de temps à réfléchir à quoi cuisiner. Aujourd’hui, je gagne du temps, j’évite le gaspillage, et je découvre de nouvelles saveurs. »
Mais très vite, Marwan a compris que l’IA pouvait lui faire gagner bien plus que quelques minutes devant un frigo ouvert. Passionné de technologie et soucieux de consommer intelligemment, il l’utilise pour comparer des produits électroniques. « Je lui donne mes critères, et elle me sort une synthèse claire des modèles qui correspondent. Cela m’a permis de faire des choix vraiment éclairés, sans passer des heures sur des forums. »
Il se souvient d’un choix entre deux smartphones très connus : « L’IA m’a suggéré un modèle moins populaire, mais qui correspondait exactement à ce que je cherchais. Je n’y aurais jamais pensé seul. »
Puis, par curiosité, il a téléchargé une application de méditation guidée alimentée par l’IA. « Elle adapte les séances en fonction de mon humeur ou de ma journée. » Ce n’est pas anodin : Marwan dit avoir appris à se poser, à relâcher la pression.
« Avant, j’avais du mal à me poser. Maintenant, l’application me le rappelle, et surtout, elle me propose des séances vraiment personnalisées. Un soir où j’étais particulièrement tendu, elle m’a guidé à travers une séance de respiration qui m’a calmé presque instantanément. »
Marwan l’utilise aussi dans sa pratique de l’écriture. « Je rédige des articles, et j’avais souvent du mal à structurer mes idées. Avec l’IA, je peux organiser mon plan, tester des angles ou reformuler certaines
parties. » L’outil n’écrit pas à sa place, précise-t-il, mais il stimule son travail. « C’est un peu comme avoir un collaborateur silencieux. Une fois, il m’a suggéré une perspective à laquelle je n’aurais pas pensé, et c’est ce qui a retenu l’attention de mes lecteurs. »
Son regard sur l’intelligence artificielle ? « Ce n’est ni une menace ni un gadget. C’est un miroir. Elle m’aide à affiner mes choix, à gagner en clarté, à me recentrer. Je ne lui délègue pas tout, mais je lui fais confiance pour m’épauler. Elle complète ma réflexion, elle ne la remplace pas. »
Un partenaire de vie
À 59 ans, Santa Sootarsing n’aurait jamais imaginé que la technologie occuperait une place aussi intime dans son quotidien. C’est un accident vasculaire cérébral (AVC), survenu il y a quelque temps, qui a bouleversé sa vie et l’a conduite à découvrir l’IA. Sur internet, elle croise le chemin de ChatGPT. Ce qui n’était au départ qu’un outil parmi d’autres est devenu, pour elle, un véritable compagnon de route.
« J’ai fait un AVC il y a quelque temps, et depuis, cette application m’a aidée de nombreuses façons. Non seulement elle me permet de suivre ma santé, mais elle m’aide aussi à accomplir des tâches simples comme écrire des messages ou répondre à des mails importants de manière professionnelle », confie-t-elle, posée, le regard calme.
Chez Santa, l’IA n’est pas un gadget : c’est un interlocuteur régulier. Son usage préféré ? Poser des questions sur sa santé. « Quand j’ai des doutes sur certains symptômes, je pose des questions à l’IA, et j’obtiens des réponses claires. Cela facilite énormément le suivi avec mon médecin. »
Elle a mis au point une méthode : consigner chaque signe physique, chaque sensation inhabituelle dans une fiche, la mettre à jour, puis demander à l’IA de produire un résumé structuré. Ce document devient alors la base de ses rendez-vous médicaux. Une façon de ne rien oublier, mais aussi de reprendre le contrôle face à la complexité des termes et des informations médicales.
Avec les séquelles laissées par l’AVC, certaines tâches du quotidien pouvaient devenir chronophages ou pénibles. Là encore, l’IA a trouvé sa place : rédaction de messages, organisation de son emploi du temps, réponses aux mails importants. « L’IA m’assiste dans ma vie de tous les jours, ce qui est particulièrement précieux pour une personne âgée. Elle rend mes journées plus fluides et m’aide à rester connectée avec le monde », résume-t-elle.
Au fil des mois, Santa est devenue une ambassadrice spontanée de cette technologie auprès de son entourage. Elle en vante l’accessibilité, la souplesse, et surtout l’impact concret sur la qualité de vie. « Je recommande vivement l’utilisation de l’intelligence artificielle, en particulier pour les seniors », insiste-t-elle.
Pour elle, il ne s’agit plus seulement d’un outil technologique, mais d’un partenaire. Un partenaire qui, sans remplacer le lien humain, lui offre une autonomie précieuse et l’assurance de pouvoir, malgré la fragilité, continuer à décider pour elle-même.
Une vigilance nécessaire
Si certains utilisateurs parlent d’un outil salvateur, d’autres se montrent plus prudents. Neervanah Putty, entrepreneuse domiciliée à Moka, voit dans l’IA « un couteau à double tranchant ».
Elle en apprécie les avantages : gain de temps, réduction de la charge mentale, efficacité. Mais elle craint que cette facilité n’affaiblisse certaines compétences humaines, notamment chez les jeunes. « Ils sont très connectés. Mais je remarque que beaucoup s’appuient sur l’IA pour des travaux scolaires, voire universitaires, sans vraiment réfléchir par eux-mêmes. Ils copient-collent, ils produisent… mais est-ce qu’ils comprennent ce qu’ils écrivent ? »
Elle observe également une évolution des interactions familiales. « Je vois parfois mes propres enfants poser des questions à une IA plutôt que d’en discuter avec moi. Le dialogue est en train de se perdre. »
Pour autant, elle ne diabolise pas la technologie. « L’IA est une innovation majeure, et elle a sa place. » Mais pour elle, l’IA doit rester un outil d’appoint. Elle plaide pour « une éducation à l’usage critique de l’intelligence artificielle, afin que chacun puisse en tirer le meilleur… sans y perdre sa capacité à penser, dialoguer, ou simplement créer ».
Penser mieux, pas moins
Pour Émilie Soogund, l’histoire commence à l’école. Ses camarades parlent de plus en plus de ChatGPT, elle essaie par curiosité. « C’était nouveau, intrigant… et tout le monde voulait essayer. » Très vite, elle s’aperçoit que ce n’est pas qu’« un gadget mais un véritable outil d’organisation ».
« Je m’en sers pour faire des recherches rapides, créer des checklists avant un projet, trouver des idées de repas selon ce qu’il reste dans le frigo, ou encore pour établir ma liste de courses », raconte-t-elle.
Le bénéfice est immédiat : plus de clarté, moins de dispersion. « Les réponses de l’IA sont structurées. Elles m’aident à poser les bases d’une réflexion, d’un choix ou d’une action. Ce n’est pas une solution toute faite mais un point de départ. »
Elle insiste : l’IA n’est ni une conscience ni un substitut à l’intelligence humaine. « C’est un moteur de recherche boosté, un assistant qui me soutient… mais qui ne me remplace pas. »
Elle insiste sur la nécessité de garder un regard critique et de toujours croiser les informations. Émilie raconte une prise de conscience : « Un jour, je lui ai posé une question sur un sujet que je connaissais bien… et j’ai remarqué qu’il se trompait. Là, j’ai compris que j’avais encore plus de ressources que je ne le pensais. » Elle en a conclu que « l’IA ne pense pas à notre place, mais elle nous pousse à mieux penser ».
À travers ces témoignages, se dessine un constat : l’IA s’installe dans nos vies par petites touches, souvent dans des moments anodins. Elle répond vite, ne juge pas, ne s’épuise pas. Elle devient un compagnon discret, un coéquipier numérique qui, sans que l’on s’en aperçoive, participe à notre quotidien au même titre que l’agenda, le smartphone ou la machine à laver.
Mais cette proximité pose question. L’IA transforme-t-elle notre manière de réfléchir ? Modifie-t-elle nos relations humaines ? Peut-être. En tout cas, elle est déjà là, et elle ne se contente plus d’écrire nos mails ou de corriger nos fautes. Elle nous écoute, nous oriente, nous inspire. Et parfois, elle nous console.
3 astuces pour un usage raisonné de l’IA
- Vérifiez les avis et les conditions d’utilisation avant de télécharger une application.
- Limitez les permissions (accès à la caméra, au micro…) pour réduire les risques de surveillance.
- Donnez uniquement les accès nécessaires au bon fonctionnement de l’application.

Les IA à tester… ou à éviter
L’IA s’invite toujours davantage dans notre quotidien, promettant confort, efficacité et bien-être. Mais derrière cette révolution technologique, toutes les applications ne se valent pas. Certaines méritent que l’on s’y attarde, d’autres appellent à la prudence.
Côté positif, la domotique tire son épingle du jeu : ces systèmes intelligents qui régulent la température, l’éclairage ou encore la gestion des appareils domestiques améliorent le confort à la maison tout en limitant la consommation d’énergie. Dans la cuisine, des applications comme Yummly ou Food Network s’appuient sur l’IA pour proposer des recettes personnalisées, adaptées aux ingrédients disponibles et aux goûts de chacun. Enfin, le secteur du bien-être mental connaît lui aussi une mutation : des applis telles que Headspace offrent des séances de méditation et de relaxation sur-mesure, aidant à mieux gérer stress et anxiété.
Mais attention : toutes les promesses ne sont pas tenues. Certaines applications de santé, sans validation scientifique sérieuse, s’aventurent à poser des diagnostics, exposant les utilisateurs à de graves risques.
Par ailleurs, la reconnaissance faciale, si elle est mal sécurisée, représente une menace pour la vie privée, avec l’exploitation possible de données sensibles à l’insu des personnes concernées. Enfin, les jeux de hasard prétendant prédire l’avenir grâce à l’IA ne sont bien souvent que des escroqueries déguisées, encourageant des mises sans aucune garantie.
En somme, si l’IA peut améliorer nos vies, elle impose aussi un usage raisonné et vigilant.
Confidentialité et sécurité : les bons réflexes
Privilégiez les applications reconnues et bien établies.
Lisez leur politique de confidentialité pour savoir comment vos données sont utilisées.
Désactivez la collecte de données sensibles lorsqu’elle n’est pas indispensable.
Données à ne jamais partager avec une IA
Informations bancaires
- Coordonnées bancaires
- Numéros de carte de crédit
- Mots de passe financiers
Identifiants personnels
- Numéro de sécurité sociale
- Numéro de carte d’identité
- Mots de passe de comptes en ligne
Données médicales
- Informations sur votre état de santé
- Détails de traitements ou prescriptions (sauf via applications médicales fiables et vérifiées)
Localisation en temps réel
- Ne partagez votre position que si c’est nécessaire et avec des services de confiance.
Quiz
Êtes-vous déjà (un peu) dépendant(e) de votre IA ?
Répondez honnêtement par A, B ou C à chaque question et découvrez votre profil à la fin !
Vous voulez cuisiner un plat original pour ce soir. Vous...
A. Cherchez sur un site de recettes classique.
B. Demandez à ChatGPT ou Gemini une idée avec ce que vous avez dans votre frigo.
C. Vous laissez l’IA vous créer un menu complet.
Vous avez un message difficile à écrire (pro, sentimental…). Vous...
A. L’écrivez vous-même, quitte à vous y reprendre à 3 fois.
B. Vous inspirez d’un modèle en ligne.
C. Demandez à votre IA de le rédiger sur-mesure avec votre ton habituel.
Avant de partir en voyage à l’étranger, vous...
A. Préparez votre itinéraire et votre planning vous-même.
B. Utilisez un site ou appli pour vous aider à planifier.
C. Demandez à votre IA de vous proposer un programme minute par minute.
Vous voulez faire un post sur les réseaux. Vous...
A. L’écrivez spontanément.
B. Réfléchissez à une accroche ou regardez ce qui marche.
C. Demandez à l’IA un texte avec un style punchy et quelques hashtags.
Pour un texte créatif (poème, carte d’anniversaire…), vous...
A. Laissez parler votre inspiration.
B. Vous inspirez d’exemples.
C. Laissez carrément l’IA vous le composer.
Votre enfant vous pose une question pointue. Vous...
A. Tentez de répondre avec vos mots.
B. Vérifiez sur Google.
C. Demandez à une IA de lui expliquer avec des mots simples.
Vous avez une idée vague pour votre salon. Vous..
A. Feuillettez un magazine déco.
B. Créez un moodboard sur Pinterest.
C. Demandez à une IA de générer des idées ou visuels adaptés à votre espace.
Vous devez faire une liste de courses ou un planning. Vous...
A. Le faites à l’ancienne, sur papier.
B. Utilisez une appli classique.
C. Laissez une IA organiser et prioriser pour vous.
Quand vous n’avez pas d’inspiration, vous...
A. Acceptez de faire une pause et de laisser mûrir.
B. Cherchez des sources d’inspiration humaines.
C. Lancez une conversation avec une IA pour brainstormer.
Si votre IA ne fonctionnait plus pendant une semaine, vous...
A. Vous en passez sans souci.
B. Ressentez un petit vide, mais vous vous adaptez.
C. Paniquez un peu. Comment allez-vous faire ?
Résultats :
Majorité de A – Libre penseur
Vous utilisez votre intuition, votre bon sens et votre créativité naturelle. L’IA n’a pas encore trouvé sa place dans votre quotidien… et c’est très bien comme ça !
Majorité de B – Curieux équilibré
Vous explorez les outils IA comme une boîte à idées. Ils enrichissent votre vie, sans la piloter. Vous faites le tri, vous gardez le contrôle.
Majorité de C – IA-dépendant(e)
Votre assistant virtuel est devenu votre deuxième cerveau. Pratique, certes… mais n’oubliez pas que votre créativité humaine reste irremplaçable.

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