« Chaque citoyen peut trouver sa place et reconnaître sa contribution pour faire avancer et valoriser la langue, la culture et la dignité des créoles dans notre pays. » Affirmation de Mgr Jean Michaël Durhône dans son homélie lors de la messe célébrée à l’occasion du 190e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, samedi 1er février. Il a mis en lumière la cause créole, sujet central du travail de la Commission diocésaine de la cause créole, anciennement le comité diocésain 1er-Février. Selon lui, cette cause ne concerne pas uniquement les créoles, mais tous les Mauriciens.
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Il a illustré son propos par une comparaison avec l’apartheid en Afrique du Sud, rappelant que ce combat ne fut pas mené exclusivement par les Noirs, mais aussi par des Blancs opposés à ce système. Il a ainsi précisé que la cause créole n’était pas en opposition aux autres luttes culturelles, mais qu’elle participait au renforcement du mauricianisme et de la cohésion nationale.
Selon Mgr Durhône, la cause créole repose sur trois piliers essentiels : la guérison de la mémoire, la voix des prophètes et l’autonomisation. Il a insisté sur l’importance de comprendre l’histoire du peuple créole, marquée par les souffrances de l’esclavage, et d’en reconnaître les blessures encore présentes aujourd’hui. Toutefois, il a mis en garde contre une attitude victimaire et a encouragé une prise de conscience historique empreinte de fierté et de résilience.
Il a également rendu hommage aux nombreuses figures qui ont porté la voix des créoles au fil des années. Il a cité des personnalités religieuses telles que le père Laval, le cardinal Jean Margéot, le cardinal Maurice Piat, ainsi que les pères Jocelyn Grégoire, Jean-Claude Véder et Alain Romaine. À ces figures ecclésiastiques s’ajoutent des laïcs engagés tels que Danielle Palmyre, Jean-Yves Violette, Lyndsey Collen, Dev Virasawmy et Sylvio Michel, ainsi que de nombreuses associations militantes pour plus de justice sociale.
Pour l’évêque de Port-Louis, il est essentiel de dépasser le concept de « malaise créole » pour embrasser un « fait créole », c’est-à-dire une reconnaissance lucide et responsable des réalités vécues par cette communauté. L’Église, a-t-il affirmé, doit prendre en compte ces réalités dans sa mission pastorale et sociale, en permettant à chacun d’exprimer sa foi en harmonie avec sa culture.
Mgr Durhône s’est enfin réjoui des avancées obtenues au fil des ans grâce aux actions menées par l’Église. Il a notamment mentionné l’option préférentielle pour les pauvres, la promotion du mixed abilities dans les écoles catholiques et les démarches en faveur de l’enseignement du créole mauricien dans les institutions scolaires. À travers ces initiatives, l’Église continue de jouer un rôle central dans l’émancipation et la valorisation des créoles, en contribuant à bâtir une société plus inclusive et équitable.
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