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La présidence du Pharmacy Council au cœur des controverses

Plus que d’autres instances, le Pharmacy Council semble attirer les convoitises, certains y voyant un moyen de « caser » les proches de partis politiques n’ayant pas trouvé de place ailleurs. C’est l’allégation qui circule ces derniers jours au sujet de la présidence de l’ordre des pharmaciens.

Tout a commencé par une affiche relayée parmi les professionnels : « Pharmacy Council belong to pharmacists – not to politicians ». La désignation de Nitin Busguth, candidat du Mouvement militant mauricien (MMM) aux élections générales de 2019 dans la circonscription No 5, comme président du Pharmacy Council (PC), a été perçue comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Cette décision aurait poussé Chetan Rambans Dookun, également membre du Conseil, à soumettre sa démission le 21 août.

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La situation a suscité de vives réactions dans le milieu pharmaceutique. Plusieurs professionnels affirment que le PC n’avait jamais connu une telle agitation. Un ancien membre souligne d’ailleurs qu’au cours des 10 dernières années, aucun des ministres de la Santé - Anil Gayan, Anwar Husnoo et Kailesh Jagutpal - n’aurait exercé de pressions pour influencer la désignation du président.

Selon des informations recueillies, il y aurait pourtant eu des pressions pour que le membre élu en mai dernier, arrivé en deuxième position parmi les pharmaciens du privé, accède à la présidence. Or, d’après diverses sources, deux autres pharmaciens - l’un du service public et l’autre du privé - faisaient presque l’unanimité pour occuper ce poste. Cette situation alimente la perception qu’un mot d’ordre aurait été donné afin de favoriser un proche du MMM.

Par ailleurs, le président désigné cumule d’autres fonctions, puisqu’il siège également au Pharmacy Board et au Supplement Committee selon les informations recueillies. Pour certains pharmaciens, ce cumul pourrait mener à des conflits d’intérêts, un professionnel ne pouvant, selon eux, siéger dans plusieurs instances à la fois. Ils estiment nécessaire de revoir cette pratique consistant à placer des « nominés politiques » à la tête d’institutions, car cela nuit à leur indépendance.

De son côté, Siddique Khodabocus, président sortant du PC, plaide pour davantage de transparence dans la désignation des membres des différents Councils. Il appelle aussi à une meilleure collaboration avec les autorités afin de travailler plus efficacement au service de la profession.

Pas d’ingérence dans les autres Councils

Du côté du Nursing Council, du Dental Council et du Medical Council, nos sources affirment qu’« aucune ingérence politique » n’a été constatée. Une fois les membres élus démocratiquement, ce sont eux qui décident de la présidence de leur instance. Le poste revient généralement à l’équipe gagnante des élections internes, sans intervention extérieure. Ainsi, dans le cas du Nursing Council et du Dental Council, la présidence a été confiée à deux femmes, sans provoquer de remous.

Transparency Mauritius plaide pour des mécanismes de prévention des conflits d’intérêts

« C’est pour éviter ces situations que Transparency Mauritius recommande que des mécanismes clairs de prévention des conflits d’intérêts soient établis et appliqués », explique Laura Jaymangal, Executive Officer de l’organisation.

Ces mécanismes pourraient, selon elle, inclure la déclaration obligatoire des intérêts personnels et politiques, l’abstention lors de certaines décisions, ou encore, dans certains cas, la démission ou l’incompatibilité de certaines fonctions avec un mandat politique. « L’objectif n’est pas d’empêcher la participation politique, mais de protéger la crédibilité des institutions et de renforcer la confiance du public », souligne l’Executive Officer.

Elle précise que, dans une démocratie, tout citoyen, y compris un professionnel, a le droit de s’engager en politique. Toutefois, lorsque cette personne occupe une fonction dans un organisme public, il existe un risque de conflit d’intérêts si son appartenance politique influence - ou donne l’impression d’influencer - les décisions de l’institution.

 

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