Aucune procession publique n’est autorisée pour le Thaipoosam Cavadee, ce mardi 18 janvier. Les habitués ne porteront pas le « cavadee » pour la première fois. Les dévots de foi tamoule s’accordent à dire que l’ambiance sera différente.
« Vel Vel Muruga ! Shakti Vel Muruga ! » Les louanges au dieu Muruga ne résonneront pas dans les rues de Maurice en ce mardi 18 janvier. Les passants ne pourront pas contempler les impressionnantes structures de cavadee ni la danse des dévots marchant pieds nus sur le bitume chaud.
La procession, signe de pénitence, ne se tiendra pas à l’occasion de Thaipoosam Cavadee. L’annonce a été faite par la Mauritius Tamil Temples Federation le 23 décembre dernier. Décision prise suivant les restrictions sanitaires en vigueur dans le pays.
La situation sanitaire n’estompera toutefois pas l’ambiance spirituelle. Le Thaipoosam Cavadee est une des fêtes religieuses populaires à Maurice. Elle est célébrée principalement par les Mauriciens de foi tamoule. Ces derniers ont observé un jeûne végétarien pendant dix jours, synonyme de sacrifices. Ils s’abstiennent de confort et de luxe, se consacrant aux prières.
Thiruthondar Kovilen Armoogum officie comme prêtre au Highlands Mariammen Thirukkovil. L’Aya explique que plusieurs cavadees sont célébrés tout au long de l’année. Le Thaipoosam Cavadee figure parmi les plus importants du calendrier. « Thai signifie le mois entre mi-janvier et mi-février. Poosam fait référence à une étoile. Nos ancêtres se reposaient beaucoup sur l’astronomie, soit le positionnement des étoiles dans l’univers. Le jour du Thaipoosam, la mère divine avait remis le ‘shakti vel’ au dieu Muruga. La puissance de cette lance a permis à Muruga de vaincre les négativités », soutient-il.
Les célébrations sont différentes mais cela n’affecte pas ma foi. "
Ainsi, les dévots s’arment de patience et d’énergie pour mener le combat contre la pandémie. L’Aya Thiruthondar Kovilen Armoogum concède que les célébrations sont différentes des années précédentes. « Les membres du kovil vont veiller à ce que toutes les mesures sanitaires soient respectées avant d’accueillir les dévots par groupe de dix. Ils feront leurs offrandes et le rituel avec le lait ‘paal abhishekam’. Quand ils rentrent chez eux, ils peuvent continuer à prier et partager un repas avec la famille », dit-il. Les « sept caris » sont souvent servis.
Yoven Paresaramdoo, 30 ans, porte le cavadee depuis qu’il a 8 ans. « Je le fais chaque année pour rendre grâce au dieu Muruga et les promesses faites en guise de remerciements. Il m’accompagne dans chaque étape de ma vie, surtout quand j’étais souffrant », partage l’habitant de Floréal.
Tristesse
Pour la première fois, il ne pourra pas porter le cavadee. Il est animé par un sentiment de tristesse. Mais il comprend que le pays passe par une crise sanitaire sans précédent, surtout avec l’apparition de nouveaux variants. « Chacun apporte sa contribution pour lutter contre la pandémie. Les célébrations sont différentes mais cela n’affecte pas ma foi. »
Il rappelle que les fidèles ne dorment pas la veille de la fête car ils travaillent sur la structure du cavadee jusqu’aux petites heures. Cette fois-ci, il a passé la soirée au kovil pour s’assurer de la mise en place du protocole sanitaire. « Ce matin, nous nous sommes levés très tôt pour apporter les dernières touches aux préparatifs. Nous ne serons pas plus de dix dévots par groupe pour le ‘paal abhishekam’. Nous demanderons à Muruga de protéger et de bénir notre famille et de nous donner la force de faire face à la pandémie », dit-il.
C’est avec un pincement au cœur que je ne vais ni monter ni porter le cavadee. "
Shivessen Appadoo, 21 ans, suit les traces de sa mère. Cette dernière porte le lait dans un récipient « colon » pendant la procession depuis qu’elle est petite. Mais mère et fils ne pourront le faire cette année. Il dit comprendre la décision des autorités. Néanmoins, « c’est avec un pincement au cœur que je ne vais ni monter ni porter le cavadee cette année. L’atmosphère spirituelle de la procession va certainement nous manquer », dit-il.
C’est à l’âge de 12 ans qu’il a porté le cavadee pour la première fois. « J’avais eu de bons résultats aux examens du Certificate of Primary Education et décroché une place dans un collège national. Porter le cavadee était un signe de gratitude au Muruga. »
Ses parents et lui participeront au rituel « paal abhishekam ». Une fois à la maison, la famille se réunira autour du repas traditionnel.
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