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Institutions à la dérive : des dysfonctionnements qui interpellent

Ashna Nuckcheddy-Rabot et ses invités, Dan Maraye et Sudhir Sesungkur.
  • Dan Maraye : « La MIC est une malédiction pour ce pays »
  • Sudhir Sesungkur : « Réduire le salaire des ministres ne résoudra pas le problème »

Huit mois après les dernières élections générales, les attentes sont grandes, mais les réponses se font attendre. Dans l’émission Au Cœur de l’Info, diffusée le vendredi 11 juillet sur Radio Plus et TéléPlus, la journaliste Ashna Nuckcheddy-Rabot a animé un débat à haute intensité réunissant deux anciens piliers de l’appareil d’État : Dan Maraye, ex-gouverneur de la Banque de Maurice, et Sudhir Sesungkur, ex-ministre des Services financiers et de la bonne gouvernance. Le dossier brûlant de la réforme des pensions a été abordé sans détour. Pour Sudhir Sesungkur, le système actuel est à bout de souffle. Il plaide pour une réforme progressive, tout en protégeant les plus vulnérables. À ses yeux, l’heure n’est plus aux promesses, mais à la lucidité : « Soit on réforme, soit le système s’effondre », a-t-il déclaré. Dan Maraye, quant à lui, dénonce l’inaction des responsables politiques passés, qu’il accuse d’avoir « voulu acheter la paix sociale avec des allocations excessives ». Il tient l’ancien ministre des Finances, Renganaden Padayachy, pour partiellement responsable de la débâcle, l’accusant d’avoir « balancé des chiffres sans fondement » pour masquer la réalité des finances publiques.

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L’émission a pris un tournant plus tendu lorsque la journaliste a demandé à Kavish Pultoo, responsable de communication du MSM, de réagir à ces accusations. Interrogé sur les propos de Renganaden Padayachy concernant la thèse de la « caisse vide », il est resté évasif, refusant de donner des réponses précises. Malgré plusieurs relances, il a esquivé le fond du sujet, préférant éluder le débat. Cette attitude a suscité des tensions perceptibles en plateau. Malgré l’insistance d’Ashna Nuckcheddy-Rabot, il n’a pas répondu à la question.   Ce qui a abouti à de vives échanges entre la journaliste et lui.  

Le débat s’est ensuite recentré sur la Mauritius Investment Corporation (MIC), entité créée pour relancer l’économie après la pandémie. Dan Maraye a été catégorique : « La MIC est une malédiction pour ce pays ».

Il fustige l’opacité de son fonctionnement et les décisions de financement peu transparentes, citant notamment l’exemple controversé de Star Knitwear, bénéficiaire de Rs 425 millions sans justification claire.

Sudhir Sesungkur a abondé dans le même sens, affirmant que le cas de Star Knitwear mérite une enquête approfondie par la Financial Crimes Commission. Autre point d’inquiétude : les nombreuses nominations toujours en suspens dans plusieurs institutions publiques. Dan Maraye s’alarme du vide actuel dans les conseils d’administration, soulignant que cela met en péril le bon fonctionnement de l’État. Interrogé sur la nomination de Rundheersing Bheenick à la SBM, l’ancien gouverneur s’est cependant montré positif, estimant qu’il s’agit d’un homme « apte à redonner confiance à l’institution ».

La discussion a également permis de revenir sur l’absence prolongée du Public Appointments Committee. Pour les deux anciens hauts cadres, cette instance est essentielle pour garantir des nominations transparentes, mais ils ne cachent pas leur scepticisme quant à sa mise en place, compte tenu de la rareté des compétences disponibles actuellement.

À la question de savoir s’ils seraient prêts à reprendre du service, Dan Maraye a affirmé qu’il n’attendait rien et qu’il s’exprimait désormais comme un simple citoyen. Sudhir Sesungkur, pour sa part, se dit ouvert à contribuer de nouveau si l’appel lui est lancé, mais à condition que cela se fasse dans un esprit de responsabilité et de service public. Les deux invités ont insisté sur la nécessité de restaurer la confiance du public dans les institutions, en évitant les approches populistes. « Réduire le salaire des ministres ne résoudra pas le problème », a rappelé Sudhir Sesungkur. Pour lui comme pour Dan Maraye, seul un programme de réformes structurelles profondes permettra au pays de retrouver une trajectoire budgétaire viable.

 

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