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Budget 2017/2018 : haro sur les attentes sectorielles

Depuis le début de la semaine, le Premier ministre et ministres des Finances Pravind Jugnauth enchaîne les consultations dans le cadre du prochain Budget. L’occasion pour le Défi Plus de dévoiler les attentes des opérateurs économiques et des consommateurs.

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Consommateurs : pour la mise en place d’une National Consumer Commission

Les représentants des associations des consommateurs sont catégoriques. La protection des consommateurs doit être au cœur des mesures qui seront annoncées dans le Budget. La Consumer Advocacy Platform (CAP) fait un appel pour  la mise en place d’une agence de protection des consommateurs solide « Nous demandons la création d’un National Consumer Commission qui assurera la protection des consommateurs et veillera à ce que les droits des consommateurs soient respectés dans tous les aspects de la consommation», affirme le président de CAP, Mosadeq Sahebdin. 

Une telle Commission des consommateurs dit-il, devrait également avoir des pouvoirs d’appliquer la législation en imposant des sanctions financières.
De son coté, le président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), Suttyhudeo Tengur, estime qu’il y a une nécessité de revoir la corbeille de référence qui détermine le Consumer Price Index et le taux d’inflation.

« Le taux d’inflation pour le mois de mars dernier ne reflète pas la réalité à laquelle les consommateurs sont confrontés. Les prix des commodités courantes, telles le riz basmati, le lait en poudre, le beurre, le fromage et la viande, entre autres, ont pris l’ascenseur. Il faut élargir la corbeille de référence », suggère-t-il.

Selon Suttyhudeo Tengur, un autre point pour protéger les consommateurs est la baisse du barème de taxation pour les individus. D’autre part, Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des Consommateurs de l’Île Maurice (ACIM) demande la mise en place d’une Food Agency pour assurer la sécurité des aliments importés.

Industrie sucrière : pour que les petits planteurs deviennent des actionnaires

Salil Roy, président de la Planter’s Reform Association,  attend que le gouvernement concrétise finalement, dans le prochain Budget, la vieille promesse de faire des petits planteurs des actionnaires à niveau de 35% dans l’industrie cannière.  « C’est frustrant qu’année après année, on  retourne avec la même promesse qui tombe par la suite dans les oubliettes. »  Il souhaite aussi que le gouvernement prenne des mesures pour que les planteurs bénéficient d’une augmentation du prix de la mélasse. « C’est inadmissible que les planteurs ne touchent que Rs 2 000 la tonne alors que le prix sur le marché est  à Rs 5 000. Ce n’est pas normal. » dit-il.

Il réclame aussi une hausse du prix de la bagasse qui est utilisée par les Independent Power Producers (IPP) pour la production énergétique. Il trouve révoltant que ce soit le Central Electricity Board (CEB) qui paie les planteurs et non les producteurs privés.

Salil Roy s’attend aussi à ce que la Mauritius Cane Industry Association (MCIA) ait suffisamment de   ressources financières, à travers le prochain Budget, pour financer le regroupement et l’épierrage des petits planteurs de canne à sucre à travers le Field Operations Regrouping & Irrigation Project ( FORIP). Il avance qu’à ce jour, un groupe de planteurs n’ont toujours pas bénéficié de ces facilités.

PME : pour l’application des mesures annoncées dans le dernier Budget

Marie-Noëlle Elissac-Foy, collaboratrice de Smart Moves for Entrepreneur, estime qu’il  faut d’abord implémenter l’une des mesures phares annoncées dans le dernier budget. « Il s’agit de la fusion de la Small and Medium Enteprises Authority (SMEDA), de l’Enterprise Mauritius  (EM) et du National Women Entrepreneur Council (NWEC). Cette fusion est importante car elle permettra de mieux réaliser les  Quick Wins (mesures à court terme)  du SME 10 Year Master Plan. »

Amar Deerpalsing, président de la Fédération des PME abonde dans le même sens. « Que les mesures avancées lors de la dernière présentation du Budget soient enfin mises en application ! » lance-t-il. Par ailleurs, Marie-Noëlle Elissac-Foy soutient qu’il faudrait rationaliser davantage les procédures afin d’avoir accès aux finances. Notre interlocutrice souhaite voir des incitations et des facilités offertes aux entrepreneurs pour qu’ils puissent se former auprès des professionnels et avoir comme dans les autres professions, un ‘Continuous Development Program’. 

De son coté, Amar Deerpalsing déplore la lenteur administrative dans le secteur des PME. « Il faut apporter des mesures afin d’accélérer les démarches pour lancer une entreprise. C’est ainsi qu’on peut encourager un esprit d’entrepreneuriat dans l’économie. » Il demande également que la production locale soit encouragée.

Tourisme : soutenir les petits établissements

Bissoon Mungroo, président de l’association des hôtels de charme, estime que le Budget 2017/2018 doit contenir différentes mesures pour maintenir à la hausse la tendance du nombre de touristes à Maurice, et soutenir les petits établissements hôteliers. Il est d’avis que la formule tout compris (all inclusive) des hôtels est un obstacle pour les autres opérateurs du secteur. Il demande également que la taxe environnementale soit revue.

Actuellement, selon Bissoon Mungroo, elle est calculée à hauteur de 0,85% du chiffre d’affaires. Le président de l’association des hôtels de charme demandent que cette taxe soit calculée sur le profit. « Bon nombre de Mauriciens ne veulent plus travailler la nuit, les weekends et les jours fériés. Il faut donc assouplir les permis de travail pour les travailleurs étrangers. Vous formez quelqu’un pendant deux à trois ans et il doit ensuite partir. Il faut étendre ce délai à six ou sept ans pour que nous puissions amortir les investissements faits sur ces travailleurs étrangers », explique-t-il.

Il ajoute que les petits hôtels subissent la concurrence des grands établissements qui « cassent les prix » en basse saison pour les clients mauriciens. Il évoque enfin l’accès au financement.

TIC : créer une agence de promotion

Dev Sunassy, président de la Mauritius Information Technology Industry Association (MITIA), estime que la priorité du Budget 2017/2018 pour le secteur des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) doit être la création d’agence de promotion pour l’exportation des services. « L’Etat contribue bien à hauteur de Rs 1,2 milliards par an pour les secteurs contrôlés par des conglomérats tels le sucre, le tourisme, les finances et l’industrie, à travers la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), la Financial Services Promotion Agency (FSPA), Enterprise Mauritius, et le Board of Investment (BOI). Le Premier ministre a dit qu’il mettra le secteur du numérique en avant-plan. Notre marché domestique est trop restreint avec quelques 750 entreprises dans ce secteur », affirme Dev Sunassy.

Il suggère que le National Computer Board (NCB) soit transformé en une agence de promotion avec notamment des bureaux en Afrique. Dev Sunassy souligne que le marché domestique des TIC ne représente que Rs 3,5 milliards par an excluant les Télécommunications et l’externalisation (BPO). La MITIA estime que le secteur des TIC mauricien peut engendrer un chiffre d’affaires de Rs 15 milliards rien que sur l’Afrique dans les cinq prochaines années.

Secteur manufacturier : une relance attendue

Dans la salle des secteurs en souffrance, l’industrie manufacturière serait celle en manque de vitamines, à la croisée des chemins entre revivre et mourir. L’industrie manufacturière, rappelons-le, fait également face à des vents contraires venant des marchés internationaux. Et c’est sans surprise que le gouvernement, l’association des opérateurs et Business Mauritius multiplient les rencontres et demandes pour que les entreprises locales reprennent confiance.

Catherine Gris, Chief Executive de l’Association of Mauritian Manufacturers, à l’issue de la rencontre entre le secteur privé et le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, a indiqué que le plan de relance passe par la décision de grands groupes locaux et du gouvernement à donner plus de considération aux produits locaux. Accorder de l’importance aux produits mauriciens dans les appels d’offres et allouer un quota aux locaux dans les contrats serait un gage de confiance. Qui plus est, ce sera plus facile de retracer l’origine des produits fait-maison en cas de soucis contrairement à ceux fabriqués et importés à moindre coût de l’étranger.

Selon Beas Cheekooree, le président de la Mauritius Export Association, il faudrait donner une attention particulière aux petites et moyennes entreprises qui doivent faire partie de la chaîne des valeurs et s’intégrer dans cet élan d’exportation.

Construction : les 7% de croissance, pas une tâche aisée sauf si…

Avec la multiplication des projets de villes intelligentes et le démarrage de grands chantiers annoncés du gouvernement, les prestataires de services seront sous pression. La fourniture des matériaux donnera un coup de pouce aux sociétés telles UBP et Gamma. Pour ce faire, la main d’œuvre doit être abondante.

La question devrait être débattue et les solutions mises à exécution dans les plus brefs délais. Arnaud Dalais, président de Business Mauritius, en a fait mention après la rencontre pré-budgétaire avec le Premier ministre. Il a indiqué que les compagnies devraient être en mesure de pouvoir obtenir de la main-d’œuvre étrangère sans complications administratives. Qui plus est, dans le secteur, il est question de bien définir les règles du jeu tant dans la vente aux Mauriciens et une meilleure distribution des contrats aux opérateurs.

Au-delà des mesures budgétaires, le secteur de la construction s’est professionnalisé et responsabilisé davantage. Le Construction Industry Development Board, grâce à un exercice ayant démarré en 2016, a obtenu que toutes les entreprises et firmes associées à la construction s’enregistrent auprès de cette instance. Car il y va de la protection des clients et une obligation d’offrir un service de qualité continue.

Global Business : en quête d’un meilleur climat des affaires

L’Association of Trust & Management Companies (ATMC) n’a pas encore soumis ses propositions pré-budgétaires au ministère des Finances. Selon Kamal Hawabhay, le président de l’organisation et également le directeur général de Global Wealth Management Solutions Ltd, le comité chargé de les formuler ne les a pas encore finalisés. « Généralement, nous demandons une amélioration du climat des affaires. L’année dernière, il y a eu des propositions qui ont été retenues et d’autres pas. Pour cette année, un comité dont je ne fais pas partie, travaille sur de nouvelles suggestions », souligne Kamal Hawabhay.

Le précédent Budget a certes apporté des mesures intéressantes pour la filière du Global Business. Cependant, un opérateur souligne que davantage d’efforts doivent être pris pour la formation et le renforcement des compétences spécialisées pour soutenir les besoins des entreprises du secteur. « Il est aussi essentiel d’affirmer haut et fort et de démontrer que la juridiction n’est en aucun cas propice à de pratiques illicites et que nous sommes en conformités avec les normes des institutions européennes et américaines », souligne-t-il.

Il est aussi d’avis qu’il faut encourager davantage de sociétés du Global Business d’entrer en Bourse. « Bien que la tendance est en marche, il faut les inciter à venir lever des fonds sur le marché local et mettre en œuvre le climat idéal pour qu’elles s’implantent au niveau domestique. »

Seafood : pour des prêts à des taux préférentiels

« Investir dans les bateaux de pêche nécessite des coûts importants, un investissement énorme et le gouvernement peut aider avec des subsides ou des prêts à des taux préférentiels », avance   Bahim Khan Taher, directeur de la compagnie Hassen Taher Seafood Ltd. Il ajoute que depuis trois ans, les mesures budgétaires comme le développement dans l’aquaculture et le développement du port, entre autres, n’ont pas été concrétisées.  « Ce serait mieux de concrétiser ces projets et de mettre les opérateurs Mauriciens dans le coup. Cela va aider à générer beaucoup d’emplois et améliorer  le secteur », conclut-il.

Automobile : exemption du paiement de la ‘First registration’

Le  président de la  Dealers In Imported Vehicles Association (DIVA), Zaid Ameer, prépare actuellement sa mémoire qui sera présentée au ministre des Finances. Parmi ses  plus importantes demandes, il y a  l’exemption du paiement sur la  ‘First registration’ qui est de Rs 54 000 sur les voitures reconditionnés de 1300 cc et âgées de quatre ans. Il demande aussi que le levy de 25% sur les voitures hybrides soit enlevé d’abord pour la protection de l’environnement et ensuite pour permettre au pays de faire des économies sur l’importation de l’essence.

Il souhaite aussi que le gouvernement enlève la taxe douanière de 25% frappant les « goods vehicles » avec des sièges arrières pour passagers dans l’intérêt des petits entrepreneurs. Ces derniers dit-il, pourront transporter leurs employés et aussi profiter de leurs véhicules le dimanche et les jours fériés pour leurs besoins familiaux.

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