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Milieu carcéral : le repas des détenus à la loupe

La nourriture accordée aux détenus a toujours fait l’objet d’interrogations. D’ailleurs, depuis l’interdiction de la cigarette et d’autres facilités accordées aux prisonniers, ces derniers ont à maintes reprises élevé la voix contre la qualité de la nourriture qui leur est distribuée, ou encore se sont abstenu de consommer leur repas. Cela, afin de créer une atmosphère de tension dans le milieu carcéral. Le Dimanche/L’Hebdo a ainsi levé le voile sur les mets plus ou moins équilibrés accordés aux détenus et qui sont soigneusement préparés dans les cuisines de la prison.

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Les repas servis aux prisonniers sont cuisinés avec le plus grand soin par les cuisiniers qui sont employés par la prison. Ces derniers sont épaulés par des red banned detainees. Ces détenus, qui ont fait preuve de bonne conduite en prison, doivent avant tout détenir un certificat médical délivré par un médecin de la prison et attestant qu’ils ne sont pas atteints de maladies telles que la tuberculose, les problèmes cardiaques, la décoloration de la peau ou encore le HIV. Le port des masques, bonnets, tabliers, bottes et gants est également obligatoire dans les cuisines carcérales. La nourriture est ensuite goûtée par les gardiens une fois la cuisson terminée.

Repas en fonction du Diet Sheet

Les petits-déjeuners sont servis aux alentours de 7 h-7 h 30 à la prison. Les détenu(e)s consomment du pain au beurre et du thé dans des gobelets. Le déjeuner est prêt aux alentours de 10 h 30. Au menu : riz blanc, curry (poisson, poulet, foie de mouton, œuf, entre autres), bouillon de grains secs et salade (ou des légumes à l’étouffée). Les currys varient en fonction des jours et le Diet Sheet de la nourriture est respecté à la lettre. C’est aux alentours de 15 h 30, soit peu avant le lock up (Ndlr : fermeture des portes), que le dîner est servi. Pain maison, curry, grains secs et salade sont distribués. Les détenus bénéficient, depuis le 1er février, de trois pains, suite à l’interdiction de la cigarette, et d’autres produits de consommation commercialisés dans la cantine de l’établissement pénitentiaire. Ceux et celles qui sont séropositifs peuvent réclamer un pain additionnel en raison de leur traitement. En revanche, pas de dessert servi en prison.

Traitement spécial pour les malades

Les détenus séropositifs ont droit à un tout autre régime. Idem pour les prisonniers diabétiques, dont la maladie a été attestée par le médecin de la prison. Les séropositifs ont le droit de consommer un gobelet et demi de thé écrémé, au lieu d’un gobelet comme les autres détenus, en raison de leur traitement. Pour le dîner, ils obtiennent un pain additionnel au lieu de trois, comme c’est le cas pour les autres prisonniers. Ceux et celles qui sont diabétiques consomment de la nourriture bouillie uniquement. Ils ne sont pas autorisés à manger des produits courants tels que les patates, comme c’est le cas pour les autres détenus. Les prisonniers diabétiques consomment également du thé ou du lait sans sucre.

« Un brin de cheveu peut mener à une mutinerie »

« La nourriture est un droit fondamental en prison. D’où le fait que le département pénitentiaire est très strict en ce qui concerne la préparation des repas pour les détenus. C’est de la production de masse, où tout est calculé. L’hygiène est respectée. Un brin de cheveu retrouvé dans la nourriture de la prison par les détenus peut mener à une mutinerie généralisée », fait ressortir un haut gradé affecté à la prison centrale de Beau-Bassin. Dans une déclaration au Défi Plus, le Deputy Commissionner of Prisons (DCP) Jagadisen Rungadoo confirme que les repas des détenus sont cuisinés à partir d’un Diet Sheet et qu’aucun détail n’est laissé au hasard. Les Diet Sheets, poursuit notre interlocuteur, sont préparés par les officiers en charge, les Catering Officers et les détenus. « La nourriture est un droit fondamental pour un détenu. Il est important de préparer les repas dans des conditions hygiéniques. D’ailleurs, une fois préparés, les mets sont goûtés par les officiers des prisons et un échantillon est ensuite préservé », précise le no 2 de l’administration carcérale.

Menus spéciaux abolis pour les fêtes

Les détenus bénéficiaient de menus spéciaux lors des célébrations culturelles, ou encore pour le nouvel An. Ces repas « spéciaux » pouvaient comprendre des mets comme du briani ou un kalia de poulet. Dans la pratique, expliquent des officiers du département Welfare, ce sont les cuisiniers de la prison qui préparaient ces plats. Mais depuis environ trois ans, ces « privilèges » ont été abolis. Les prisonniers bénéficient d’un repas normal lors des fêtes. C’est une habitude qui aurait perduré pendant des années au sein du milieu carcéral. « Nous saluons cette initiative. Une prison reste une prison. Les détenus ont été gâtés pendant trop longtemps », disent des hauts gradés sous le couvert de l’anonymat.

Soulèvements à la prison lors du petit-déjeuner et du dîner

La supposée « mauvaise qualité » de la nourriture ou encore le refus de s’alimenter ont été deux des prétextes pour les soulèvements ayant eu lieu dans les divers centres pénitentiaires du pays, suite à la mise en vigueur de l’interdiction de la consommation de cigarettes en prison. La mesure est devenue une réalité à partir du 1er février. Mardi après-midi, par exemple, environ 700 détenus en détention préventive (on remand) à la prison centrale ont refusé de s’alimenter à l’heure du dîner. Si la situation n’a pas tardé à revenir à la normale, l’administration carcérale reste toutefois vigilante aux écarts de conduite des détenus. Selon des recoupements, d’autres mouvements de contestation concernant la qualité de nourriture auront lieu, afin de créer une atmosphère de tension au sein des prisons.

 

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