De terres de l’État, à la présidence de deux institutions étatiques, en passant par des facilités financières, Vinash (Avinash) Gopee et ses entreprises ont le vent en poupe depuis quelques années. Pour l’opposition, l’homme d’affaires est clairement avantagé par le régime en place, alors que l’entourage du businessman réfute ces allégations.
Le nom de l’homme d’affaires fait régulièrement surface. C’était une nouvelle fois le cas le 25 juin à l’Assemblée nationale. Le député travailliste Eshan Juman a pu obtenir du ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance, Sunil Bholah, des renseignements sur le contrat de location de la Financial Services Commission (FSC) pour des espaces bureau à Ébène.
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On a appris que le bâtiment 7 Exchange Square met à disposition « quatre à cinq étages » à la FSC depuis janvier pour la somme mensuelle de Rs 4 655 150. L’immeuble appartient à Ng Holdings Ltd, dont le directeur est Vinash Gopee. Pour l’heure, les bureaux sont vides, car la FSC n’y a pas encore aménagé ses meubles et ses équipements.
L’Economic Development Board est aussi locataire d’une partie du bâtiment pour la somme de Rs 3,59 millions par mois pour 5 000 m2.
Dans la Cybercité, qui appartient à Landscope (Mauritius) Ltd, compagnie d’État, les Gopee disposent de plusieurs bâtiments. Outre 7 Exchange Square, ils sont aussi propriétaires du NG Tower, dont plusieurs étages servent de quartier général et siège social au groupe.
Rs 350 millions de la Mauritius Investment Corporation
Durant l’année financière 2020/21, Luxury Retirement Village, incorporée le 20 octobre 2017, a obtenu Rs 350 millions de la Mauritius Investment Corporation, une compagnie qui appartient à la Banque de Maurice. Celle-ci avait été créée pour venir en aide aux entreprises affectées par la covid-19, mais aussi pour assister des compagnies qui ont des projets intéressants pour l’économie mauricienne. Luxury Retirement Village pilote le projet le Royal Green Luxury Retirement Estate et y gère une clinique privée.
Avinash Gopee : « Je ne peux empêcher les gens de parler »
Contacté par Le Défi Plus, le vendredi 5 juillet 2024, Avinash Gopee a dit : « Je ne peux empêcher les gens de parler. Je suis simplement un homme d’affaires ». Il a demandé si les organismes qui louent des bureaux n’en louaient pas auparavant.
PNQ rejetée au Parlement vendredi
Le Speaker : « Un seul sujet doit être abordé dans une question »
Vendredi, Sooroojdev Phokeer a expliqué pourquoi il a rejeté la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Arvin Boolell, qui portait sur Vinash Gopee, un homme d’affaires et nominé politique.
À l’Assemblée nationale, le vendredi 5 juillet 2024, en fin d’après-midi, Sooroojdev Phokeer s’est expliqué sur les raisons qui l’ont mené à rejeter la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Arvin Boolell, plus tôt durant la journée. Celle-ci portait sur l’homme d’affaires Vinash Gopee, nominé politique sur plusieurs instances gouvernementales. « Un seul sujet ne doit être abordé dans une question... » a dit le Speaker.
Pour justifier sa décision, il s’est appuyé sur les articles 21(1) et 21(2) des Standing Orders. Ceux-ci stipulent que « l’objectif approprié d’une question doit être d’obtenir des informations sur un fait relevant de la compétence spéciale du ministre auquel elle est adressée » et « des questions peuvent être posées aux ministres concernant les affaires publiques auxquelles ils sont officiellement liés, ou toute question d’administration dont ces ministres sont responsables ».
Selon Sooroojdev Phokeer, « un examen de la PNQ telle que soumise ne respecte pas les règlements intérieurs susmentionnés, dans la mesure où elle contient quatre sujets différents adressés à différents ministères pour lesquels le Premier ministre n’est pas responsable. En sus de couvrir plusieurs domaines, la PNQ, telle que formulée, était ouverte, vague et manquait de précision quant alternative que de la rejeter ».
Rajesh Bhagwan expulsé et suspendu pour plusieurs séances
Même si les expulsions de membres de l’opposition sont devenues monnaie courante à l’Assemblée nationale, celle de vendredi avait comme particularité que le Speaker, Sooroojdev Phokeer, a demandé à l’ensemble des policiers montant la garde en dehors de l’hémicycle d’intervenir pour mettre le député MMM Rajesh Bhagwan était en train de quitter l’hémicycle après avoir été expulsé.
Le Speaker a ensuite demandé à Rajesh Bhagwan de « présenter ses excuses sans réserve à la Chambre, faute de quoi je n’aurai d’autre alternative que de lui demander de se retirer de l’hémicycle ». Ce dernier avait affirmé ceci, un peu plus tôt, lors d’une conférence de presse pour protester contre le rejet de la PNQ du leader de l’opposition : « Kifer li azir koumsa ? Speaker pe azir kouma azan politik. Kouma azan MSM. Speaker inn met so manto azan politik. Pravind Jugnauth inn donn li lord. »
Sooroojdev Phokeer estime que ces mots ont « jeté le discrédit sur ma conduite dans l'exercice de mes fonctions de Speaker et a offensé la dignité de la Chambre ». Devant le refus de Rajesh Bhagwan d’obtempérer, le Speaker devait exiger du Serjeant-at-Arms, mais aussi des autres policiers, d’intervenir pour expulser le député mauve.
Patrick Assirvaden : « On se demande si Avinash Gopee est le prête-nom de quelqu’un »
Après le rejet de la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Arvin Boolell, portant sur l’homme d’affaires Vinash Gopee, l’opposition PTr/MMM/ND a tenu une conférence de presse vendredi après-midi.
« C’est un jour sombre pour la démocratie parlementaire », affirme Arvin Boolell. « Il est inacceptable que des questions politiquement et parlementairement correctes soient rejetées sans justifications basées sur les “Standing Orders” et Erskine May », ajoute-t-il.
Ce dernier rappelle que « la PNQ est une arme puissante de l’opposition ». Le sujet de sa PNQ, Arvin Boolell affirme l’avoir envoyé à 8h45 au bureau du Clerk de l’Assemblée nationale. « Elle portait sur un seul sujet, la personne qui se nomme Vinash Gopee, qui reçoit des facilités de plusieurs ministères. Je pose la question s’il n’y a pas des décisions prises pour lui accorder des facilités et des contrats faits sur mesure », déclare-t-il.
Selon le modus operandi du Parlement, des conciliabules ont lieu entre le Clerk et le leader de l’opposition pour finaliser la PNQ et éventuellement apporter des corrections. « Les mardis, quand le Parlement débute à 11h30, en moins de 45 minutes les corrections sont apportées ».
Vendredi, les travaux ont débuté à 16 heures. « Tous les ministères et institutions concernés ont commencé à fournir des informations. Je le dis avec connaissance de cause. Mais, ce n’est qu’à 13h10 que je reçois un appel de la Clerk pour me dire que la question est rejetée. Je lui demande la raison, elle me cite les sections 21 et 22 des Standing Orders. Elle dit que la question doit avoir trait à un sujet, mais la question était claire et elle se réfère au sujet de Vinash Gopee », reproche Arvin Boolell.
Selon ses informations, l’Economic Development Board a signé un contrat de 10 ans pour un bâtiment qui n’existait pas encore au moment de la signature du contrat pour un montant mensuel de Rs 4,1 millions. « Sur 10 ans, cette location couvre les frais de construction de l’ensemble du bâtiment. Et ça ne s’arrête pas là. Il y a aussi la Financial Services Commission qui loue des étages sans les utiliser et paie Rs 50 millions par an », avance le leader de l’opposition.
Pour lui, il est du devoir du Premier ministre de « dire si l’exercice a été fait en toute transparence et si la bonne gouvernance est respectée ».
Tentative avortée sur les pas géométriques d’Anse-La-Raie
L’année dernière, Luxury Suites, appartenant au Groupe N-G, avait obtenu une « letter of reservation » sur plusieurs arpents sur les pas géométriques d’Anse-La-Raie pour y construire un établissement hôtelier. Devant la levée de boucliers des habitants de la région, Avinash Gopee, directeur du groupe, a annoncé, le 25 novembre 2023, dans un communiqué qu’il abandonnait le projet. Il allait demander le remboursement du dépôt effectué aux autorités pour le terrain.
À la tête d’institutions de l’État
Vinash Gopee est le président de deux conseils d’administration d’instances gouvernementales. Le 28 février 2020, un peu plus de quatre mois après les élections générales de 2019, il est devenu le président du conseil d’administration de la Tourism Authority. Ce corps parapublic est responsable de l’octroi de permis aux opérateurs du secteur touristique, dont font partie les restaurants et les établissements hôteliers.
En juin 2022, il est devenu aussi le président du board de la Drains Infrastructure Construction Ltd. C’est une nouvelle compagnie d’État créée pour gérer les travaux de drains à travers le pays. Une enveloppe de Rs 10,4 milliards avait été confiée à celle-ci à la création de cette compagnie.
En 2018, Vinash Gopee avait été nommé président du conseil d’administration de la Mauritius Multisports Infrastructure Ltd, une compagnie d’État en charge du complexe omnisports de Côte-d’Or.
Soodesh Callichurn : « Le leader de l’opposition savait que sa question était inadmissible »
En conférence de presse, vendredi en fin d’après-midi, Soodesh Callichurn et Maneesh Gobin, respectivement ministre du Travail et Attorney General, ont défendu le Speaker qui a rejeté la PNQ du leader de l’opposition plus tôt dans la journée.
« Le leader de l’opposition a posé au Premier ministre des questions sur plusieurs aspects et cela dans la même question. Il y a l’aspect de la terre allouée à un certain V.G. (Ndlr Vinash Gopee), l’aspect de location payée à cette personne et ses compagnies, ses nominations et les contrats alloués à cette personne. Il est clair pourquoi le Speaker ne pouvait pas admettre la question », estime Soodesh Callichurn.
Ce dernier précise que « dans la question, il y a plusieurs ministères concernés alors qu’une PNQ doit concerner le ministre à qui la question est posée. Le Speaker n’avait pas d’autres options que de refuser cette question qui va à l’encontre du Standing Order No 21 ».
Et d’ajouter que « le but de cette question était motivé politiquement. Le leader de l’opposition a fait exprès de poser une telle question, car lui et le PTr savaient que cette question ne pouvait être admise.
Il reproche à l’opposition de vouloir faire passer le Speaker « pour une personne qui n’a pas de considération pour la démocratie. Je laisse la population tirer sa propre conclusion ».
Pour Maneesh Gobin, « le Speaker a le droit de rejeter une question, comme le stipulent les Standing Orders du Parlement. La population doit comprendre que l’opposition joue un jeu politique et dévie l’attention. Une question ne doit pas concerner une personne, mais un sujet qui doit être lié au ministre concerné. On ne peut pas, par exemple, me poser une question dont une partie concerne le ministère du Travail ».
Le libellé de la PNQ qui a été rejetée
Ci-dessous le libellé de la PNQ qui a été rejetée par le Speaker de l’Assemblée nationale :
« With regard to Mr V. G. will the Prime Minister, minister of Defence, Home Affairs and External Communication, Minister for Rodrigues, Outer Islands and Territorial Integrity, obtain from all ministries, parastatal organisations and government-controlled companies from 2015 to date:
- All plots of land sold/ leased to him and/or his related companies;
- All rentals paid to him and/or his related companies;
- All his nominations and corresponding fees; and
- All contracts above MUR 80M awarded to him and/or his related companies. »
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