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Montées des eaux : le recul stratégique proposé comme solution

Devenue de plus en plus récurrente, la montée des eaux dans des zones d’habitation inquiète. Quels sont les risques et quelles sont les solutions ? Pour en discuter, Jane Lutchmaya et Anoop Dhookeeya avaient comme invités Nadeem Nazurally, Senior Lecturer en science marine à l’Université de Maurice, et l’écologiste Adi Teelock sur le plateau de l’émission Au Cœur de l’Info mercredi.

Après le passage du cyclone Freddy, le débat est relancé sur les risques qu’encourt le pays avec la montée des eaux, notamment suite au constat dans le Nord de l’île. « Nos récifs sont endommagés. Il y a le réchauffement climatique, mais nous avons aussi contribué à cette accélération des dégâts de par nos activités dans le passé et récentes », indique Nadeem Nazurally, Senior Lecturer en science marine à l’Université de Maurice. Pour ce dernier, la solution serait de prendre les devants et de placer des structures là où sont les récifs.

Pour Adi Teelock, écologiste, ce débat est lancé depuis une vingtaine d’années. « On tire la sonnette d’alarme depuis longtemps, mais rien n’est fait concrètement pour changer les choses. Il faut des mesures fortes, des mesures courageuses », souligne-t-elle, tout en évoquant la construction près des plages. Et pour arriver à ce changement, il faut une volonté politique, selon elle. « Il nous faut aller vers un recul stratégique, qui est de reculer afin de laisser la place à l’eau qui monte », ajoute-t-elle. 

Yan Hookoomsing, écologiste, partage également cet avis en parlant d’accepter le changement qui s’opère dans la nature actuellement. « Il faut plus de transparence et montrer au public les prévisions pour les années à venir et combien de mètres de nos plages disparaîtront avec l’érosion. Et en rendant publiques ces données, cela permettra de voir où il ne faut pas construire », fait-il ressortir.

À Maurice, la montée des eaux est bien plus importante que dans d’autres régions du monde, notamment parce que ce phénomène s’est accentué. Maurice perd environ 5,5 millimètres de plage par année, alors qu’en moyenne cela devrait être 3,3 millimètres. « Nous sommes dans une situation critique », constate Vassen Kauppaymuthoo, océanographe. Ce dernier fait aussi comprendre que les zones côtières sont vulnérables et il se pourrait qu’elles ne soient plus habitables dans quelque temps avec la montée des eaux. Un plan d’évacuation est donc nécessaire, selon lui, afin de pouvoir reculer des plages. « Seule la planification sur le long terme pourra nous sauver », avance-t-il. 

Et finalement, Fabrice David, ingénieur en environnement et député, est, lui, d’avis qu’il faut agir au plus vite. « L’aménagement des zones côtières est à revoir et l’évacuation des zones actuellement habitables sur la côte deviendra un sujet important à l’avenir », conclut-il.

Le ministre Kavi Ramano : « Des travaux de réhabilitation sont en cours »

Plusieurs initiatives ont été prises durant ces dernières années pour mieux faire face au changement climatique, selon le ministre de l’Environnement, Kavi Ramano. « Des travaux de réhabilitation sont en cours dans plusieurs zones. D’ailleurs, dans la région du Sud-Est du pays, plusieurs projets ont été lancés, notamment dans 35 différents sites érodés sur une distance de 13 kilomètres. Cela, entre 2012 et 2022, au coût de Rs 800 millions », indique-t-il. 21 autres sites prioritaires sur une distance de 8,5 kilomètres ont été ciblés pour des mesures de protection côtière. C’est un projet qui s’étalera jusqu’à 2025, selon le ministre.

 

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