Le jazz, cette musique mal comprise de par sa complexité, qui a tendance à être rejeté sans avoir le temps d’être apprécié, sera célébré pendant un mois lors du festival Mama Jaz. Gavin Poonoosamy, organisateur du festival, grand passionné de l’art dans son ensemble, est catégorique : encourager sa pratique est primordial.
Cette année, le festival Mama Jaz veut valoriser le génie créatif en musique et se positionner dans la diversité musicale. Pour ce faire, cette édition 2018 sera sous trois formes principales. Il y aura les grands concerts, qui auront lieu tous les dimanches d'avril à 18 heures à l’Audi Zentrum, Motor City et à Bagatelle, puis, la célébration de la Journée internationale du Jazz le lundi 30 avril et finalement, le Forum Day, qui se veut être une séance de réflexion autour du secteur culturel et artistique à Maurice. Il se tiendra de 13 heures à 18 heures le mardi 1er mai à La Maison des Rêveurs.
« C'est l'édition la plus importante à mes yeux car s'y manifeste la métamorphose de la manifestation en une forme qui veut grandir solidement dans le temps et rayonner harmonieusement sur la terre avec à cœur des bases saines et un rhizome de compétences bien pensantes en soutien », explique Gavin Poonoosamy, organisateur du festival, qui débute le 1er avril. Cette célébration autour du jazz est avant tout un moyen de faire honneur à cette musique d’improvisation et aux jazzmen mauriciens qui brillent tant à Maurice que sur le plan international.
Et l’organisateur de Mama Jaz fait ressortir que Maurice a contribué à l'international déjà à travers Jocelyn Pitchen, Ernest Wiehé, Linley Marthe, Philippe Thomas et Jerry Léonide notamment. « Il y a aussi une petite cinquantaine de nos grands musiciens qui officient à travers le monde sans attirer l'attention mais qui sont des professionnels reconnus, comme Gino Chantoiseau, Jhonny Joseph, Christophe Chrétien, entre autres. Sur notre territoire, tout de même, se manifeste un vivier puissant de créatifs et j'estime que ceux-là se distinguent particulièrement, car leurs créations existent fièrement et ils sont tous animés d'intentions créatrices et créatives malgré le contexte difficile », souligne-t-il.
Toutefois, il faut concéder que le jazz n’a pas la reconnaissance voulue et peine à attirer les jeunes. Pour notre interlocuteur, la vocation artistique doit toucher le plus grand nombre en poussant à la réflexion et faire fi des préjugés. « Il y a des a priori sur le jazz. On dit qu'il est trop cérébral ou élitiste. Mais ne jamais goûter à un fruit sur la base de commérages nous ôterait l'expérience du goût et du libre arbitre. Il semble sage d'explorer par soi-même et d'évoluer sur la base de nos expériences. Je pense aussi que la concentration nécessaire à la lecture de certains registres musicaux épuise mais ce n'est pas sage de penser que les formes musicales sont limitées », précise Gavin Poonoosamy.
Ce dernier est d’avis que la curiosité et le sens de la lecture critique en général semblent ne plus être cultivés. « Si Maurice valorisait l'art au même titre que la finance, toutes les générations de Mauriciens auraient un rapport plus respectueux vis-à-vis des compétences intellectuelles et physiques engagées dans les actions artistiques », précise ce passionné de l’art sous toutes ses formes.
Et pour redonner un souffle au jazz il faudrait encourager sa pratique. « Le jazz n'est qu’un mot qui porte trop de sens. La musique est la pertinence et rayonnera comme toute chose si on aide sa transmission, si on encourage sa pratique et si nous poussons son évolution. Finalement, encourager sa manifestation régulière dans tout espace public possible en la rendant accessible à tous est prioritaire », précise notre interlocuteur.
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