Le Premier ministre Navin Ramgoolam a provoqué une onde de choc à l’Assemblée nationale lors de la Prime Minister’s Question Time mardi, en dénonçant des pratiques qu’il a qualifiées d’antidémocratiques, dont une surveillance de masse mise en place par l’ancien régime du MSM, pour un coût exorbitant de près de Rs 5 milliards.
Publicité
«Je dois informer l’Assemblée que les résultats de ces enquêtes préliminaires sont tout simplement accablants. » C’est en ces termes que le Premier ministre (PM), Navin Ramgoolam, a répondu lors de la Prime Minister’s Question Time à une question du député du Parti mauricien social-démocrate (PMSD), Adrien Duval. Ce dernier l’interrogeait sur les écoutes téléphoniques révélées lors de la dernière campagne électorale, notamment à travers les « Moustass Leaks ».
Le chef du gouvernement a précisé que le MSM ne se contentait pas de mettre sur écoute certains membres de l’opposition de premier plan, mais qu’il ciblait aussi ses propres membres, des ministres et même des alliés potentiels comme le PMSD. « Il est allé encore plus loin : il a mis en place une surveillance de masse », a-t-il déclaré, jetant un froid dans l’hémicycle. Même le leader de l’opposition, Joe Lesjongard et membre du Mouvement socialiste militant (MSM), est apparu tout aussi choqué par la gravité de ces révélations.
Selon Navin Ramgoolam, les résultats des enquêtes préliminaires menées par des experts étrangers indiquent que plusieurs sites ont été utilisés pour mener ces opérations de surveillance à grande échelle. Il a révélé que l’ancien gouvernement avait mis en place des dispositifs permettant d’intercepter toutes les communications téléphoniques et le trafic Internet au niveau national.
« Cela s’appelle une interception de masse », a-t-il ajouté, ajoutant que des experts internationaux ont utilisé des termes alarmants pour décrire ce système. « Le dispositif mis en place est un outil de surveillance d’État hautement sophistiqué permettant un contrôle généralisé de la population mauricienne », a indiqué le PM en citant les propos des experts.
Une surveillance tentaculaire
Navin Ramgoolam a ajouté que l’ancien gouvernement MSM a déployé un dispositif de surveillance numérique tentaculaire, interceptant non seulement toutes les conversations téléphoniques, fixes et mobiles, mais aussi chaque publication sur les réseaux sociaux comme Facebook, TikTok, et même Signal. Les courriels et tout échange numérique des citoyens auraient été systématiquement détournés vers les serveurs gouvernementaux pour analyse et exploitation. « Tout le monde était surveillé », a souligné le PM, insistant sur l’ampleur inédite de cette interception de masse qui aurait permis aux autorités de l’époque de contrôler et stocker l’ensemble des données numériques échangées à Maurice.
Un espionnage à prix d’or
Les écoutes et la surveillance numérique sous l’ancien régime MSM ont coûté une véritable fortune aux contribuables, selon Navin Ramgoolam. « Plus de Rs 5 milliards ont été englouties dans ces dispositifs illégaux », a dénoncé le Premier ministre, soulignant que pendant que les Mauriciens étaient confrontés à une crise économique, de telles sommes avaient été dépensées pour installer ce système de surveillance de masse.
Il a aussi indiqué que les premières investigations révèlent que Pertsol, une entreprise basée à Dubaï, percevait Rs 350 millions par an uniquement pour l’entretien de ces équipements. « Ce n’était pas leur argent, mais celui de la population », a martelé Navin Ramgoolam, soulignant l’indécence de telles dépenses au détriment des citoyens.
Le MSM accusé d’avoir effacé les données
Navin Ramgoolam a également exprimé son indignation face aux priorités de l’ancien gouvernement. « Je suis certain que tous les membres de cette Chambre et chaque Mauricien ressentiront, comme moi, un profond dégoût face aux priorités du MSM et de son leader », a-t-il déclaré.
Il a aussi souligné que lorsque les experts internationaux accompagnant la Mauritius Police Force ont cherché à établir quelles informations avaient été collectées, ils ont découvert que les stations avaient été effacées, exactement au moment où les résultats des dernières élections générales étaient connues.
« Permettez-moi de lancer un avertissement. Ces experts sont en mesure de récupérer toutes les informations qui ont été effacées. Nous identifierons ceux qui détruisent des preuves. Cela constitue une infraction criminelle. Je peux assurer à cette Chambre qu’ils devront en assumer les conséquences. Ils sentiront toute la rigueur de la loi », a dit le PM.
Il a ajouté que les tentatives de destruction des preuves ne faisaient qu’aggraver la situation des responsables : « Ils ont été avertis. La tâche de trier les débris laissés par ce régime mafieux continue. La vérité sera révélée à la nation. »
Matériel éteint et déconnecté
Navin Ramgoolam a assuré à l’Assemblée nationale que la surveillance secrète mise en place par « ce groupe antidémocratique et pervers, qui a pratiqué une capture de l’État flagrante et confisqué notre liberté » a pris fin sous son gouvernement. « Tout le matériel a été inventorié, éteint et déconnecté. Le système est désormais désactivé. Sous ce gouvernement, il n’y aura jamais d’interception de masse ou de surveillance de masse », a-t-il conclu en s’appuyant sur les propos des experts.
Complot présumé du MSM
Navin Ramgoolam tacle Adrien Duval
Navin Ramgoolam a lancé plusieurs piques à Adrien Duval. Il a notamment évoqué les enregistrements de « Missie Moustass » qui avaient mis en lumière un complot présumé ourdi par des proches de l’ancien gouvernement contre le député du PMSD, à la suite de son implication dans un accident de la route survenu en 2022.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !