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Greffe de la cornée à Apollo Bramwell: Shamima recouvre la vue après 17 ans

Impossible de résumer l’histoire de Shamima en deux phrases. Cette femme de 35 ans a broyé du noir pendant 17 ans avant de recouvrer la vue. Voici son histoire, remplie d’essais et d’échecs. Rencontre avec une battante qui n’a pas froid aux yeux... Shamima Bibi Haleem n’a que 18 ans quand on lui diagnostique une maladie dégénérative oculaire du nom de kératocône (voir encadré). La jeune femme, aujourd’hui âgée de 35 ans, perd alors, peu à peu, la vue. « Je ressentais comme une poussière dans l’œil et j’avais du mal à voir les images de la télé. Le médecin n’a pu m’expliquer ce qui avait provoqué cela. Je prenais des cours de couture et je travaillais à l’époque. J’ai dû cesser toutes mes activités. Je m’occupais aussi de mon père handicapé, qui est maintenant décédé. J’ai cru que je n’allais jamais m’en sortir…»
S’il existe bel et bien, à l’époque, une intervention pouvant l’aider à ne pas perdre la vue, sa famille n’a, toutefois, pas les moyens de la financer. C’est grâce à l’aide de sa mère et à la détermination de son mari que la jeune femme finit par trouver un traitement approprié. « Je portais des lentilles. Puis elles sont devenues gênantes et douloureuses. J’ai peu à peu perdu la vue. Tout n’était que brouillard autour de moi. Nous nous sommes rendus à l’hôpital de Moka. J’étais sur une liste d’attente, à la 52e place », relate Shamima.

« Les voir grandir »

Mais la jeune femme n’en peut plus d’attendre. « J’ai deux enfants. À l’époque, je ne pouvais pas distinguer leurs traits. Je me suis dit que je devais absolument recouvrer la vue pour les voir grandir. » Mari et femme lancent alors un appel de solidarité sur les ondes de Radio Plus et dans les colonnes de la rubrique Xplik ou K. Il leur faut trouver Rs 170 000. Somme qu’ils parviennent à réunir grâce à la générosité du public. Intiaz, l’époux de Shamima, se dit, d’ailleurs, très reconnaissant envers ces personnes. « Des associations et des gens ont compris notre douleur. C’est grâce à eux que nous avons pu commencer des traitements à l’hôpital Apollo Bramwell », confie-t-il.

Greffe de la cornée

Le principe visant à greffer une cornée est simple. Il s’agit de remplacer la partie centrale de la cornée malade par la même partie d’une cornée saine d’un donneur décédé. L’intervention peut être effectué à Maurice, à l’hôpital de Moka, comme dans les cliniques privées. C’est vers le département ophtalmologique de l’hôpital Apollo Bramwell que Shamima et son époux se sont tournés. Ce département a connu d’importants développements, surtout dans le domaine des traitements de la cornée. La greffe a été réalisée par le Dr Bharti Sharma qui, à ce jour, a effectué 283 traitements de ce genre, notamment sur 47 patients atteints de kératocône évolutive. Cela fait désormais trois ans qu’elle pratique le cross linking du collagène cornée (cornéen). Cette technique consiste « à augmenter la rigidité du dôme cornéen en utilisant un rayon ultraviolet et une solution non toxique pour créer des liens supplémentaires entre les fibres de collagène ».

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Sur place, ils rencontrent le Dr Bharti Sharma qui leur annonce que la jeune femme présente une anomalie à l’œil droit mais qu’il peut être sauvé. Il leur dit, toutefois, que l’œil gauche est trop affecté. En avril 2015, Shamima est opérée de l’œil droit. La spécialiste utilise alors le Riboflavin. Cette substance est déposée sur la cornée, puis rigidifiée par la photothérapie pour empêcher la progression de la maladie. Pour l’œil gauche, le médecin utilise un greffon, choisi avec soin au sein de la World Tissue Bank International, afin qu’il corresponde aux besoins de la patiente. L’intervention a lieu le 11 janvier. Il s’agit d’une kératoplastie pénétrante, une opération qui consiste à remplacer la cornée dans son intégralité. La cornée saine est fixée avec des points de sutures très fins faits avec du nylon. L’intervention durera cinq longues heures, qui sembleront être une éternité pour Intiaz qui ne cesse alors de prier. Dès le lendemain matin, Shamima recouvre la vue. « Il était environ 9 heures. Dès que le Dr Sharma a enlevé les bandages, je pouvais voir ce qu’il y avait autour de moi. J’ai pleuré. Je ne pouvais exprimer ma joie autrement. Je pouvais enfin voir mes enfants, mon mari, un visage, le mien, qui m’était un peu inconnu puisqu’il avait beaucoup changé depuis mes 18 ans… »

« J’ai pleuré… »

Sauf que le traitement et l’intervention ont coûté plus cher que prévu. « Aujourd’hui nous avons une dette de Rs 69 400 à rembourser à l’hôpital Apollo Bramwell, car le traitement a, en fin de compte, coûté Rs 229 000. Encore une fois, nous espérons trouver des gens qui seraient capables de nous aider à régler cette note », affirme Intiaz, qui est marchand de gâteaux. De son côté, Shamima a hâte de recommencer à travailler. « Durant toutes ces années, j’ai été dépendante de ma mère, de mes sœurs et de mon mari. Aujourd’hui, je voudrais les soulager. J’ai eu ce que je voulais : une vie normale, si je peux m’exprimer ainsi. C’est à mon tour de faire en sorte d’améliorer la vie des personnes autour de moi. » Aujourd’hui, il lui reste encore des traitements à suivre, des précautions à prendre, comme porter des verres solaires pour que ses yeux ne soient pas trop exposés à la lumière. Mais elle retrouve petit à petit ses repères. Elle se promène avec son époux. D’ailleurs, elle trouve que tout a changé autour d’elle ; qu’il y a davantage de bâtiments, de maisons et de voitures. Ce qu’elle attend avec impatience c’est de pouvoir se rendre à la mer, de pouvoir nager, de jouer dehors avec ses enfants... En somme, de devenir une épouse et une maman comme les autres et de profiter, tout simplement, des couleurs de la vie.

Qu’est-ce que le kératocône ?

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"10467","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-18965","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"758","height":"312","alt":"Oeil"}}]]Le kératocône est une maladie oculaire évolutive lors de laquelle la cornée, qui est normalement ronde et en forme de dôme, s’amincit et se gonfle pour former un cône. Cette forme conique est irrégulière et fait dévier la lumière à mesure qu’elle entre dans l’œil. L’irrégularité de la cornée peut alors engendrer une vision floue. La vision floue, causée par le kératocône, est différente de celle provoquée par d’autres erreurs de réfraction communes, comme la myopie. Aux stades avancés du kératocône, il peut être difficile d’avoir une vision satisfaisante, même avec des lunettes ou des lentilles. Le kératocône peut se développer dans un œil, voire dans les deux, et commence souvent à l’adolescence ou au début de la vingtaine. Cette anomalie se développe chez 1 personne sur 1 000, en moyenne.

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