Plusieurs institutions majeures, dont la State Trading Corporation et la SBM Bank (Mauritius) Ltd, fonctionnent sans direction. Ce vide prolongé suscite des inquiétudes sur la gouvernance, l’indépendance institutionnelle et la transparence des nominations.
Neuf mois après l’entrée en fonction du nouveau régime, des postes stratégiques au sein d’organismes publics et parapublics sont inoccupés. Cette situation, qui touche la State Trading Corporation (STC), la SBM Bank (Mauritius) Ltd et l’Ombudsperson for Financial Services, suscite des interrogations sur les retards dans le processus des nominations.
Publicité
À la STC, le poste de directeur demeure vacant depuis le départ de Rajiv Servansingh. Pour le moment, c’est le comité d’administration qui gère les affaires courantes. Mais la structure attend un nouveau directeur ou une nouvelle directrice pour assurer la continuité opérationnelle. Le nom de Megh Pillay circule comme potentiel successeur. Ce dernier a déjà dirigé la STC de 2010 à 2015. Une source proche du dossier indique qu’un profil capable de relancer l’institution est nécessaire. « Il faut quelqu’un pour veiller aux opérations quotidiennes et éviter que l’organisation ne tourne à vide », confie cette source.
La décision reviendra au comité d’administration, chargé d’entériner toute proposition venant du gouvernement. Mais l’absence prolongée de direction exécutive laisse planer des incertitudes sur la capacité de la STC à engager des projets structurants ou à répondre efficacement aux exigences du marché.
Ce manque de leadership ne se limite pas à la STC. À la SBM Bank (Mauritius) Ltd, la nomination de Rundheersing Bheenick à la présidence est toujours en attente. En cause, l’obtention du certificat « fit & proper » que réclame la Banque de Maurice. Pour Roshaan Kulpoo, président de United Pay Ltd, ce vide crée un blocage au niveau de la gouvernance stratégique. Il souligne également les risques de conflits d’intérêts, notamment lorsque certaines personnes cumulent plusieurs responsabilités dans différents organismes publics. « Une telle concentration de pouvoir fragilise l’indépendance des instances concernées. »
Il ajoute que les retards dans les nominations peuvent nourrir la perception d’un système basé sur la loyauté politique plutôt que sur le mérite. Ce qui, selon lui, mine la confiance du public. Il plaide pour des réformes, dont la mise en place de comités de nominations plus ouverts, comprenant des représentants de l’opposition et de la société civile.
La problématique va au-delà des enjeux de gouvernance. Les conséquences s’observent aussi sur le plan économique. Roshaan Kulpoo évoque à ce titre la nomination de Rama Sithanen à la tête de la Banque de Maurice à la fin de 2024. Celle-ci devait permettre de lancer un audit des pratiques financières, en lien avec la Mauritius Investment Corporation. Un tel processus, s’il avait été retardé, aurait compromis les objectifs de stabilisation monétaire ou de maîtrise de l’inflation.
L’ancien gouverneur de la Banque de Maurice, Dan Maraye, pour sa part, fait observer que les organismes doivent pouvoir s’appuyer sur une direction opérationnelle claire. Selon lui, l’absence de nomination provoque l’accumulation des dossiers. Il met aussi en lumière un autre facteur : le poids de la politique dans les décisions de nomination. « Il semble qu’un groupe restreint, composé de politiciens des partis au pouvoir, gère les choix. On entend parfois qu’il faut avoir la bonne appartenance politique pour être considéré. Ce qui ne devrait pas être un critère. »
Dan Maraye questionne la logique de recrutement actuelle, rappelant que la majorité de la population pourrait être exclue si seules les personnes affiliées à un parti politique sont éligibles. « Sur 1,2 million d’habitants, faut-il comprendre que seuls 100 000 – un total approximatif des membres des différents partis politiques - peuvent prétendre à ces postes ? »
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !
