Les consommateurs devront prendre leur mal en patience. Les prix des légumes continueront à grimper au fil des semaines. Ce n’est pas avant deux mois et demi que la production retournera à la normale à condition que le temps ne se détériore pas par la suite.
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Cascade d’augmentation des prix à l’horizon
Depuis la semaine dernière, les prix de plusieurs légumes ont grimpé en flèche. On enregistre les plus fortes fluctuations sur la pomme d’amour, le chou, le concombre, la courgette, entre autres.
« Les prix devraient augmenter de nouveau, soit de l’ordre de 30 %, dans une dizaine de jours », indique Kreepalloo Sunghoon, secrétaire de la Small Planters Association. À titre d’exemple, il faudra compter entre Rs 80 et Rs 90 pour un demi-kilo de pomme d’amour.
Évolution des prix
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Produits alternatifs : la vente grimpe jusqu’à 40 %
« Les gens se tournent vers les produits alternatifs car les prix des légumes frais sont élevés et la production est moindre. Les clients achètent notamment des légumes surgelés et des tomates en conserve dont les ventes ont grimpé de 20 % et 40 % respectivement ces derniers jours », indique Nicolas Kan Wah, ‘Manager’ chez London Way.
Comparaison des prix
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*Prix au demi-kilo.
Des pertes de Rs 350 M pour les planteurs
Sur un arpent de terre, un planteur investit au moins Rs 50 000. « Avec les 5 000 arpents affectés, c’est Rs 350 millions d’investissement qui sont perdues. Avec les 2 000 arpents additionnels qui seront endommagés, les pertes totaliseront Rs 500 millions », souligne Kreepalloo Sunghoon. Des dégâts que les planteurs comptent aborder durant une rencontre ce week-end. « Les planteurs doivent nettoyer, fertiliser à nouveau, réensemencer les terres avant de pouvoir planter des légumes. Ils ont donc besoin d’investissement, d’appui technique et de partage d’information pour qu’ils ne retrouvent pas tous à planter le même produit. Lors de la réunion, nous allons nous pencher sur les solutions à apporter », avance notre interlocuteur. À savoir que les planteurs comptent renouveler leur demande aux autorités afin qu’ils puissent récupérer au moins 70 à 75 % de leur investissement. « Les planteurs qui prennent une assurance avec le Small Farmers Welfare Fund n’obtiennent que Rs 5 000 comme compensation. Ce qui est peu comparé à l’investissement qu’ils consentissent. D’où nos demandes dans le passé pour augmenter cette compensation », ajoute Kreepalloo Sunghoon. Notons que l’on compte 8 000 planteurs de légumes à Maurice.
Les 3 facteurs sous-jacents à la hausse des prix
(1) Consommation en hausse
« Il est courant que la consommation des légumes augmente en janvier car après des repas copieux durant les festivités, les consommateurs ont tendance à privilégier les produits frais », explique Farad Sayfoo, responsable du département de légumes et de fruits chez Winner’s. Par ailleurs, ajoute-t-il, un certain nombre de Mauriciens entreront ce mois-ci en période de jeûne en marge du Cavadee et du Maha Shivaratree. « Ce qui fait que la consommation devrait augmenter davantage », fait ressortir Farad Sayfoo. Kreepalloo Sunghoon donne une autre explication à cette hausse de la consommation : « Quand il fait mauvais temps, les consommateurs savent que les prix vont grimper, donc ils achètent plus de légumes en vue de faire des réserves ».
(2) 5 000 arpents de légumes détruits par la pluie
« Sur 15 000 arpents sous culture de légumes, un tiers, soit 5 000 arpents, ont été affectés par les fortes pluies », indique Kreepalloo Sunghoon. Et c’est loin d’être terminé. « Il y a eu accumulation d’eau dans plusieurs champs. Quand le soleil refera son apparition, les racines de plusieurs légumes vont pourrir. Il faudra s’attendre à ce que 2 000 arpents additionnels soient affectés », explique Kreepalloo Sunghoon. Ce qui implique moins de légumes sur le marché. « Quand l’offre diminue, les prix sont tirés vers le haut. D’ailleurs, depuis la semaine dernière, les prix ont grimpé de 20 à 25 % », souligne Farad Sayfoo.
(3) Vers une période de pénurie
« Nous entrerons bientôt dans une période creuse. Pendant plus d’un mois, il y aura moins de légumes et les prix continueront à grimper. Il faudra deux mois et demi avant que la production ne retourne à la normale, à condition qu’il n’y ait pas de mauvais temps », prévient Kreepalloo Sunghoon. À titre d’exemple, il faut 80 à 90 jours pour produire de nouvelles pommes d’amour et 40 jours pour les haricots. Autre exemple : l’aubergine et le piment entreront dans une période de végétation. « En d’autres mots, ils produiront plus de feuilles. Ce qui fait qu’ils prendront plus de temps pour faire des fleurs et des fruits, soit environ 25 à 20 jours », ajoute notre interlocuteur.
Vite Dit
Ces légumes les plus affectés par les fortes averses
Pratiquement tous les légumes, mais principalement la courgette, le pâtisson, la carotte, la pomme d’amour.
Ces légumes qui se feront rares sur le marché
Pomme d’amour, haricot, voème, calebasse, margose, patol, pipengaille, légumes fins.
Ces légumes dont les prix resteront stables
Brède (chouchou, giraumon, mouroum), arouille, lalo
Les régions sous culture les plus affectées par les fortes pluies
- Plateau central : La Marie, Vacoas, Plaine Sophie, Nouvelle Découverte, Henrietta
- Est : Flacq, Trou d’eau Douce, Palmar, Belle Mare
- Nord : Triolet, Montagne Longue, Mont-Choisy
- Sud : Riambel, Pomponette
Mala Payendee, gérante d’un ‘ti bazar’ à Rose-Hill : «Les consommateurs diminuent la quantité de légumes achetés»
« Il y a moins de légumes et ils sont chers et leurs prix devraient augmenter davantage la semaine prochaine. Malgré tout, la clientèle n’a pas diminué et répond présent », explique Mala Payendee, gérante d’un ‘ti bazar’ à Rose-Hill. Seule différence notée : les clients ont diminué la quantité de légumes qu’ils achètent habituellement.
« Au lieu de prendre un kilo, ils ne prennent que demi-kilo ou un quart de tel ou tel produit », souligne-t-elle. Qu’achètent-ils ? Carotte, chou, pomme d’amour, pomme de terre, aubergine, haricot de préférence.
Questions à…Suren Surat, ‘Managing Director’ de SKC Surat : «Nous envisageons d’importer environ 100 tonnes de légumes»
Les prix des légumes augmenteront chaque semaine, prévient Suren Surat, ‘Managing Director’ de SKC Surat. Pour certains produits, avance-t-il, l’importation devra être envisagée.
Suite aux fortes pluies, les prix des légumes ont grimpé. Quelle est la situation au juste ?
Les prix ont augmenté et la hausse varie dépendant des produits. Si les légumes sont toujours disponibles sur le marché, leur volume a, toutefois, diminué. Comme la demande dépasse l’offre, les prix ont grimpé. Cette baisse de volume se fera sentir davantage dans les prochaines semaines. Les prix continueront à augmenter progressivement chaque semaine.
Votre compagnie approvisionne les grandes surfaces et les hôtels en légumes frais. Y a-t-il des chamboulements au niveau de l’approvisionnement ?
Pas pour le moment dans la mesure où les produits sont disponibles. Par contre, il faut prendre des dispositions car la pénurie de certains légumes se fera sentir dans les semaines qui viennent. Nous sommes justement en train de travailler sur une demande pour un permis d’importation de légumes. D’autant plus que la demande est très forte en cette période avec la haute saison touristique et la période de jeûne qui va démarrer. Il faudrait que les autorités ne tardent pas à approuver la demande car cela prend plusieurs semaines pour que les produits importés se retrouvent sur le marché.
Combien de tonnes de légumes envisagez-vous d’importer ?
Il faudra importer environ une centaine de tonnes de légumes dans un premier temps. À l’approche des fêtes religieuses, il faudra en importer davantage.
Quels sont les légumes qu’il faudra importer en priorité ?
Il faudra importer des légumes qui prennent plus de temps à pousser : carottes, chou, betterave, mais aussi des légumes fragiles tels que la laitue et les herbes fines.
À quand un retour à la normale ?
Certains légumes poussent vite notamment les herbes fines et les laitues (six semaines environ), alors que d’autres notamment la carotte prennent plus de temps (deux mois et demi voire trois mois). La situation devrait retourner à la normale d’ici deux à trois mois à condition toutefois qu’il n’y ait pas de cyclone et de pluies torrentielles dans les jours ou semaines à venir.
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