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Gavin Glover : l’étoffe d’un homme droit

Me Gavin Glover est de ceux pour qui la parole est un engagement.

Derrière le regard calme de l’Attorney General se cache un homme de principes, à la mémoire affûtée et à la parole mesurée. Quarante ans de barreau, une vocation chevillée au corps, et une constance tranquille comme ligne de vie.

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Par-delà  le regard franc et la voix posée, un esprit aux aguets. Me Gavin Glover, Senior Counsel, Attorney General depuis novembre 2024, incarne une certaine idée de la justice : rigoureuse, humaine, discrète. Une figure à la mémoire prodigieuse, nourrie par quarante années de barreau, de loyauté, de silences tenaces.

Dans son bureau, aucune extravagance. Des livres de droit, bien sûr. Quelques photos, discrètes. Un tableau aux lignes sobres. Mais ce que l’on remarque surtout, c’est l’homme. Présent, attentif, ancré. Il parle lentement, choisit ses mots. Comme s’il pesait chaque phrase – une habitude de juriste, sans doute, mais aussi de ceux pour qui la parole est un engagement.

Ce n’est pas gagner ou perdre qui est important, c’est de présenter le meilleur cas possible pour son client, quelle qu’en soit l’issue.»

Gavin Glover a grandi dans les salles du collège du Saint-Esprit. Élève discret, mais déjà rigoureux. C’est là que tout commence. Le 26 février 1980, il devient lauréat. Un tournant. « Ce jour-là reste l’un des plus beaux souvenirs de ma vie. »

Deux voies s’ouvrent à lui : gestion ou droit. Ce sera le droit. L’Anderson Scholarship du Balliol College d’Oxford le propulse vers l’Angleterre – là où s’affermira une conviction : le droit « n’est pas un business » ni « un métier comme un autre ».

Dans la famille Glover, la robe noire se transmet. Le grand-père Harold fut juge. Le père, Sir Victor, chef juge. Un frère devenu avocat. Et aujourd’hui, un fils aîné qui a suivi les pas. « Le droit chez nous, c’est presque une tradition familiale », dit-il. Mais il précise aussitôt : « Il faut avoir la vocation. »

À Oxford, il étudie la jurisprudence. Il y découvre l’effervescence intellectuelle. Le droit devient, peu à peu, une posture morale. Une forme de service. Non « un business » ou un métier comme un autre. Le 25 juillet 1985, il est admis au barreau en Angleterre. « Je me souviens de cette journée comme si c’était hier. »

À son retour à Maurice, il débute discrètement dans le privé, pratiquant à la fois au pénal et au civil. Il apprend à défendre sans juger. Gagne en assurance. Se forge une réputation. Et surtout, une mémoire : il se rappelle presque tous ceux qu’il a défendus, parfois dans des affaires médiatisées, parfois dans l’anonymat des salles d’audience. « Les noms, parfois je les oublie. Mais les visages, non. Il est rare que je ne reconnaisse pas quelqu’un que j’ai défendu. »

Il voit dans ce métier une exigence. Une éthique. « Il faut faire ce métier avec le cœur. Les jeunes doivent comprendre que ce n’est pas une carrière qu’on peut entamer juste par envie de briller ou faire fortune, mais pour se mettre au service de la justice et de ceux qui en ont besoin. »

Les noms, parfois je les oublie. Mais les visages, non. Il est rare que je ne reconnaisse pas quelqu’un que j’ai défendu.»

Son parcours se déroule comme un fil discret mais solide. Marié depuis le 2 septembre 1988 à Marie-France, père de trois enfants nés le 5 juin 1991, le 9 juin 1994 et le 18 juillet 1995, il évoque sa famille comme un socle. En 2010, il est fait Senior Counsel.

En novembre 2024, il prête serment comme Attorney General. Pourquoi avoir accepté ce poste ? « Parce que, selon moi, le pays avait besoin de changement, et que le nouveau gouvernement proposait ce changement justement. » Depuis, il s’attaque à des réformes législatives ambitieuses. « Mais ce n’est que le début. Il y a tant à faire pour réformer notre justice et pour ceux qui sont laissés-pour-compte par notre système. Trop de gens se sont sentis oubliés ces dix dernières années. » Vision progressiste, lignes directrices claires : accès facilité à la justice, transparence, protection des plus vulnérables. Toujours avec cette rigueur, ce calme résolu.

Mais Gavin Glover, c’est aussi un autre visage. Celui d’un passionné de courses hippiques. Dès l’enfance, il suit ses deux grands-pères au Champ-de-Mars. « C’est là que j’ai appris à observer, à analyser… » Un monde qui l’émerveille, puis qu’il quitte pour les études, avant d’y revenir plus tard. Son premier cheval, Trump, lui offrira la Coupe d’Or. Un symbole. Une victoire douce.

Même après avoir vendu ses chevaux, il ne s’éloigne jamais vraiment. En 2007, il devient commissaire administratif du Mauritius Turf Club, avant d’en être élu président en 2022, à un moment critique. « À l’époque, le Club traversait des moments très difficiles, comme chacun le sait. J’avais dit : ‘We have live to fight for another day.’ Et nous l’avons fait. »

Il y a tant à faire pour réformer notre justice et pour ceux qui sont laissés-pour-compte par notre système.»

Aujourd’hui, il se dit confiant. « Depuis novembre 2024, un nouveau souffle anime les courses. Le gouvernement veut redonner au Champ-de-Mars ses lettres de noblesse. »

Pour souffler, il retourne toujours à Trou-aux-Biches. « C’est là que j’ai rencontré mon épouse. C’est aussi là que j’ai passé des vacances inoubliables, enfant. Cet endroit me ramène à l’essentiel. »

Loin des tribunes et des prétoires, il lit. Suit le football anglais. Supporte Liverpool. Se souvient d’un père qui, faute de télévision, dessinait le stade de Wembley sur papier pour mieux suivre les matchs à la BBC radio. Son héros : Kenny Dalglish. Son idole historique : Winston Churchill.

Il aime flâner à Paris, sans but. Mais reste fidèle aux goûts simples : un rougail de poisson salé, lentilles et « satini margoz ». Et sa chanson préférée ? « ‘Imagine’, de John Lennon. »

Sur sa carrière, il refuse toute glorification. « J’ai gagné beaucoup d’affaires, j’en ai perdu aussi beaucoup. Mais ce n’est pas gagner ou perdre qui est important, c’est de présenter le meilleur cas possible pour son client, quelle qu’en soit l’issue. »

Le destin ? Il y croit. « Certaines choses se passent dans la vie qui vous poussent à y croire. » Et puis, sa foi catholique, dit-il, le relie à une autre force. « Ce destin a un nom : la volonté de Dieu. »

Gavin Glover est de ces hommes qu’on n’entend pas toujours, mais dont on devine la ligne intérieure. Une silhouette droite, au service d’une île. Un avocat pour qui chaque mot compte, chaque cause mérite d’être entendue, et chaque individu a droit à une défense digne.

Aujourd’hui Attorney General, il continue d’écrire sa part de l’histoire. Dans l’ombre parfois. Toujours avec constance. Fidèle à ses principes. Et aux siens.

Ajagen Koomalen Rungen et Azeem Khodabux 

 

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