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Lutte contre la toxicomanie: Pils s’interroge sur la politique de répression

Nicolas Ritter remet en cause l’efficacité des stratégies de lutte contre la toxicomanie.
« Eski prizon aret ladrog ? » C’est la question que pose Pils (Prévention, information lutte contre le sida) pour sa nouvelle campagne de plaidoyer. Le collectif compte aussi interroger les décideurs et la population sur la politique de lutte contre la toxicomanie qui est appliquée à Maurice. L’Organisation non gouvernementale Pils s’interroge sur l’efficacité des lois en vigueur concernant notamment la réduction de l’offre et de la demande des drogues illicites. Plusieurs autres questions sont aussi posées à travers cette campagne de plaidoyer : est-ce que la politique de répression à l’égard des usagers de drogues a permis de maîtriser le crime organisé et réduire la criminalité ? Est-elle est en faveur de la santé publique ? Respecte-t-elle les droits humains ?

Réflexion

À travers deux études commanditées par Pils en 2015, il est aussi question d’une réflexion pour déterminer si le budget consacré à l’application des lois de plus en plus répressives est cost effective. Selon l’étude entreprise par StraConsult, la police a dépensé Rs 176 328 000 en 2014 dans le combat contre la drogue. Il était prévu que ces dépenses vont augmenter dans les années à venir. Le document révèle aussi que pour chaque Rs 100 injectées par l’État dans ce combat, Rs 78 sont dépensées sur l’aspect répressif - arrestation, condamnation et emprisonnement des usagers de drogues illicites. Alors que Rs 22 seulement sont utilisées pour financer leur traitement, la prévention et leur réhabilitation. L’autre étude visait à connaître la perception des Mauriciens sur la politique des drogues. Conduite par TNS Analysis, elle a démontré que les méfaits de la drogue constitue la principale préoccupation sociale de ceux interrogés et qu’ils sont en faveur de l’utilisation de nouveaux moyens, autres que la répression, pour lutter contre la toxicomanie. Selon le directeur exécutif de Pils, Nicolas Ritter, la campagne vise à sensibiliser le grand public mais aussi les décideurs sur l’efficacité des politiques sur les drogues telles qu’elles sont pratiquées à Maurice et dans le monde. L’objectif étant de se demander s’il n’y a pas lieu d’avoir une approche axée sur la santé publique et des droits humains plutôt que sur la répression.

Meilleures pratiques

À travers cette campagne, l’ONG souhaite que Maurice s’aligne sur la tendance mondiale qui privilégie une approche basée sur des preuves scientifiques. Selon Pils, elles indiquent que les programmes d’échange de seringues, l’accès aux services de santé pour les populations les plus vulnérables, la prévention de rue et les traitements de substitution aux opiacés et les programmes sociaux de réintégration permettent de réduire les risques liés aux drogues et à l’Etat de dépenser moins. « Nous ne venons pas donner des réponses et dire ce qu’il faut faire, mais nous nous demandons si les 30 ans de lutte contre la toxicomanie ont porté leurs fruits », explique Nicolas Ritter. Il souhaite que le pays s’inspire des meilleures pratiques de lutte contre les drogues pour améliorer ce qui se fait ici. Cette nouvelle campagne est également organisée dans le sillage de la commission d’enquête sur la drogue et en marge de l’assemblée spéciale de l’Organisation des Nations unies prévue en avril prochain et la campagne Support don’t punish qui aura lieu au mois de juin.
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