
L’émission Au Cœur de l’Info, diffusée le jeudi 15 mai, était consacrée à la sécurité routière. Dans le cadre de la Semaine mondiale de la sécurité routière, Jane Lutchmaya a reçu sur le plateau de Radio Plus le ministre des Transports terrestres et du Light Rail, Osman Mahomed qui est revenu sur les différents aspects du permis à points et du fonctionnement du Metro Express.
Publicité
Le permis à points
Rendre les conducteurs plus responsables au volant : tel est l’objectif de la réintroduction du permis à points à Maurice. Sur le plateau, le ministre Osman Mahomed est revenu en détail sur les modalités du nouveau système, qui devra être entériné prochainement.
« Le système sera complètement différent de celui mis en place en 2015. Par exemple, auparavant, pour une infraction grave, un tribunal pouvait ordonner au conducteur de suivre un cours de six heures, dispensé par le Mauritius Institute of Training and Development (MITD), moyennant une somme de Rs 1 000. Une fois cette étape franchie, le véhicule pouvait à nouveau circuler. Cette fois-ci, le fonctionnement sera tout autre. Le système débutera à zéro point, et les points seront accumulés en fonction des infractions commises et de leur gravité », a expliqué le ministre des Transports terrestres.
Le nombre maximal de points sera fixé à 15. Une fois ce seuil atteint, le permis de conduire sera suspendu pour une durée de six mois. « C’est la proposition à l’étude », a précisé le ministre Mahomed. Pour concrétiser cette réforme, trois comités techniques ont été mis en place. Le ministère des Transports terrestres, en collaboration avec la Traffic Management and Road Safety Unit (TMRSU), travaille conjointement avec des représentants du Prime Minister’s Office (PMO), de la police et d’autres services concernés.
Selon le ministre, la réintroduction du permis à points prend du temps car elle nécessite la mise en place d’une infrastructure technologique adaptée pour gérer efficacement les quelque 700 000 permis de conduire actuellement délivrés. « Il n’y aura donc plus de Driving License Counterpart au format papier, comme auparavant, qu’il fallait conserver dans son véhicule sans le plier. Nous allons adopter une approche moderne, avec une version numérique de ce document », a précisé le ministre Osman Mahomed.
Le ministre Osman Mahomed a rappelé l’importance des trois piliers de la sécurité routière, les trois « E » : éducation, enforcement (application de la loi) et engineering (infrastructures). « Du point de vue de l’engineering, beaucoup reste à faire. On demande aux conducteurs de changer de comportement au volant, mais les autorités ont également la responsabilité de leur offrir des routes sûres et bien aménagées », a-t-il souligné.
Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité de traiter les black spots – ces zones à haut risque – en réduisant les facteurs de danger qui y sont présents. Parmi les mesures évoquées : l’installation de davantage d’éclairage public dans les zones mal desservies, le débroussaillage des terrains où la visibilité est réduite, la pose de panneaux de signalisation supplémentaires, ou encore la mise en place de glissières de sécurité le long des trottoirs.
Concernant les dos d’âne, le ministre des Transports terrestres a indiqué qu’ils ne sont désormais plus considérés comme des solutions adéquates. « Avec le temps, la peinture qui les rend visibles s’efface, et ils deviennent dangereux, notamment pour deux types de véhicules : les ambulances, car les secousses peuvent affecter les patients, et les camions transportant de lourdes charges », a-t-il expliqué. Osman Mahomed estime qu’il faut donc envisager d’autres alternatives pour ralentir la circulation de manière plus sécuritaire et durable.
Pour freiner la vitesse sur certaines portions de route, des plateformes surélevées seront désormais installées en remplacement des dos d’âne traditionnels. Le coût de chaque plateforme est estimé entre Rs 400 000 et Rs 500 000. En ce qui concerne l’enforcement, le ministre a évoqué les opérations de répression (crackdowns) menées par la police pour renforcer la sécurité sur les routes.
Il a également annoncé la mise en place prochaine d’un système de pré-permis (pre-licensing). Ce projet est piloté par le MITD et comprend quatre programmes au total.
Le Metro Express au centre des réformes
Le volet Metro Express a également été abordé au cours de l’émission. Le ministre Osman Mahomed est revenu sur son intervention visant à introduire deux trams supplémentaires aux heures de pointe. « J’ai appris qu’il y avait 18 trams au total, mais que six restaient constamment au garage, ce qui me semblait excessif. Depuis, deux trams additionnels ont été déployés, notamment pendant les périodes de forte affluence », a-t-il expliqué.
L’objectif est aussi de réduire le déficit financier du Metro Express. « Depuis ma prise de fonction, j’ai œuvré pour réduire les dépenses là où c’était possible et augmenter les revenus, notamment grâce à l’ajout de ces deux trams », a-t-il souligné, tout en mettant en avant l’importance de rentabiliser les contrats de publicité sur les trams et dans les stations. « Il y a eu de nombreuses irrégularités dans la gestion précédente. Ce fut un véritable scandale. Il faut remettre de l’ordre. Nous pensons pouvoir récupérer une partie des pertes grâce à une meilleure gestion », a-t-il affirmé.
Le ministre a enfin évoqué la nécessité de revoir le prix du ticket de métro. « Aujourd’hui, le tarif est identique à celui du bus, et la Blue Line de la CNT est même plus chère. Ce n’est pas logique, surtout quand on considère les nombreux avantages du métro. Il faut donc réévaluer ce tarif », a-t-il soutenu. Une révision du prix du ticket pourrait, selon lui, contribuer à réduire le déficit du Metro Express et améliorer la rentabilité du service.
Alain Jeannot : « Le permis à points a le mérite d’être compris par tous »
Alain Jeannot, président de l’association Prévention Routière Avant Tout (PRAT), est également intervenu lors de l’émission. Selon lui, le permis à points a déjà prouvé son efficacité. « Il faut toutefois que toutes les conditions soient réunies pour qu’il puisse réellement fonctionner », a-t-il précisé, ajoutant que « le permis à points a le mérite d’être compris par tous, aussi bien par les Mauriciens que les étrangers ».
Il a souligné qu’il s’agit d’un système dissuasif, mais qu’il ne faut pas s’arrêter à cet aspect : « Il ne faut pas se limiter à la dissuasion, il faut également miser sur la sensibilisation. » Alain Jeannot a aussi insisté sur l’importance de mettre en place un véritable écosystème pour assurer l’efficacité du dispositif.
Abordant ensuite la question des deux-roues motorisés, il a alerté sur leur grande vulnérabilité sur les routes. « On compte environ 260 000 deux-roues motorisés à Maurice, et ils sont 25 à 30 fois plus exposés aux risques d’accidents. L’indice de vulnérabilité est donc très élevé. Il est impératif d’accorder une attention particulière à cette catégorie de véhicules », a-t-il déclaré.
Alain Jeannot a également proposé le développement d’un système, en lien avec le permis à points, visant à réduire l’exposition des motocyclistes aux dangers de la route. Cela pourrait, selon lui, passer par la mise en place de solutions de transport alternatives, notamment pour les conducteurs effectuant de longs trajets.
Sweety Behari, une maman en détresse
Un accident de la route peut bouleverser à jamais la vie d’une famille. Sweety Behari, mère de Darshini Behari, vit encore dans la douleur et l’incompréhension, plus de trois ans après la perte tragique de sa fille. Darshini a perdu la vie le 11 novembre 2021, fauchée par un conducteur. Depuis ce drame, la vie des proches a basculé : le père est tombé malade et devenu un patient psychiatrique. Et cinq jours seulement après l’accident, le grand-père de Darshini est décédé.
Aujourd’hui, la famille Behari réclame encore justice. Le conducteur fautif n’a été condamné qu’à un mois de prison et à une amende de Rs 26 000, ce que la mère juge largement insuffisant. Retrouvez l’histoire poignante de Darshini Behari dans la prochaine édition de Défi Plus, ce samedi 17 mai, ainsi qu’en vidéo sur www.defimedia.info.

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !