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Production et consommation : Maurice peut-il être autosuffisant en produits agricoles ?

Le gouvernement souhaite que Maurice soit autosuffisant en produits agricoles. Le ministère de l’Agro-industrie propose des mesures pour accompagner les planteurs. Si, selon l’agronome Jean-Cyril Monty, le pays ne peut être autosuffisant, pour Éric Mangar, directeur du Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire, c’est possible.

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Le ministère de l’Agro-industrie a mis en place des mesures afin d’augmenter la production de cultures stratégiques, aussi bien que le lait et la viande, afin d’atteindre un niveau appréciable d’autosuffisance. Il y a aussi le développement de ce secteur pour le traitement des produits agricoles primaires en produits à forte valeur ajoutée pour réduire progressivement notre dépendance sur les importations; et encourager l’agriculture biologique pour la production des produits alimentaires plus sains. Dans ce contexte, ce secteur a été revu et consolidé, avec de nouveaux plans et un appui efficace en termes d’assistance technique et financière.

Salon de l’Agriculture
Les Mauriciens ont été nombreux au stand des plantes.

Lors du Salon de l’Agriculture qui s’est tenu le week-end dernier au Domaine les Pailles, une nouvelle variété de pomme de terre, le ‘safari’, a été lancée. Aujourd’hui, les Mauriciens en consomment 24 000 tonnes par an. Si l’année dernière, le pays en avait produit 16 000 tonnes, cette année, la récolte devrait tourner autour des 18 000 tonnes. Pour compenser la production locale et satisfaire la demande grandissante, Maurice importe la pomme de terre principalement de l’Inde.

C’est l’industrie sucrière qui est à la base de (presque) la totalité de la production locale de la pomme de terre. Le reste provient des petits planteurs (sociétés coopératives et particuliers), produit en grande majorité sur des terres appartenant aux propriétés sucrières. Aussi, les planteurs bénéficient du soutien du Food & Agricultural Research and Extension Institute (Farei) en termes d’assistance technique et en formation. À noter que chaque Mauricien consomme en moyenne 20 kilos de pomme de terre par an. En ce qui concerne l’oignon, la consommation annuelle est de 17 000 tonnes, alors que la production locale est entre 6 000 et 8 000 tonnes.

Salon de l’Agriculture
Des produits bio exposés.

Avis partagés

Mais peut-on atteindre l’autosuffisance ? À cette question, les avis sont partagés. L’agronome Jean-Cyril Monty est catégorique. Maurice ne peut atteindre l’autosuffisance, tout comme de nombreux pays. « Aucun pays au monde ne peut produire tout ce qu’il consomme. Avec le changement climatique, un pays devra impérativement importer ses produits de consommation », dit-il.

Salon de l’Agriculture
Des conseils aux visiteurs du salon de l’Agriculture.

L’agronome ajoute que le pays fait face à plusieurs problèmes. « Primo, il n’y a pas suffisamment des terres à Maurice. Secundo, il y a l’aspect agronomique. On ne peut cultiver le blé et le riz ici. Dans le temps, le pays s’était essayé à en produire, mais cela n’avait pas donné les résultats escomptés. Tertio, pour des raisons économiques, des produits que nous importons coûtent moins cher que ceux produits à Maurice », explique-t-il.

Jean-Cyril Monty se montre aussi très concerné quant à la production des légumes à Maurice. « La récolte diminue d’année en année. Si auparavant, les planteurs récoltaient 14 tonnes de légumes sur un hectare, maintenant la production est passée à 10 tonnes », précise-t-il.

Maurice peut produire tout ce que nous consommons. « Des terres très fertiles sont disponibles à Madagascar. En 1995, le gouvernement voulait promouvoir le secteur agricole dans la Grande île, mais il n’y a rien eu de concret. Il est grand temps de penser dans ce sens », dit l’agronome.

Éric Mangar, directeur du Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire, explique que tout pays doit nourrir sa population. « Un pays peut produire autant qu’il veut, mais si ce n’est pas accessible à la population, on ne peut alors parler d’autosuffisance », indique-t-il.

Il est d’avis que pour Maurice, « atteindre l’autosuffisance est dans le domaine du possible à condition que les terres pour la culture soient disponibles. »

Il reconnaît cependant que nous allons dépendre sur l’importation des produits de consommation qu’on ne peut produire. « Aussi, les grandes enseignes ont des campagnes de marketing très intenses et vont tout faire pour attirer les clients », soutient Éric Mangar.

Parlant des terres à Maurice, le président du Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire explique que le pays « perd, chaque année, entre 800 et 1 000 hectares de terres avec des projets immobiliers ».


Salon de l’Agriculture

Après le succès du Salon de l’Agriculture tenu le week-end dernier au Domaine les Pailles, le ministère de l’Agro-industrie vient de l’avant, ce week-end (22-23 octobre) avec un autre salon à Mahébourg. Une centaine d’exposants sont attendus. Ils pourront exposer et vendre leurs produits, alors que le public pourra faire des bonnes affaires avec les promos proposées. L’entré est gratuite.

Quelques exposants

FAREI
Le Food & Agricultural Research & Extension Institute sera présent au Salon. Des produits bio seront exposés afin de montrer au public leurs bienfaits. Aussi, des officiers feront des démonstrations sur la conservation de ces produits et ils expliqueront comment se lancer dans la plantation des légumes.

MCIA
La Mauritius Cane Industry Authority aura son stand où des conseils seront dispensés aux petits planteurs. Il leur sera expliqué ce qu’il faut faire en cas de  calamités ou si leurs plantations ont été abîmées avec le changement climatique.

Small Farmers Welfare Fund
Cet organisme enregistre tous les planteurs et les éleveurs. Un Agricultural Calamities Solidarity Scheme sera proposé. Les intéressés devront contribuer une somme de Rs 600 par arpent. En cas de catastrophes, les bénéficiaires obtiendront Rs 5 000 par arpent. Ce plan est valide pour une année seulement.

 

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