Que les grands pontes du secteur privé s’élèvent contre le projet de décentralisation de la capitale vers Heritage City n’étonne personne.
Leur seul et unique objectif étant la sauvegarde de leur business et la maximisation à tout prix de leurs profits, en prenant le minimum de risques possibles. Leur contrat en béton signé avec l’État pour la production de l’énergie électrique en est d’ailleurs l’exemple flagrant.
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"10479","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-19082","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"274","alt":"Inondations"}}]]Cependant, il n’y a pas lieu d’être expert en urbanisation pour constater qu’en termes d’habitations, de bureaux, d’espace commercial, Port-Louis est déjà fortement saturé. Mais, sous l’ancien régime, les autorités trouvaient toujours les moyens d’octroyer de nouveaux permis pour la construction de grands bâtiments dans le centre de la capitale. Il était même prévu d’introduire le métro léger – projet estimé à plusieurs dizaines de milliards de roupies – afin de fluidifier l’accès vers Port-Louis, alors qu’avec la décentralisation, le problème d’embouteillage, qu’aucun gouvernement n’a pu régler jusqu’ici, sera bel et bien chose du passé. Certes, le projet de délocaliser les activités économiques et professionnelles de la capitale ne date pas d’hier. Divers programmes gouvernementaux des régimes qui se sont succédé à la tête du pays ces dernières décennies en font mention. Mais, là où le bât blesse, c’est lorsqu’il s’agit de passer de l’intention à l’action.
C’est ainsi que le rapport intitulé Study of Land Drainage System in Mauritius, rédigé par la société GIBBS en 2003 et faisant mention de 326 zones exposées aux inondations, n’est jamais sorti du tiroir. Ces zones vulnérables comprennent notamment plusieurs régions dans les districts du Nord – Pamplemousses et Rivière du Rempart –, mais aussi Port-Louis, particulièrement la région entre Cité Vallijee et GRNO, c’est-à-dire Canal Dayot. Ce quartier résidentiel avait pourtant, entre 2003 et 2013, connu des inondations à plusieurs reprises.
Le rapport avait même proposé un plan global d’aménagement des drains étalé sur cinq ans et la création d’un Land Drainage Coordination Committee, institution qui a finalement été dissoute quelques années après sa mise sur pied. De même, la trentaine de recommandations formulées par le juge Domah dans son rapport, soumis suite aux inondations de mars 2008 qui avaient fait deux victimes à Mon-Goût, n’ont jamais obtenu l’attention prioritaire des autorités comme cela aurait dû être le cas. Le juge avait également énuméré les causes à l’origine d’un mauvais système d’évacuation d’eau, notamment des morcellements effectués sans planification convenable, l’absence de suivi des projets, la mauvaise qualité des drains, etc. L’on se demande à quoi servent réellement les études et rapports qui engloutissent des moyens financiers exorbitants puisés des fonds publics !
Vu la topographie de notre île – une inclinaison constante du terrain du Plateau central vers la mer –, des pluies torrentielles ne devraient normalement pas poser de graves problèmes à Maurice. Or, si nos drains et cours d’eau sont constamment obstrués, cela découle principalement d’une irresponsabilité chronique à divers niveaux – celle des citoyens certes, mais aussi des collectivités locales et de l’administration centrale.
Mais il n’y a pas que les politiques, qui, bien évidemment, ne peuvent se dérober lorsque surviennent des catastrophes suite aux décisions qu’ils ont ou n’ont pas prises. Il y a aussi, les techniciens, les exécutants. En effet, de la compétence, mais aussi de la probité de ces derniers dépend la qualité des travaux effectués. Il va de soi que, si le niveau du Port-Louis Waterfront jouxtant la mer est plus élevé que celui de la Place d’Armes, la cuvette ainsi formée à la jonction serait complètement et rapidement envahie et inondée dans le cas où le système de drainage est défaillant ou n’existe pas.
Il est inconcevable qu’une zone si stratégique de la capitale, située à quelques mètres seulement de la mer, se retrouve sous plus d’un mètre d’eau après quelques heures d’averses. S’il est vrai que depuis les inondations de mars 2013, un cut-off drain a été construit à cet endroit – après la mort, la tisane –, qu’en est-il d’autres endroits de la capitale tels La Chaussée, les rues Edith-Cavell, Bourbon, Royale... ?
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