
La Banque de Maurice traverse une période de tensions internes, marquée par des conflits au sommet et des dossiers sensibles non résolus. Les frictions entre le gouverneur Rama Sithanen et son adjoint, ainsi que la gestion de fonds publics, inquiètent les observateurs.
Alors que le Premier ministre Navin Ramgoolam doit rentrer du Japon dimanche, la situation à la tête de la Banque centrale occupe les esprits au sein du gouvernement. Selon des sources proches du pouvoir, le cas de Rama Sithanen est en tête des priorités et devrait être traité dans les jours à venir. Les relations conflictuelles entre le Gouverneur et le premier Deputy Governor, Gérard Sanspeur, pourraient fragiliser l’institution, pilier de l’économie mauricienne.
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Rama Sithanen, ancien ministre des Finances sous plusieurs gouvernements, a pris les rênes de la BoM le 16 novembre dernier pour un mandat de trois ans, succédant à Harvesh Seegolam. Sa nomination avait été saluée pour son expertise en macroéconomie, forgée lors de ses mandats passés où il avait piloté des réformes fiscales et contribué à la résilience de Maurice face aux chocs externes.
Cependant, des critiques émergent aujourd’hui au sein de l’Exécutif, pointant une série de dossiers jugés problématiques. Au cœur des préoccupations figure la Mauritius Investment Corporation (MIC), filiale de la BoM créée en 2020 pour soutenir les entreprises touchées par la COVID-19. Des prêts totalisant plusieurs centaines de millions de roupies ont été accordés à des entités soupçonnées d’être proches de l’ancien régime, sans transparence sur les critères d’attribution ni sur les remboursements. Des audits internes, dont les résultats restent confidentiels, auraient révélé des anomalies dans la gouvernance de ces fonds publics. Depuis plusieurs mois, la BoM stagne sur ce dossier, et Rama Sithanen n’a plus abordé publiquement ces dossiers sensibles.
« Il faut qu’il y ait un développement. On ne peut se permettre un désordre à la tête de la Banque où le numéro 1 et le numéro 2 sont en conflit. Une guerre ouverte à la tête. C’est inacceptable pour un pays », confie un proche du dossier.
Autre dossier qui fâche : celui d’un haut cadre de la BoM suspendu sous plusieurs chefs d’accusation, mais réintégré depuis.
Un autre point de friction concerne le cumul des fonctions : Rama Sithanen préside également la Financial Services Commission (FSC), régulateur du secteur financier non bancaire. Certains au gouvernement estiment que cette double casquette pose un risque de concentration des pouvoirs et de conflits d’intérêts.
Enfin, le « problème Bheenick » refait surface. Rundheersing Bheenick, Gouverneur de la BoM de 2007-2014, voit sa nomination à la présidence de la State Bank of Mauritius bloquée pour une question procédurale. « La loi ne donne pas le droit de régler des problèmes personnels avec Manou (Bheenick) », souligne-t-on en coulisses.
Lors de sa conférence de presse du 12 août dernier, Paul Bérenger, Premier ministre par intérim, a déclaré à propos de Rama Sithanen : « Jusqu’à preuve du contraire, Rama Sithanen est Gouverneur de la BoM. » Il a toutefois ajouté : « La situation ne peut pas continuer ainsi à la Banque. J’en ai discuté à plusieurs reprises avec Navin Ramgoolam. Juste après les élections générales, il y avait un moment de panique, de flottement. Rama Sithanen a bien aidé le pays à un moment difficile. Je dirais franchement que c’est moi qui ai conseillé Navin Ramgoolam de le nommer à la tête de la BoM. Je répète qu’il a bien aidé le pays à un moment difficile, mais le temps est passé. »

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