
La National Empowerment Foundation (NEF) se retrouve de nouveau sous les projecteurs et pas pour les bonnes raisons. Le rapport de l’Audit 2024 pointe une série de manquements graves dans la gestion de cet organisme censé œuvrer à la réduction de la pauvreté à Maurice. Au cœur des préoccupations : des dépassements budgétaires, des défaillances administratives et des allocations attribuées sans rigueur.
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Pour l’année financière 2023-2024, la Social Integration Division (SID) avait accordé Rs 213,8 millions à la NEF sous forme de subventions. L’enveloppe devait couvrir les dépenses récurrentes : Rs 197,5 millions pour le fonctionnement général et Rs 16,3 millions pour des projets ciblés. Mais selon le rapport du bureau de l’audit, la NEF — une société privée détenue à 100 % par l’État — n’a pas respecté plusieurs clauses du protocole d’accord signé avec le ministère le 18 mars 2022 pour une durée de trois ans.
Le document dresse un constat accablant : les plafonds de dépenses fixés par l’Assemblée nationale ont été dépassés. Les systèmes de contrôle administratif et financier sont jugés inadéquats. Les fonds ont été réaffectés sans aval préalable du ministère, et les rapports annuels, incluant les états financiers audités, n’avaient toujours pas été soumis au 31 décembre 2024 pour les exercices allant de 2021 à 2024. Ce sont autant de signaux d’alerte qui interrogent sur la rigueur de la gouvernance en place.
Les dérapages les plus visibles concernent les dépenses opérationnelles. En 2023-2024, celles-ci ont dépassé le plafond de Rs 30 millions, dont Rs 22,2 millions uniquement pour les salaires et les indemnités. Résultat : le ministère a dû intervenir, injectant Rs 171,1 millions au lieu des Rs 151 millions initialement prévus. Ce n’est pas une première. L’année précédente, un excès net de Rs 16,5 millions avait déjà été signalé par l’auditeur interne.
Dans le même temps, plusieurs hausses salariales ont été introduites pour les employés à temps plein de janvier 2020 à juin 2024 : augmentation du salaire minimum national à Rs 13 000 dès juillet 2023, puis à Rs 16 500 au 1er janvier 2024 ; relèvement de la CSG Income Allowance à Rs 2 000 ; et mise en place d’un revenu minimum garanti de Rs 15 000. Des mesures qui ont un impact direct sur les coûts salariaux de l’organisme.
Du côté des bénéficiaires, le seuil d’éligibilité à la Special Allowance a été relevé à deux reprises, passant de Rs 9 520 à Rs 10 500 en juillet 2021, puis à Rs 14 650 en juillet 2023. Le rapport recommande un réexamen des critères d’éligibilité afin d’éviter les abus.
Un autre dysfonctionnement pointé du doigt : le traitement tardif de 464 demandes, traitées avec plus de trois mois de retard après leur enregistrement. En cause, un manque de personnel technique. Le problème aurait été corrigé, et les agents ont été sommés de respecter le délai réglementaire de trente jours.
Mais les ratés ne s’arrêtent pas là. De juillet 2022 à août 2023, un oubli de la Social Security Division — qui n’a pas transmis à temps la liste des bénéficiaires de la Basic Retirement Pension à la SID — a entraîné un surpaiement de Rs 401 667 à 26 ménages dont les revenus dépassaient le seuil. Au 1er août 2024, aucun recouvrement n’avait encore été initié.Le
rapport est sans équivoque : les faiblesses observées dans la gestion financière et administrative de la NEF combinées aux défaillances de coordination entre les organismes concernés menacent les principes de transparence et d’efficacité qui devraient guider la lutte contre la pauvreté. Un appel clair est lancé à une vigilance renforcée et à un suivi plus rigoureux de l’utilisation des fonds publics.

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