
Selon les observateurs économiques, le comité de politique monétaire devrait opter pour le statu quo. Toutefois, ils recommandent plutôt une baisse du taux directeur, invoquant plusieurs facteurs qui justifieraient un tel ajustement.
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Georges Chung, économiste :

« Comme à l’accoutumée, les membres du MPC seront partagés entre trois options : augmenter, réduire ou garder le taux directeur. L’arbitrage pourrait pencher vers le maintien, mais trois facteurs clés dans la conjoncture plaident clairement en faveur d’une baisse.
Premièrement, le dollar continuera à s’affaiblir, en particulier après la nomination d’un nouveau gouverneur de la Réserve fédérale par le président Trump, qui a toujours exercé une pression sur la Fed pour une réduction marquée des taux d’intérêt. Or, comme la roupie a souvent tendance à emboîter le pas au billet vert, ce facteur pèsera certainement dans les discussions du MPC.
Deuxièmement, le climat dans le monde des affaires reste morose, surtout depuis le Budget. Dans ce contexte, une hausse du taux directeur serait mal perçue et malvenue. Troisièmement, l’inflation devrait connaître une baisse relative au cours des deux prochaines années. Cela dit, une baisse du taux directeur pourrait amplifier la faiblesse de la roupie, qui est déjà dans une situation précaire ces dernières années, et qui peine à se renfoncer malgré la baisse du dollar face à l’euro ces derniers mois.
À mon avis, les membres du MPC vont sans doute réduire le taux, compte tenu de ces trois facteurs. Toutefois, un maintien du taux directeur ne serait pas surprenant. En revanche, une hausse me semble très peu probable à ce stade ».
Clensy Appavoo, Senior Partner de HLB Appavoo :

« Dans le contexte économique actuel, il est essentiel de maintenir le taux directeur inchangé. Il faut créer un environnement stable et prévisible pour permettre aux affaires de repartir et obtenir la croissance projetée dans le Budget. Une hausse du taux d’intérêt enverrait un mauvais signal au marché. Cela freinerait les investissements, alors que c’est justement ce dont l’économie a besoin en ce moment.
Le maintien du taux directeur favoriserait la relance de l’investissement. Il faudra attendre les six prochains mois pour observer l’évolution de l’économie et bouger vers une croissance prévue autour de 3 %. C’est dans cette direction qu’il faut aller. Il s’agit d’éviter que l’inflation flambe, d’encourager les investissements et de préserver la dynamique de création de richesse. Ce sont ces trois objectifs qu’il faut viser en priorité ».
Dr Chandan Jankee, économiste :

« Une baisse du taux directeur enverrait un bon signal. Cela stimulerait les investissements et donnerait un coup de pouce à l’économie. L’inflation, bien qu’en légère hausse, ne représente pas une menace majeure pour l’instant. D’ailleurs, sur ce point, le gouvernement envisage déjà des solutions et compte injecter Rs 2 milliards pour faire baisser certains prix. Une diminution du ‘key rate’ soulagera aussi les PME qui font face à plusieurs difficultés : l’application de la TVA et de plusieurs taxes, sans oublier des problèmes de main-d’œuvre…
Par ailleurs, on observe une contraction de l’activité économique. La croissance tombera à moins de 3 % cette année. Une baisse du taux d’intérêt donnerait le signal que le coût de l’argent diminue. Cela aiderait les investisseurs et soulagerait également les ménages déjà endettés. Cependant, le Comité de politique monétaire devrait prendre en considération qu’il y a beaucoup d’incertitudes sur le plan économique.
D’autre part, il n’y a pas de stratégie claire et nette à ce niveau. Le comité pourrait donc préférer maintenir le taux inchangé, en invoquant l’environnement international incertain et la remontée de l’inflation. Toutefois, une baisse de 50 points de base serait un bon signal pour le monde des affaires ».
Manisha Dookhony, économiste :

« J’aurais opté pour une baisse du taux directeur, pour diverses raisons. D’abord, les tendances inflationnistes sont restées contenues. Hormis quelques hausses de prix liées aux mesures budgétaires sur les produits sucrés ou alcoolisés, l’inflation globale est restée modérée. Le prix du pétrole, lui, n’a pas connu de diminution, mais pas d’augmentation non plus. Quant à la roupie, elle a montré une certaine stabilité sur les trois derniers mois, avec une légère tendance à la baisse. Entre janvier et mars, il y a eu un gros effort de stabilisation de la roupie.
Pour revenir au taux directeur, je pense qu’une baisse modérée, ne serait-ce que de 25 points de base pour commencer, aurait eu un effet positif. Elle aurait envoyé un signal d’encouragement, surtout dans un contexte où l’économie a besoin d’un petit coup de pouce pour stimuler l’investissement. Une baisse de taux aurait aussi allégé le coût du crédit. Cela dit, je pense que le comité va maintenir le statu quo. Il adoptera sans doute une position d’attente, suivant les tendances internationales. D’ailleurs, récemment, des pays dans la région n’ont pas changé leurs taux d’intérêt en évoquant les incertitudes mondiales. Le comité devra également tenir en compte le différentiel de taux entre un placement en roupie et en dollar. Ce facteur pèsera aussi dans la balance et motivera sa décision de laisser le taux directeur inchangé ».

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