Interview

Dr Michael Atchia: «L’examen de School Certificate est dépassé»

Les résultats aux examens du School Certificate (SC) sont maintenant publics. Le Dr Michael Atchia, pédagogue et ex-directeur du Bureau de l’éducation catholique (BEC) et Directeur de programmes aux Nations unies, nous livre ses impressions sur ces épreuves. Le taux de réussite aux examens du School Certificate (SC), à Maurice a connu une baisse ces dix dernières années, passant de 79,02% en 2005 à 72,43% en 2015. Qu’est-ce qui explique cette mauvaise performance, selon vous ? Le jeune d’aujourd’hui n’apprend pas qu’à l’école. L’autre école, celle qui est libre, est l’école de la vie, qui comprend parents, camarades de classe et de vie, presse, radios, Internet et autres médias, réseaux sociaux, expériences personnelles et le vécu. Ils sont de plus en plus importants dans la vie du jeune du 21e siècle. Or, l’examen du SC, qui est resté encore très académique, est dépassé par son contenu et des méthodes d’évaluation. Logiquement, les données de ces nouveaux pôles d’intérêts, le pourcentage de « pass » en SC traditionnel devrait continuer à baisser.
Comment êtes-vous arrivé à cette conclusion ? Le programme de cet examen prend en considération le côté gauche du cerveau humain, qui est le côté de la logique et du rationnel. À savoir, l’élocution, les mathématiques, l’analyse de détail, le temps et l’évaluation critique. Il ne prend pas en considération le côté droit du cerveau  qui est liée à la pensée intuitive et imaginative. Ils sont : la créativité, la découverte, l’innovation, le rythme et la musique, les émotions qui sont l’amitié, l’amour, les sentiments négatifs, la perception visuelle des couleurs; la pensée holistique ainsi que le traitement des similitudes, des différences et les relations.
[blockquote]« Grâce à une meilleure discipline, une application au travail plus assidu, les filles font mieux que les garçons »[/blockquote]
Croyez-vous que le programme d’études est trop élevé pour nos candidats ? Pas du tout trop élevé, mais bien trop académique, trop restreint, excluant des foules de domaines et d’intérêts et de vie. Une analyse des résultats montre que 145 élèves ont obtenu 6 unités sur 10 914 qui ont réussi. Comment évaluez-vous ce nombre ? Le candidat mauricien au top niveau est très fort, que ce soit en SC ou en Higher School Certificate (HSC), comparé aux meilleurs de Taiwan, de Hongkong, de Singapoour et de la Corée du Sud, où se trouvent les meilleures performances, évidemment mieux que la moyenne en Europe. Mais pour avoir 6 unités (donc le top mark dans ses 6 meilleures matières) l’année de la Form V de ces élèves a dû être une année où rien d’autre, ou presque rien d’autre, ne s’est fait. Pourquoi, selon vous, les filles font toujours mieux que les garçons ? Ce n’est pas pour rien que les organisations comme WIN/WIP regroupant Paula Atchia et les autres, se battent pour la parité entre hommes et femmes au Parlement, que l’Institute of Directors avec Jane Valls et les autres, pour la place de la femme au niveau de la direction des entreprises. Grâce à une meilleure discipline, une application au travail plus assidu, les filles font mieux que les garçons. Je l’ai découvert à travers mes 10 années passées comme enseignant au Queen Elizabeth College (QEC) dans les années 70, ma première affectation de longue durée dans l’éducation. Il y avait aussi le facteur d’humilité qui fait que la fille de 15-17 ans est plus apte à reconnaître et à accepter de bons conseils, surtout comment apprendre et comment travailler. Alors que les jeunes garçons du même âge sont bien plus arrogants et « konn tou » prennent ce genre de conseils de loin ! Est-ce que le manque de discipline dans les collèges est un facteur qui explique la baisse dans le taux de réussite ? Certes, oui. L’initiative du ministère de l’Education qui est de proposer un code de conduite et de discipline doit être saluée. Cependant, le fossé entre ce qui est proposé sur papier et la réalisation est très grand. Des séances de méditation, de ‘self–discipline’, de ‘life management’ et de travail volontaire par petits groupes devraient se faire pour aider les élèves. Il y a environ 4 000 candidats qui ont échoué le SC. Est-ce que les leçons particulières ne sont finalement pas une nécessité, voire une obligation pour les élèves qui ont une carence académique ? Les études académiques telles que proposées par le curriculum du SC ne conviennent pas à beaucoup d’intelligences non-académiques, d’où ce fort taux d’échec. Nous avons beaucoup d’intelligences multiples, mais dans la pratique, des cursus scolaires et des examens de passages appropriés ne sont pas encore là. Un cursus scolaire mettant en avant des activités préprofessionnelles et professionnelles serait approprié aux élèves issus de collèges au bas de l’échelle académique. Ces établissements obtiennent généralement un taux de réussite de moins de 25%. Ce cursus concerne principalement les élèves de 14/15 ans et correspond aux aptitudes de ces derniers. Ils ont, par ailleurs, plus de chances de réussir dans ces activités et peuvent ainsi faire grimper le taux de réussite de ces collèges à 90%. Des cours en ce sens sont disponibles à Maurice. Je salue aussi l’initiative des autorités d’introduire des cours de rattrapage quand et où cela est nécessaire, à la place des leçons particulières.
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