
À 69 ans, Devi, habitante de Cassis, perd sa fille puis près de Rs 855 000 dans une arnaque. Brisée, elle demande justice après six ans de silence.
Mariée depuis plus de 45 ans, mère de cinq enfants et grand-mère de quatre petits-enfants, Devi, 69 ans, croyait avoir connu les pires épreuves de la vie. Mais le sort s’est acharné. En 2016, sa fille aînée, Padmini, est victime d’une grave attaque. Paralysée du côté gauche, elle devient entièrement dépendante. Malgré le choc, Devi se dévoue corps et âme à sa fille, l’accompagnant dans chaque traitement, chaque espoir, chaque douleur.
Publicité
Trois ans plus tard, en 2019, la famille décide de tenter le tout pour le tout : faire soigner Padmini à l’étranger. Pour financer ce projet, Devi et son époux vendent un terrain situé dans le Nord, hérité par ce dernier. La vente leur rapporte environ Rs 1,8 million. Mais la procédure notariale s’éternise. Entre-temps, Padmini décède. L’argent est finalement versé à la famille… un mois après le décès.
Le retour de « Garson »
Alors qu’elle tente de faire son deuil, Devi croise de nouveau la route de Dharmesh, alias « Garson ». Ce dernier est, selon elle, le fils d’un camarade d’enfance de la famille, disparu des radars depuis des années. C’est lors des cérémonies en mémoire de Padmini que leurs chemins se recroisent.
« Li ti vinn lanterman, li ti koumans vinn bien pros ar nou. Li pena mama ni papa… li dir nou li trouv nou kouma so fami », confie Devi.
Mais cette compassion n’était, selon la sexagénaire, qu’un masque dissimulant une arnaque bien orchestrée.
La promesse d’un nouveau départ
Peu de temps après, Dharmesh évoque une maison à vendre à Rose-Hill. Une belle bâtisse blanche, bien clôturée, au prix « imbattable » de Rs 4 millions. Le propriétaire serait à l’étranger, rendant toute visite impossible — un détail qui n’alerte pas Devi.
Fragilisée par la mort de sa fille et l’état de santé déclinant de son mari atteint d’Alzheimer, Devi se laisse convaincre. Dharmesh la fréquente de plus en plus, notamment en l’absence de ses enfants. Il insiste pour garder la transaction secrète.
« Li ti dir mwa toultan nou pou pans Padmi kan nou pou reste dan sa lakaz-la. Li ti dir fer enn sirpriz mo zanfan, kan mo gagn lakle, mo kapav dir zot. Li la pou ed mwa. »
Rs 855 000 envolées
Dharmesh revient vers elle avec un trousseau de clés : l’espoir d’un nouveau départ renaît. Le 2 juillet 2019, Devi lui remet Rs 150 000, censées couvrir les frais de rénovation.
Mais ce n’est que le début : Rs 155 000, le 12 juillet ; Rs 200 000, le 22 juillet ; Rs 200 000, le 2 août ; et Rs 150 000, le 21 août.
Au total, Devi remet Rs 855 000 à l’homme, persuadée de faire un bon investissement. Il finit par récupérer les clés, prétendant qu’elles sont nécessaires pour poursuivre les travaux. Puis il réclame encore Rs 500 000. Devi refuse.
« Li dir bizin ankor 500 mil roupi. Mo finn refize. Apre sa, linn disparet. Li ti pran lakle, li dir nou prepare pou rant dan lakaz. Me linn disparet ek donn tou kalite pretex. »
Pendant six longues années, Devi garde le silence. Par honte, peur ou espoir qu’il revienne. Mais en apprenant que Dharmesh aurait fait d’autres victimes, elle décide de parler.
Le mardi 30 juillet 2025, elle se rend au poste de police de Line Barracks, accompagnée de son avocat, Me Anupam Kandhai, pour déposer une plainte pour escroquerie.
Un homme d’affaires également floué
Ce n’est pas un cas isolé. Le 4 juillet 2025, un homme d’affaires de 52 ans, importateur d’articles religieux dans le Sud, porte lui aussi plainte contre Dharmesh. L’escroc lui aurait promis des produits importés d’Inde à prix réduit. Convaincu, il lui remet Rs 1,35 million entre janvier et mai 2025, sous forme de chèques, virements bancaires et espèces.
Mais les articles ne sont jamais livrés. À chaque tentative de contact, l’épouse de Dharmesh aurait répondu : « Li dan lind. »
Le combat judiciaire débute
Me Kandhai affirme que l’affaire ne s’arrêtera pas là. Une action civile est aussi en cours de préparation. « C’est révoltant. Ma cliente a déjà traversé de lourdes épreuves. Et aujourd’hui, elle devient la cible d’un abuseur récidiviste. Il est impératif que justice soit rendue », déclare-t-il.
« Mo lavi finn brize… »
Aujourd’hui, Devi ne reconnaît plus sa vie. « Mo mari pa rekonet dimounn, linn perdi memwar. Mo tifi pa la. Mo fatige, mo strese, mo pa trouv nanyen. Mo pa ti kwar mo pou perdi tou sa kas-la dan sa manier-la. »
Elle vit dans la peur et la méfiance. Mais son objectif reste clair : que Dharmesh réponde de ses actes devant la justice. « Sa eskro-la li pena leker, li profit nou maler. La polis bizin met li dan prizon pou sa pa ariv enn lot fami », lance-t-elle.
Selon des sources policières, Dharmesh a récemment été arrêté par la police de Vacoas dans une autre affaire d’escroquerie, cette fois impliquant l’importateur religieux du Sud. Il aurait été relâché sous caution.
Appel à la vigilance
Les témoignages de Devi et de l’homme d’affaires mettent en lumière une réalité troublante : des individus sans scrupules exploitent la détresse des autres pour soutirer de l’argent. Il devient urgent de renforcer les mécanismes de prévention contre ces formes d’arnaques, qu’elles soient affectives ou commerciales.
En attendant, Devi tente de se reconstruire avec le soutien de ses proches. Son seul souhait désormais : que justice soit rendue, et que son histoire serve d’avertissement.

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !