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Permis à 8 points pour jeunes et motocyclistes

Près d'un mort sur deux est un motocycliste.

Près d’un mort sur deux sur nos routes est un motocycliste. La plupart sont jeunes. Trop souvent, les motocyclistes sont indisciplinés. Alors que le permis à points fera son grand retour en janvier 2026, une question brûle : faut-il persister avec un permis unique pour tous, ou instaurer des permis à points différenciés – dont un spécifiquement pensé pour les deux-roues ?

À l’heure où le gouvernement s’apprête à lancer une version modernisée et numérisée du permis à points, il faut énoncer un principe clair : tous les conducteurs n’ont pas le même profil, ni le même niveau de risque. Vouloir les traiter de façon identique relève d’une égalité de façade qui rate l’essentiel : la prévention efficace passe par la différenciation.

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Depuis des années, nos routes vivent sous le signe d’une indiscipline chronique, surtout par des jeunes, que ce soit au volant ou à moto. Dans cette anarchie, le deux-roues tient une place centrale : feux rouges brûlés à répétition, pots d’échappement trafiqués qui font trembler les vitres et écornent les oreilles, zigzags entre les voitures ou encore fuites organisées à la vue de la police. Ce n’est pas une exception. C’est devenu la norme.

Le retour du permis à points est censé être un tournant : plus de contrôle, plus de suivi, plus de responsabilisation. Mais une question cruciale se pose : cette réforme sera-t-elle capable d’adapter la règle au risque réel, ou se contentera-t-elle d’un modèle uniforme, aveugle aux réalités du terrain ?

Si la réforme n’est qu’un lifting administratif, elle manquera sa cible. Elle échouera même. La réforme ne sera pleinement utile que si elle repose sur un principe simple et rationnel : adapter le système aux réalités concrètes des comportements routiers. Si elle s’attaque avec lucidité à la dérive routière la plus visible de notre époque – l’anarchie motocycliste –, alors elle prendra tout son sens. 

Sans détours, cette réforme doit frapper là où le danger est le plus mortel. C’est à ce prix – et seulement à ce prix – qu’elle pourra faire baisser le nombre de victimes sur nos routes. Un permis à points différencié, plus strict, ciblé sur les deux-roues, n’est pas une option. C’est une obligation. Et les trois comités techniques travaillent sur la réforme, incluant le ministère des Transports terrestres, le PMO, la police et la Traffic Management & Road Safety Unit (TRMSU) n’ont plus le luxe de l’ignorer. Ils doivent avoir le courage d’ouvrir ce chantier. L’indiscipline exige des mesures fortes. Pas des demi-mesures.

Pourquoi ne pas envisager :

  • un permis à 15 points pour les automobilistes de plus de 30 ans,
  • un permis à 8 points pour les automobilistes de moins de 30 ans,
  • un permis à 8 points pour tous les motocyclistes.

Les infractions communes seraient bien entendu maintenues, mais des sanctions spécifiques seraient appliquées aux conducteurs et aux motards.

Cette approche n’est pas nouvelle : elle est pratiquée dans plusieurs pays. Un conducteur de 18 ou 20 ans, titulaire d’un permis moto depuis quelques mois, n’a ni l’expérience ni le recul nécessaires pour circuler dans un environnement complexe. Appliquer dans ce cas le même barème qu’un automobiliste de 45 ans constitue un contresens pédagogique.

En France, les jeunes conducteurs commencent avec 6 points au lieu de 12 pendant la période probatoire.

En Australie, le retrait de permis est automatique après deux infractions pour les 18–24 ans.

À Singapour, des dispositifs spécifiques ciblent les conducteurs de deux-roues, indépendamment de l’âge.

La logique est toujours la même : prévenir par la fermeté, et non réagir après l’irréparable.

Une mesure de prévention ciblée

Réduire à 8 le nombre de points initialement attribués à un conducteur de deux-roues de moins de 30 ans n’est pas une punition. C’est une barrière de sécurité comportementale.

Elle permet :
d’intervenir plus tôt dans les trajectoires à risque, de suspendre provisoirement un permis avant que le comportement dangereux ne provoque un drame, d’envoyer un signal clair : « Votre marge d’erreur est réduite, parce que les conséquences de vos erreurs sont graves. »

Une grille proportionnée

Il ne s’agit pas de piéger le motard, mais de lui imposer des limites claires. Voici quelques repères essentiels que le comité au ministère de tutelle peut étudier :

  • Non-port du casque ou casque non homologué : -2 points
  • Transport à trois : -2 points
  • Circulation de nuit sans gilet : -2 points
  • Moto trafiquée / pot bruyant : -4 points + saisie définitive à la deuxième infraction
  • Slalom / contresens / refus d’obtempérer : -4 points
  • Brûler le feu rouge : -4 points

Avec un permis à 8 points pour les jeunes, deux fautes majeures suffisent à enclencher la suspension. Les autorités doivent être intraitables face aux motos trafiquées, dont le vacarme est parfois insupportable. Dès la deuxième infraction, il faudrait procéder à la saisie pure et simple, suivie d’une vente à l’encan ou d’un envoi direct à la casse. Si elles continuent à fermer les yeux et à se boucher les oreilles, il y aura bientôt plus de motos modifiées sur nos routes que de modèles d’origine.

Une police à rééquiper 

On ne peut exiger de la police qu’elle agisse si on ne lui en donne pas les moyens. Il faut :

  • des unités mobiles à moto pour les poursuites,
  • des radars sonores pour détecter les engins trafiqués,
  • une base de données numérique des récidivistes,
  • des PV électroniques immédiats, valables même en cas de fuite.

Il faut rendre à l’uniforme sa légitimité. Sinon, les motards continueront de régner sur l’espace public sans contrainte.

Cette réforme doit apporter un message fort à la société : Que l’État ne tolérera plus que certains roulent au-dessus des lois. Et que la route, ce lieu de vie partagée, redevienne ce qu’elle aurait toujours dû être : un espace de responsabilité.

Motocyclistes : les grands perdants de la route

Alors que le nombre total d’accidents de la route et de victimes connaît une évolution en dents de scie, les motocyclistes demeurent la catégorie la plus exposée et la plus meurtrie. Les chiffres 2024 confirment une tendance lourde : rouler à deux-roues à Maurice, c’est risquer bien plus que tout autre usager de la route.

Chiffres à l’appui : une surmortalité évidente

➤ Décès
En 2024, 66 décès concernent les conducteurs ou passagers de motos/autocycles.
Cela représente près de 50 % de l’ensemble des morts sur les routes, alors que les deux-roues constituent 35 % du parc motorisé.
➤ Blessés
Les motocyclistes représentent :

  • 34,8 % des blessés toutes catégories confondues (1 053 sur 3 029),
  • 70 cas mortels, 260 blessés graves, 951 blessés légers (2024),
  • En très légère baisse comparée à 2023 (1 132 blessés en tout).

Accidents de la route : +8,5 % en un an

En 2024 : 39 485 accidents recensés (+3 085 par rapport à 2023).

Parmi eux :

  • 37 179 accidents sans blessés (+9,6 %),
  • 2 306 accidents avec blessés ou décès (baisse de 7,2 %),
  • 125 accidents mortels (-3,8 %).
  • Le taux d’accidents par 100 000 habitants est passé de 2 994 (2023) à 3 287 (2024).

Moins de morts, mais toujours trop

134 décès en 2024, contre 138 en 2023.

Le taux de mortalité routière est passé de 11,4 à 11,2 pour 100 000 habitants.

Les victimes les plus touchées :

  • 66 motocyclistes ou passagers (49 % des décès),
  • 24 piétons,
  • 17 passagers de véhicules légers.
     

De nouvelles perspectives

À travers ses récentes déclarations à la presse, le ministre des Transports terrestres, Osman Mahomed, met en lumière les défis majeurs que devra relever la réforme du permis à points et ouvrent de nouvelles perspectives sur la manière d’adapter le système aux comportements réels des conducteurs.

Retour du permis à points 

  • Le système sera totalement repensé par rapport à celui de 2015.
  • Départ à zéro point pour chaque conducteur.
  • Des points seront ajoutés selon la gravité des infractions.
  • Seuil maximal : 15 points. Une fois atteint, suspension automatique du permis pour six mois (proposition en cours d’étude).
  • Trois comités techniques travaillent sur la réforme, incluant le ministère des Transports terrestres, le PMO, la police et la TMRSU.

Numérisation complète

  • Fin de la  Driving License Counterpart en version papier.
  • Mise en place d’un permis à points numérique, géré par une infrastructure technologique moderne.
  • Objectif : couvrir environ 700 000 permis de conduire.

Renforcement de l’application des lois

  • Des opérations de répression policières (crackdown) sont prévues pour dissuader les infractions.

Pré-permis obligatoire en projet

  • Introduction d’un système de « pre-licensing », en amont de l’obtention du permis.
  • Programme mis en place par le MITD, comprenant quatre volets de formation.

 

 

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