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L’aveugle et le retraité : une amitié sans faille

Leur amitié dure depuis une quarantaine d’années

C’est ainsi qu’ils se présentent à ceux qui ne les connaissent pas. Osman et Iqbal sont amis d’enfance et quand Osman a perdu la vue à l’âge de 16 ans, son ami lui a promis de toujours rester à ses côtés. Une quarantaine d’années plus tard, la promesse a été tenue. C’est grâce à Iqbal qu’Osman peut se déplacer aux quatre coins de l’île. Les deux amis nous ouvrent leurs cœurs…

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Dans le quartier où ils habitent à Vallée-Pitot, on les appelle ‘Les inséparables’ pour ne pas dire ‘kalson-simiz’ et pour cause, Osman et Iqbal passent presque toute la journée ensemble et ce jusqu’à fort tard. Si bien, qu’aujourd’hui, ils se présentent aussi comme des frères, car selon eux ce qui existe entre eux va bien plus loin que des liens amicaux.

Lorsque nous les avons rencontrés dans la capitale, Iqbal accompagnait Osman qui tenait à tout prix à faire don de son sang comme chaque année. Fan de Radio Plus, il ne voulait pas manquer l’événement organisé le mercredi 16 décembre au bâtiment Emmanuel Anquetil par la Blood Donors Association avec la collaboration de Total et de sa radio préférée. Comme à son habitude, Iqbal ne le quitte pas d’un pouce et le guide quand il le faut. Pour se déplacer, Osman place une main sur son épaule et le tour est joué. Aujourd’hui, il se déplace facilement avec son ami, son guide. 

Il perd la vue à 16 ans 

Iqbal explique que partout où ils vont, les gens les abordent. « Tou dimounn kontan Osman. Tou lapolis, tou dimoun ki nou zwenn li met enn dialog ar zot, li swet zot enn bonn zourne ek tou dimounn  bien apresie li ». Ce veuf et père de famille explique qu’il a travaillé tantôt comme tailleur, tantôt comme jardinier, à l’usine et tout récemment comme agent de sécurité. Maintenant qu’il est à la retraite, c’est avec son ami Osman qu’il passe toutes ses journées. « Toule gramatin mo al get li kot li. Mo amen li partou kot li anvi ale apre mo retourn li parfwa tar. So fami kouma dir mo fami. Mo finn gayn enn frer »

Osman de son côté, explique que c’est à l’âge de 16 ans qu’il a perdu la vue. « Je n’avais aucun problème de santé. À l’époque, je travaillais déjà et puis un jour j’ai eu une forte fièvre et j’ai perdu la vue ». Ce fut un véritable choc pour pour toute sa famille et surtout pour son ami Iqbal. « Enn gran sagrin ti dan mwa kan mo finn aprann sa, lerla mem monn dir mo bizin pa abandonn li. » Pour Osman, il faut alors réapprendre à vivre avec son handicap et ne pas baisser les bras. « Au début, c’était très dur, mais par la suite, je me suis habitué à mon état. Je me suis dit que cela pouvait être pire. J’ai donc remercié le Créateur d’être en vie et je me suis dit que je devais quand même aborder la vie de manière positive. Je pense que j’ai aussi un rôle à jouer dans ce monde et que même en étant aveugle, je peux le faire ». 

Osman, qui a aussi des souvenirs de l’époque où il pouvait encore voir, nous relate que l’un de ses plus beaux souvenirs est le visage de sa mère. « Même si je suis aveugle aujourd’hui, c’est une des choses que je n’oublierai jamais. À chaque fois que je me suis senti mal, je pensais au visage de ma mère, ce visage réconfortant, rempli d’amour que j’ai connu depuis ma tendre enfance et c’est aussi la dernière personne que j’ai vue avant de perdre la vue ». Osman explique que cette dernière a l’a toujours soutenu. « Elle a toujours été là pour moi, dans tous les moments difficiles et jusqu’au dernier jour ». Sa mère est morte, il y a à peine un mois. Pour lui, sa mission était d’offrir et de partager beaucoup d’amour autour d’elle et elle s’en est allée, le devoir accompli. 

S’il y a une autre femme sur laquelle il peut compter aujourd’hui, c’est son épouse. Osman s’est marié à l’âge de 27 ans. Il explique qu’il a eu la chance de rencontrer une femme aussi compréhensive que son épouse. « J’avais déjà perdu la vue et même si elle n’est pas malvoyante, elle a décidé de mettre de côté mon handicap et de m’épouser. C’est l’un des plus beaux cadeaux que la vie m’a offerts. J’ai aussi eu la chance d’avoir de grands enfants et je dois dire que je ne peux me plaindre ». Effectivement, Osman est une personne remplie de positivité qui dégage une bonne humeur contagieuse. Il aime se faire des amis, aime le sport dont le football, nous explique ce fan de Manchester United. 

Aux personnes qui ont un handicap ou une quelconque difficulté, Osman tient à leur rappeler que la vie est un cadeau. « Être en vie, c’est ce qui est le plus important ». Il encourage les personnes en situation de handicap, de ne pas se terrer à la maison. « Il y a beaucoup de choses à faire dehors. Il y a des formations, des activités, des projets auxquels vous pouvez participer, mais le plus important, c’est d’être là pour les membres de la famille, car la famille ça n’a pas de prix »

On pourrait rester là, encore des heures à écouter Osman parler de la vie, de l’amour et des gestes humanitaires. Et oui, il y a des gens, comme Osman, que vous rencontrez parfois, qui vous rappelle l’essentiel…

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