Economie

Niveau le plus bas depuis 24 ans: le taux d’inflation reflète-t-il la réalité des dépenses ?

Le taux d’inflation est passé en dessous de la barre de zéro en février, se chiffrant à -0,5 %, selon Statistics Mauritius. Du jamais vu en 24 ans. Mais ce taux reflète-t-il réellement ce que dépensent les Mauriciens ? Décortiquons. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"12781","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-21061","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"585","alt":"Taux d\u2019inflation"}}]] L’indice des prix à la consommation était de -0,5 % en février. C’est ce qu’indique Statistics Mauritius dans son bulletin mensuel en date du 8 mars. La dernière fois que le taux d’inflation est entré en territoire négatif remonte à janvier 1992. Selon les archives de l’agence de données, cette situation s’est produite plusieurs fois dans les années 80’. Le taux d’inflation mesure l’évolution des prix sur une base annuelle. Ce chiffre indique le coût de la vie sur une durée d’un mois par rapport au mois correspondant l’année précédente. Si le taux est positif, cela signifie que les prix ont augmenté. Un taux négatif implique que les prix sont plus bas que ceux de la période correspondante l’année précédente. Et quid d’une inflation à -0,5 % ? « Ce chiffre ne reflète pas la réalité. Statistics Mauritius doit revoir sa méthodologie pour calculer le taux de l’inflation », affirme, d’emblée, Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs. « En 2016, la situation est tout autre. Si les prix ont baissé, comment expliquer que des familles sont endettées ? C’est simple :  Les salaires ne sont pas suffisants pour acheter les denrées de base et les produits de consommation. »

« Salaires pas suffisants »

Suttyhudeo Tengur explique que le panier de dépenses d’une famille comprend diverses catégories. « Le prix des manuels scolaires a augmenté de même que le coût des leçons particulières. Idem pour les loisirs. Ces hausses démontrent que les chiffres actuels de Statistics Mauritius ne sont pas corrects. » Maurice est un importateur net de produits alimentaires et de consommation, de produits pétroliers et d’équipements. Le déficit commercial annuel en est la preuve. En 2016, Statistics Mauritius estime que les importations devraient atteindre Rs 171 milliards, contre Rs 168 milliards l’année précédente. Les produits pétroliers représentent 12,1 % de la facture totale des achats. Donc, logiquement, si les prix à l’international augmentent, l’inflation serait en hausse. « Le taux de change par rapport au dollar est également en hausse », précise Suttyhudeo Tengur. Est-ce que Statistics Mauritius devrait établir un nouveau barême ? La question ne se pose même pas, à en croire un analyste. Car les 12 catégories du panier de consommation sont bien définies. L’agence de données comptabilise les prix de 7 000 produits et services. à commencer par celui des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées, de loin la principale catégorie. Chaque mois, les préposés de l’agence vérifient les prix d’environ 5 000 produits – frais, frigorifiés et sur les étagères des supermarchés – soit 27 % du panier de la ménagère. Pour les cigarettes et les boissons alcoolisées, il y en a quelque 250. Peut-on expliquer cette contraction de 0,5 % dans les prix ? C’est logique, affirme-t-on dans le milieu. Le premier exemple mis en avant est la baisse du prix à la pompe de l’essence et du diesel, deux carburants qu’utilisent les Mauriciens. Le litre d’essence est passé à Rs 38,85, le 4 février dernier, contre Rs 41,35. Le prix d’un litre de diesel a chuté de Rs 3,25 pour passer à Rs 29,50. « Les carburants comptent pour 4,4 % du panier de consommation du Mauricien. Une chute de prix d’une telle ampleur serait donc visible en calculant l’inflation », commente un analyste des indicateurs économiques.

« L’offre surpasse la demande »

Cette année, avec les pluies estivales, nous avons assisté à une majoration conséquente des prix des légumes. Vu que nombre de champs ont été inondés, le ministère de l’Agro-industrie s’est vu contraint d’octroyer des permis d’importation pour les carottes. étant donné que les fruits et les légumes ne représentent que 4,5 % du panier de la ménagère. Sur le plan national, au-delà des polémiques sur le cours réel de l’indice, une inflation à -0,5 % prouve que les entreprises se retrouvent dans l’obligation de réduire les prix pour inciter les Mauriciens à acheter. C’est un signe que l’économie mauricienne n’est pas au summum de sa forme et que le Mauricien hésite avant de mettre la main à la poche. Dans son rapport sur l’indicateur de confiance au sein des entreprises, la Mauritius Chamber of Commerce and Industry souligne, à juste titre : « L’économie mauricienne est, depuis quelque années, dans une phase où l’offre est supérieure à la demande, marquée par la désinflation et la non-inversion de la courbe de chômage... »
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