Des questions sont soulevées sur l’indépendance du Petroleum Pricing Committee après la seconde révision des prix des carburants en l’espace d’une semaine. L’essence est passée à Rs 69, tandis que le diesel coûte désormais Rs 63,95 le litre.
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Au lendemain de la seconde révision des prix des carburants en une semaine, des questions sont posées concernant le fonctionnement du Petroleum Pricing Committee (PPC) et la transparence du processus de fixation des prix de l’essence. En effet, samedi, le litre d’essence est passé à Rs 69 au lieu de Rs 72,10 et le litre de diesel à Rs 63,95 contre Rs 60, il y a à peine une semaine.
L’ancien gréviste de la faim Nishal Joyram exprime son inquiétude quant à ce qu’il appelle un « cafouillage terrible » autour des tarifs des carburants. Il suggère que le gouvernement est perdu dans la confusion ou empêtré dans des eaux troubles. « Le dernier communiqué de presse de la State Trading Corporation (STC) révèle que la STC a basé ses nouveaux tarifs sur les mêmes références que celles de la semaine précédente, lorsque les prix de l’essence ont été revus à la hausse », remarque-t-il.
Nishal Joyram souligne que la référence de prix de la STC est actuellement de 131 dollars par baril. Ce prix ne correspond pas forcément au coût réel d’importation des carburants par bateau, souligne-t-il. « La STC se doit de rendre publics les coûts réels d’importation dans un souci de transparence », plaide-t-il.
Il ajoute que la référence de prix de la STC est bien supérieure à celle de Singapour, la différence est de 36 dollars par baril, ce qui met en doute la transparence du processus de fixation des prix. « La situation est d’autant plus préoccupante alors que l’inflation à Maurice atteint 9 %, sans compter la dépréciation de la roupie mauricienne, qui aggrave la situation », observe-t-il.
Ainsi, poursuit Nishal Joyram, « il est difficile pour les dirigeants de justifier cette inflation en l’attribuant exclusivement à la pandémie de Covid-19 et à la guerre en Ukraine, surtout quand on compare la situation aux Seychelles, qui possède une économie similaire et une inflation de seulement 1,5 % ». Cela soulève donc, selon lui, des préoccupations quant à la gestion économique du pays.
Nishal Joyram fait également ressortir que le gouvernement semble avoir contourné ses propres règles en faisant augmenter le prix du diesel de plus de 10 % en une semaine : « Avec les deux augmentations du prix du diesel en l’espace d’une semaine, cela représente une augmentation de 17 %. »
Par ailleurs, il s’interroge sur l’indépendance du PPC. Il rappelle que, lors de sa grève l’an dernier, le gouvernement avait prétendu ne pas avoir la main sur la STC pour organiser une réunion avec le PPC. « Pourtant, dans cette récente augmentation des prix de l’essence, le Conseil des ministres a sollicité le PPC pour baisser les tarifs. Cette situation jette le doute sur l’indépendance effective du comité », dit-il.
La deuxième révision des prix des carburants en une semaine démontre clairement que lorsque le gouvernement veut vraiment faire baisser le prix de l’essence, il en a la capacité. C’est du moins l’avis exprimé par l’économiste Takesh Luckho. « La décision finale en matière de tarifs des carburants relève du pouvoir exécutif, et le législateur a la marge de manœuvre nécessaire pour intervenir, voire pour apporter des amendements à la législation si nécessaire. Le législateur a le pouvoir d’intervention quand il le faut, et la loi lui permet de le faire », affirme Takesh Luckho.
L’économiste dénonce également la structure actuelle du prix de l’essence, en insistant sur l’importance des taxes. Selon lui, une analyse approfondie de la structure des tarifs révélerait que l’essence est artificiellement élevée à cause des taxes qui s’y appliquent. Il plaide pour une plus grande volonté politique pour résoudre ce problème.
« Il suffit d’avoir la volonté de le faire. Le gouvernement aurait pu baisser les prix de l’essence tout aussi bien. La Mauritius Revenue Authority (MRA) a enregistré un record de Rs 137 milliards de recettes fiscales l’année dernière. Une partie de ces Rs 137 milliards aurait pu servir à réduire une part des déficits de la STC, de deux à trois milliards de roupies », explique-t-il.
Il fait aussi remarquer que ces revenus fiscaux records sont largement générés par la taxation, ce qui implique que le gouvernement a la capacité financière d’alléger la charge fiscale sur les carburants sans compromettre l’équilibre budgétaire. « Ceci pourrait soulager les Mauriciens face à la hausse du prix de l’essence et dynamiser l’économie, alors que l’inflation pèse sur les ménages. », conclut Takesh Luckho.
En conclusion, Takesh Luckho rappelle que la décision de réguler les prix des carburants est avant tout une question de volonté politique et d’orientation budgétaire. Si le gouvernement souhaite réellement soulager le fardeau financier des citoyens, il dispose des moyens et des pouvoirs nécessaires pour le faire.
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