Clifford Allet, représentant de la Mauritius Commercial Bank (MCB), a subi un long contre-interrogatoire, le mardi 12 juillet, en cour intermédiaire. C’était en marge du procès qu’intente la commission anticorruption à la banque pour blanchiment d’argent allégué.
La Mauritius Commercial Bank (MCB) est accusée, le mardi 12 juillet, de ne pas avoir mis en place les mesures correctives soulignées par un audit interne en 2000. C’était dans le cadre du procès intenté par l’Independent Commission against Corruption (Icac) à la banque pour blanchiment d’argent allégué en marge de la fraude sur les dépôts du Fonds national de pension (NPF). Le procès a repris, ce mardi, devant les magistrats Renuka Dabee et Vijay Appadoo, siégeant en cour intermédiaire.
Il est reproché à la MCB d’avoir failli à sa tâche de réguler son système de contrôle interne, ce qui aurait permis une fraude de Rs 886 millions. La MCB est représentée en Cour par Clifford Allet, Fraud Auditor de la banque. Ce dernier a été appelé à la barre des témoins. Il a été longuement contre-interrogé par Me Rashid Ahmine, Senior Assistant Director of Public Prosecutions qui représente la poursuite aux côtés de Me Prashant Bissoon.
Rapport d’audit interne
Le cadre de la MCB a été confronté à un rapport de l’audit interne et à un procès-verbal d’une réunion du conseil d’administration de la MCB avec la Banque de Maurice, en 2004. L’audience a été ajournée au 19 juillet. Clifford Allet a concédé en Cour que le NPF n’a jamais donné d’instructions pour casser un dépôt de Rs 25 millions dans les années 2000. L’argent a servi à créditer frauduleusement d’autres comptes au moyen de chèques. Clifford Allet a désigné Robert Lesage, ex-Chief Manager de la MCB, comme celui qui a donné les instructionss pour ce transfert. Me Rashid Ahmine a demandé à Clifford Allet comment cela se fait-il que le système de contrôle n’ait pu détecter la fraude. Le représentant de la banque a répondu qu’à l’époque (NdlR : en 2002-03), les diverses branches de la MCB enregistraient, en moyenne, « 175 000 transactions par jour » et qu’il était « impossible » de procéder à une vérification de l’ensemble des transactions journalières le jour même. Interrogé sur le fait que nul en interne n’ait pu détecter ces manquements, Clifford Allet a rétorqué que « cela démontre toute l’ingéniosité de Robert Lesage à contourner les vérifications ». Il a précisé qu’à l’époque, il n’y avait pas de système informatique, comme c’est le cas maintenant. Par ailleurs, Clifford Allet a été confronté au procès-verbal d’une réunion du conseil d’administration de la MCB avec la direction de la Banque de Maurice. Il s’agit d’une réunion qui s’est tenue le 26 mars 2004, soit un an après l’éclatement de la fraude. Le vice-président du conseil d’administration de la MCB, Gérard Hardy, avait alors souligné que « the major problem at the MCB is the lack of a proper control culture ! » Clifford Allet a déclaré : « Je ne sais pas dans quel contexte cette phrase a été prononcée. »Documents confidentiels
Le représentant de la MCB a aussi été confronté à un rapport d’audit interne de la MCB soulignant le manque de contrôle adéquat sur les dépôts fixes. Le cadre a indiqué que l’audit ne peut que préconiser des mesures, mais que la tâche d’appliquer toute recommandation et de faire le suivi revient aux directeurs et aux responsables de départements. Me Ahmine a demandé à la MCB de présenter, lors de la prochaine audience en Cour, le rapport préliminaire de Kroll Associates sur l’affaire. Me Éric Ribot, Senior Counsel, a protesté contre le fait que la poursuite fasse référence à des faits « incomplets » d’une action en Cour suprême, il y a plusieurs années. En effet, la Cour suprême avait rejeté une demande de l’Icac pour accéder à des documents relatifs à l’affaire MCB-NPF. Me Ahmine souhaitait savoir pourquoi la MCB voulait « cacher certaines choses ». Clifford Allet a répondu que les documents recherchés par l’Icac étaient confidentiels. Il a tenu à souligner que la MCB a toujours collaboré avec la commission anticorruption en fournissant tout renseignement nécessaire.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !