
Le Premier ministre assure qu’une enquête impartiale déterminera les responsabilités et que des sanctions disciplinaires seront prises.
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Six policiers impliqués dans l’arrestation du journaliste Narain Jasodanand ont été mutés vers d’autres divisions, le temps d’une enquête interne ordonnée par le commissaire de police, a annoncé le Premier ministre Navin Ramgoolam, mardi 7 octobre, à l’Assemblée nationale.
Répondant à une question du député Khushal Lobine, le chef du gouvernement est revenu sur les circonstances de l’interpellation du journaliste, survenue fin août dans le cadre d’une enquête pour violation de l’Information and Communication Technologies (ICT) Act.
L’affaire remonte au 29 août 2025, lorsqu’une plainte a été déposée au Central Criminal Investigation Department (CCID) par la directrice de la Mauritius Investment Company à la suite d’un article publié sur Scoop.mu. Le 11 septembre, Tevin Sithanen, PDG d’Elysium Capital et fils de l’ex-gouverneur de la Banque de Maurice Rama Sithanen, a également porté plainte pour des publications le visant sur la même plateforme. Les deux affaires ont été enregistrées sous l’article 46(1)(ga) de l’ICT Act.
Selon le Premier ministre, les enquêteurs ont tenté à plusieurs reprises de contacter Narain Jasodanand sans succès avant d’organiser une case conference au CCID, « comme le veut la pratique », à l’issue de laquelle un mandat de perquisition a été obtenu auprès du tribunal de district de Curepipe.
Le 12 septembre, quatre officiers du CCID, accompagnés de la Divisional Crime Intelligence Unit, se sont rendus au domicile du journaliste. Munis du mandat, ils lui ont demandé de remettre ses équipements électroniques. « Narain Jasodanand se serait emporté et aurait jeté ses deux téléphones portables au sol », a rapporté Navin Ramgoolam. Les appareils ont été saisis pour expertise, ainsi que d’autres matériels informatiques.
Le journaliste a ensuite accompagné les enquêteurs au Cybercrime Unit, où il a reconnu être l’auteur des publications. Il aurait été informé de ses droits, notamment au silence et à une assistance légale, qu’il a exercé en contactant son avocat. À l’issue de son audition, ses téléphones lui ont été restitués et il a pu regagner son domicile. Les enquêtes se poursuivent.
Interrogé sur les instructions ayant conduit à la perquisition, le Premier ministre a précisé que le commissaire de police n’avait pas été informé de la décision des officiers subalternes.
Navin Ramgoolam a réaffirmé son attachement aux droits humains, qu’il a qualifiés de « socle de toute société civilisée », et condamné toute dérive policière. « Sous aucune circonstance, le gouvernement ne tolérera de violations des droits humains », a-t-il insisté, avant d’annoncer avoir saisi le commissaire de police pour une enquête approfondie. Des sanctions disciplinaires seront prises à l’issue de celle-ci.
L’Attorney General travaille sur l’élimination des accusations provisoires
Le Premier ministre a indiqué que l’Attorney General travaille à supprimer les accusations provisoires, comme prévu dans le programme gouvernemental, pour mettre fin aux abus constatés.
Interrogé par Khushal Lobine sur une réforme de l’article 46 de l’ICT Act afin de mieux protéger la liberté d’expression, Navin Ramgoolam a confirmé que toutes les dispositions seront examinées.
Réagissant à une déclaration du commissaire de police - « Nou finn fer seki nou bizin fer » - il a précisé au leader de l’opposition qui l’a interpelé, qu’elle concernait la saisie d’équipements après un incident imprévu. Quant à la protection des sources journalistiques, soulevée par Raviraj Beechook à la suite d’un jugement récent de la Cour suprême, le Premier ministre a reconnu la nécessité de vérifications, sans s’avancer davantage : « Il y avait des allégations et il fallait vérifier. »

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