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Toxicomanie: zoom sur un combat ingagnable

Ce dimanche 26 juin, le monde célèbre la Journée mondiale de la lutte contre la toxicomanie. L’occasion pour Michaël François et ses invités de faire le point sur un combat mené sur beaucoup de fronts, mercredi, dans l’émission Talk of the Town, sur Radio Plus. La situation en chiffres
  1.   + 11 000. C’est le nombre de toxicomanes à Maurice.
  2.    44%. C’est le pourcentage des toxicomanes à vivre avec le VIH/sida.
  3.    97 % des toxicomanes sont atteints d’hépatite C.
  4.    5 046. C’est à peu près le nombre de toxicomanes qui s’injectent de la drogue. Ce chiffre peut toutefois aller jusqu’à 7 598 en fin de mois, les jours fériés et le week-end.
  5.    86,8% des toxicomanes sont des hommes.
  6.    168. C’est le nombre de jeunes qui ont été hospitalisés de juillet 2015 à avril 2016 après avoir consommé des drogues synthétiques. C’est la tranche des 17 à 23 ans qui est la plus touchée.
  7.    Six consommateurs sur 10 sont des jeunes.
La brigade antidrogue sévit
  • De janvier à juin 2016, la brigade antidrogue a procédé à 825 arrestations pour possession de drogue, a indiqué le Detective Inspector Assad Rujub.
  • En 2015, il y a eu 1 771 arrestations pour possession de drogue.
  • De janvier à juin 2016, la police a arrêté 57 hommes adultes, une femme et quatre jeunes pour consommation de drogues synthétiques.
  • Pour la même période, concernant le trafic de drogues de synthèse, l’Adsu a arrêté 25 hommes adultes, une femme et deux jeunes.
Les propositions du Collectif Urgence Toxida
  1.   Mettre en place un plan national de prévention contre la toxicomanie. « C’est long overdue », soutient Kunal Naik, son représentant.
  2.   Maintenir le traitement à la méthadone pour ceux qui réclament cette drogue de substitution à la place du Suboxone.
  3.   Mettre l’accent sur l’accompagnement psychosocial des consommateurs de drogues.
  4.   Combattre les inégalités sociales et la pauvreté pour que les gens n’aient pas tendance à sombrer dans la toxicomanie.
  5.   Revoir notre système d’éducation pour que nos jeunes ne soient pas tentés par la consommation de la drogue.
  6.   Donner aux travailleurs sociaux plus d’accès aux établissements secondaires afin qu’ils puissent mieux sensibiliser les jeunes sur les méfaits de la drogue.
  7.   Une meilleure collaboration entre le ministère de la Santé et les ONG dans la lutte contre la toxicomanie.
  8.   Ne pas stigmatiser les consommateurs de drogue afin de ne pas les pousser davantage vers le gouffre.
Bon à savoir
  1.  La Dangerous Drugs Act donne la possibilité au tribunal de condamner un prévenu à suivre une cure de désintoxication. L’accord du principal concerné doit au préalable être sollicité.
  2.  La drogue synthétique ne contient pas de THC, présent dans cannabis, qui donne cet effet euphorisant. Les laboratoires qui fabriquent ces drogues ont créé un autre produit synthétique Donnant le même effet pour remplacer le THC.
  3. Ces synthetic cannabinoids sont devenus illégaux à Maurice à partir de 2013. Ceux qui en consomment risquent une peine allant jusqu’à deux ans de prison et Rs 50 000 d’amende.
  4. La sentence est beaucoup plus dure pour le trafic des drogues de synthèse : 5 à 25 ans de prison et jusqu’à Rs 1 million d’amende.
  5. La brigade antidrogue assure le public de la plus stricte confidentialité pour toute information donnée. « Souvent, les membres du public ne veulent pas dénoncer des trafiquants de drogue.
  6. Or, nous avons besoin d’informations », assure Assad Rujub.
  7. Il n’y a pas de traitement pour ceux qui consomment des drogues de synthèse qui, de surcroit, sont plus puissantes que les autres drogues.
  8. Une équipe du ministère de la Santé se rend régulièrement dans les établissements scolaires pour sensibiliser les jeunes sur les méfaits de la drogue, y compris celles de synthèse.

Les toxicomanes stigmatisés ?

Le CUT reproche au ministère de la Santé d’encourager la stigmatisation des toxicomanes. « La répression contre les usagers de drogues n’est pas la solution.  Il est dommage que la guerre contre la toxicomanie se soit transformée en une guerre contre les consommateurs », regrette Kunal Naik. Le ministère de la Santé réfute ces accusations. « Nous travaillons de concert avec les ONG dans l’intérêt des usagers de drogues. Nous n’avons aucun problème avec eux, encore moins avec les travailleurs sociaux. Nous ne lésinons pas sur les moyens pour sortir les usagers de drogue de l’enfer de la toxicomanie. Nous sommes de leur côté dans cette lutte », indique le Dr Anil Jhugroo.

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Suboxone : 75 % de taux de réussite

Depuis cinq mois, le ministère de la Santé propose un nouveau traitement, à base de Suboxone, aux toxicomanes. Il envisage graduellement de remplacer la méthadone par le Suboxone. « En Angleterre, on traite les toxicomanes avec le Suboxone et la Naltrexone. Ces substances sont plus efficaces que la méthadone. D’autant que celle-ci est plus addictive que l’héroïne. De plus, le taux de réussite du Suboxone comme drogue de substitution est de 75 %. C’est pourquoi aucun des patients sous Suboxone n’a réclamé de la méthadone à la place », précise le Dr Anil Jhugroo, du ministère de la Santé. Il soutient que les bénéficiaires ont le choix entre le Suboxone et la méthadone. Le CUT a cependant un avis différent. Il demande au ministère de la Santé d’arrêter de diaboliser la méthadone, « qui a aussi fait ses preuves en tant que drogue de substitution ». L’ONG estime que « c’est mieux » de proposer plusieurs types de traitements aux usagers de drogues au lieu d’un seul. « Le Suboxone peut ne pas être efficace dans tous les cas », souligne Kunal Naik.
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