
À Camp-de-Masqué-Pavé, Keshawve et Gheshta ont quitté leur vie urbaine pour se consacrer à l’agriculture locale, entre passion, défis et transmission.
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ÀCamp-de-Masqué-Pavé, dans l’Est de Maurice, la journée commence dès 4 heures du matin pour Keshawve et Gheshta Jeewon. Tandis que la plupart des Mauriciens dorment encore, ce couple s’affaire déjà sur ses terres, où il cultive une diversité de fruits et légumes.
« On aime se réveiller tôt, quand l’air est encore pur et qu’on entend seulement le vent dans les feuilles. C’est un moment magique », explique Gheshta, 26 ans, en préparant les semis. À ses côtés, son mari Keshawve, 34 ans, vérifie l’irrigation des planches de laitues. « Depuis petit, je plantais avec mes parents. Ils cultivaient surtout l’ananas sur nos 20 arpents. Même quand j’ai travaillé ailleurs, la terre m’appelait toujours. »
Après un parcours professionnel dans le multimédia puis la comptabilité, Keshawve a choisi de revenir à la terre familiale en 2019. « Je voulais me reconnecter à ce que j’aime vraiment. Travailler derrière un bureau, c’est bien… mais pour moi, ce n’était pas ça, la vie. Ici, je peux respirer. »
Les terres autrefois consacrées à l’ananas sont désormais diversifiées : concombres, pommes d’amour, laitues, épices, mais aussi papayes, pitayas, bananes, limonades, mandarines et fraises. « Je veux que nos clients trouvent un peu de tout chez nous. Et surtout, du frais, du local, du cultivé avec soin », précise Keshawve.
En 2022, le couple s’est marié. Gheshta, alors employée au sol dans une compagnie aérienne, a rejoint l’exploitation. « J’aimais mon travail, mais je voyais aussi la passion de Keshawve. Petit à petit, j’ai commencé à l’aider. Et puis… j’ai eu le déclic. L’agriculture, c’est beau. On nourrit les gens. »
« On apprend l’humilité »
Aujourd’hui, ils travaillent ensemble, organisant leur journée autour de la culture, de la cueillette et de la préparation pour le marché, tout en s’occupant de leur bébé de huit mois. « On est une vraie équipe », affirme Gheshta.
Le couple s’est aussi spécialisé dans la germination de semences. « Beaucoup de planteurs viennent acheter chez nous. On prépare les plants dans des plateaux, bien protégés, jusqu’à ce qu’ils soient prêts à être mis en terre. »
Pour eux, l’agriculture est autant un métier qu’un engagement. « On ne fait pas ça seulement pour l’argent. C’est une passion. Quand je vois une graine germer, je me dis : ça y est, une nouvelle vie commence », confie Gheshta. « La terre, elle donne… mais il faut lui donner en retour », ajoute Keshawve. « Ici, on vit au rythme des saisons. On dépend de la pluie, du soleil, du vent… On apprend l’humilité. »
Les aléas climatiques restent un défi. Cyclones, pluies excessives, sécheresse ou maladies menacent les récoltes. « Quand tu perds toute une récolte, c’est dur. Mais on se relève toujours. C’est ça, être planteur », résume Keshawve.
Le couple insiste également sur la nécessité de soutenir l’agriculture locale face à la concurrence des produits importés. « On voit encore trop de légumes importés sur le marché. Pourtant, Maurice a des terres, des cultivateurs passionnés. Il faut les encourager », souligne Gheshta.
Transmission des valeurs
Malgré un rythme de vie intense, avec un enfant en bas âge et des journées qui débutent à l’aube, ils restent attachés à ce choix. « Il y a des nuits où il se réveille souvent… et à 4 h, on est déjà debout. Mais on le fait avec le sourire, parce qu’on aime ce qu’on fait », raconte Gheshta.
Pour eux, cette activité est aussi un moyen de transmettre des valeurs. « Il grandira ici, au milieu des champs, avec le goût du travail bien fait », affirme Keshawve.
Chaque semaine, ils vendent leur production sur le marché. « On aime le contact direct avec les clients. Ils nous disent ce qu’ils aiment, ce qu’ils voudraient essayer. On échange des recettes, des astuces. C’est vivant ! » Le lien direct avec le consommateur leur permet de valoriser leur travail. « Quand les gens voient nos produits, ils savent d’où ça vient, ils savent que c’est cultivé avec soin. »
« La terre, c’est la liberté. » C’est par ces mots que Keshawve résume leur choix de vie. « On n’est pas riches, mais on est heureux. On vit au grand air, on est ensemble, et on fait quelque chose qui a du sens. » Gheshta acquiesce : « Chaque jour, on voit nos champs grandir… et notre famille aussi. Que demander de plus ? »

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