L'Afrique du Sud vote mercredi pour les législatives les plus disputées depuis la fin de l'apartheid, où l'ANC au pouvoir depuis 30 ans risque de perdre pour la première fois sa majorité absolue au Parlement.
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Les bureaux de vote seront ouverts de 7 heures du matin (05h00 GMT) jusqu'à 21 heures (19H00 GMT) et la journée a été déclarée fériée. Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant le weekend. C'est le Parlement qui élira ensuite le prochain président courant juin.
Des queues sont attendues notamment dans les townships et les zones rurales où les bureaux de vote sont moins nombreux qu'en ville. Traditionnellement matinaux, les électeurs fidèles au Congrès national africain (ANC), notamment ceux plus âgés qui ont vécu la ségrégation raciale, seront parmi les premiers à cocher une croix sur chacun des trois bulletins proposés.
Lundi et mardi déjà, plus de 1,6 million d'électeurs ne pouvant se déplacer le jour J -- invalides, personnes âgées, détenus, policiers ou journalistes -- ont pu voter de manière anticipée.
Quelque 27,6 millions d'inscrits voteront pour des listes, à la proportionnelle. Ils devront cocher deux bulletins distincts pour élire leurs députés: un bleu comptant des listes composées au niveau national, un deuxième de couleur orange, présentant en gros les mêmes partis mais avec un panachage de noms plus locaux.
Enfin, ils devront former une croix sur un troisième bulletin, de couleur rose, pour élire leurs assemblées provinciales et repartiront avec un pouce marqué d'encre indélébile, pour limiter les fraudes.
Ce scrutin est "sans aucun doute le plus imprévisible depuis 1994", relève l'analyste politique Daniel Silke.
En raison d'une désillusion croissante à l'égard de l'ANC, et de "son incapacité à assurer une croissance économique et créer des emplois" notamment, mais aussi à juguler pauvreté, inégalité, criminalité ou fourniture d'eau et d'électricité, le parti dominant doit se préparer à "un résultat potentiellement inférieur à 50%".
- "Instabilité" -
Ce qui signifie, si ce scénario était confirmé, qu'il devra former une coalition pour se maintenir au pouvoir et "aura besoin d'un ou de plusieurs partenaires pour gouverner". La nature des ces alliances, plutôt vers le centre libéral ou sur sa gauche, déterminera "l'orientation future de l'Afrique du Sud".
Si le score de l'ANC est meilleur qu'annoncé (entre 40 et 47% selon les sondages), à savoir juste en dessous des 50%, il lui suffira alors de quelques parlementaires issus de petits partis pour maintenir sa ligne générale.
La participation a régulièrement baissé au fil des quinquennats, passant de 89% en 1999 à 66% aux dernières élections en 2019.
En raison d'une opposition morcelée, tous les observateurs s'attendent à ce que l'ANC reste le premier parti au Parlement, où il compte actuellement 230 sur 400 députés.
Mais sa "puissance" liée à son aura d'ancien mouvement de libération, qui a sorti le pays des griffes de l'apartheid, s'affaiblit. "Cela crée bien sûr des opportunités" pour le pays, relève encore M. Silke, "mais dans l'intervalle, cela promet un avenir immédiat instable et imprévisible".
La plus grande formation d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), qui gère la ville et la province autour du Cap, promet de "sauver l'Afrique du Sud" et notamment son économie. Elle pourrait rafler environ 25% des suffrages exprimés.
Sur la gauche, les Combattants pour la liberté économique (EFF) du provocateur Julius Malema, pourrait stagner autour de 10% des voix.
Mais la plus grande menace pour l'ANC, et le président Cyril Ramaphosa, 71 ans, pourrait provenir du petit parti de son ancien pilier et président, Jacob Zuma, 82 ans. Ce dernier est inéligible à titre personnel, mais le nouveau parti uMkhonto we Sizwe (MK) qu'il dirige pourrait séduire jusqu'à 14% des électeurs, capitalisant sur les déçus du parti au pouvoir.
ger/emd/roc
© Agence France-Presse
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