Société

La cause animale: Sommes-nous vraiment des défenseurs des animaux ?

Notre attitude vis-à-vis des animaux soulève bien des interrogations. Autant sommes-nous indignés dès qu’il y a maltraitance, autant sommes-nous indifférents dès qu’un animal finit dans notre assiette ou dans des laboratoires. Se peut-il que notre révolte se limite à la cruauté visible ? Il est 13 h 30, ce 21 mars 2016. Dans la zone de JinFei, à Terre-Rouge. Un policier de la Special Supporting Unit (SSU) Motorcycle Patrol Team fait sa patrouille lorsqu’il tombe sur une scène effroyable. Un chien est pendu à un arbre. Il informe ses supérieurs, puis, avec l’aide d’un collègue, détache l’animal. Le chien était là depuis plusieurs jours car le cadavre était en état de décomposition avancée. « Cela nous a fait beaucoup de peine. Cet animal a beaucoup souffert. Il avait de nombreuses traces de blessures sur le corps. » Cette image a fait le tour des réseaux sociaux et nombre de citoyens étaient révoltés de cet acte barbare. Et les commentaires et videos sont révélateurs de notre attitude envers les bêtes. En parcourant les commentaires des internautes suivant la découverte du cadavre du chien, on constate du bon. Comme Vishal L.,32 ans, qui a chez lui quatre chiens qu’il adore et qu’il ne maltraite jamais. « Mo pa les zot al dan sime. Mo gard zot atase lanwit-lizour pou pa bizin gagn problem ek vwazin. Zot gagn bon manze tou », assure-t-il. Un maître attentionné ! [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"15016","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-25179","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"300","height":"270","alt":"Singe"}}]]Du bon certes. Mais aussi de l’insensibilité. Ainsi, une autre vidéo circule. Une jeune fille envoie son chat le plus loin possible, sans doute pour voir s’il retombera toujours sur ses pattes. Là encore, les internautes sont très en colère. Ils souhaitent à la fille d’être aussi maltraitée que le chat. Tant qu’il s’agit de se révolter derrière son écran, on pourrait nous donner une bonne note, mais sommes-nous pour autant des défenseurs de ces animaux ? Pour Vidia Khan, étudiante, « comme toujours, nous refusons d’enlever la poutre dans notre œil, mais voyons toujours la paille dans celui de notre voisin. Si un voisin maltraite son chien, on appellera les autorités, mais sans plus. Nous ne porterons pas secours à un animal, nous ne nous indignerons pas lorsque les autorités décident d’abattre certains animaux ». Et elle ajoute : « Et ne comptez pas non plus sur nous pour aller manifester à cet effet. Donc, il faut cesser cette hypocrisie, quand on croit en quelque chose, il faut se battre et dans ce pays, croyez-moi, il faudrait réellement éveiller notre conscience en ce qui concerne la maltraitance des animaux. »
Au bien-être des animaux, s’ajoute une autre problématique : le végétarisme. Si, auparavant, les végétariens étaient considérés comme des marginaux, ils pensent désormais que leur combat commence à être pris au sérieux. Shikha Bodnah, végétarienne depuis son adolescence, affirme tout haut : « Nous ne sommes pas des extrémistes.  Nous ne jugeons pas et ne voulons pas culpabiliser les autres, mais nous souhaitons quand même dire que les animaux sont des êtres sensibles capables de ressentir des émotions. » Pour elle, « il est évident que les réactions sélectives des personnes nous irritent quand on sait comment les animaux sont tués dans des abattoirs pour satisfaire l’être humain. Nous sommes loin de ces messages d’amour que nous transmettons à nos enfants qui veulent à tout prix avoir un animal domestique qu’ils vont considérer comme leur meilleur ami ». Maltraitance, tueries dans les abattoirs pour la consommation humaine… Il y a aussi le martyre que vivent les singes dans les laboratoires. Nos cousins ne sont plus aussi visibles qu’auparavant et cela suscite beaucoup d’interrogations. On devrait peut-être nous rappeler ce que disait Mahatma Gandhi : « On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses animaux. »

Témoignage

«Mon fils a noyé mon chat Filou»

Christine Marie, mère de deux enfants, raconte que cette vidéo lui a fait revivre de douloureux souvenirs. Elle se souvient que l’année dernière son aîné est entré dans la maison avec le cadavre du chat dans une main. Fier comme tout, il a lancé sans détours : «   » Le jeune garçon avait plongé le chat à plusieurs reprises dans la baignoire pour voir s’il allait mourir et revivre sept fois. « Filou était mon compagnon depuis des années, avant même la naissance des enfants et cela m’a profondément attristée », relate la jeune femme.  Sur un meuble de salon, une photo d’un chat vêtu d’une très belle robe à rayures. La place privilégiée où trône cette photo témoigne de la relation qu’entretenait la maîtresse de maison avec l’animal. Aujourd’hui, elle veut s’engager à participer à la protection des chats… En souvenir de Filou.

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L’abattage des chauves-souris

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"15007","attributes":{"class":"media-image alignright wp-image-25170","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"300","height":"270","alt":"chauves-souris"}}]]L’opération abattage des chauves-souris par le Groupement d’intervention de la police mauricienne (GIPM) a fait couler beaucoup d’encre. D’une part, ceux qui estiment que les arbres fruitiers en souffrent et qu’il est important d’éloigner les nuisances, d’autre part, ceux qui s’opposent à cet acte cruel. La Mauritian Wildlife Foundation (MWF) s’est fermement opposée à cet abattage en affirmant que d’autres solutions pourraient aider, tel l’élagage ou l’installation de filets. « Les chauves-souris ne sont pas les seuls à s’attaquer aux arbres fruitiers. D’autres espèces comme les oiseaux et les rats causent beaucoup de dégâts », selon Vikash Tatayah de MWF. Une pétition avait même été mise en circulation et un sondage faisait ressortir que 80 % des Mauriciens étaient contre ce procédé. Shari Villarosa, l’ambassadrice américaine, n’avait pas hésité à prendre position.  
 

Questions à... Andy Kylasopathan, guide touristique: «La manière dont on traite les animaux impacte sur le tourisme»

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"15006","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-25169 size-full","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"306","height":"446","alt":"Andy Kylasopathan"}}]]Le Mauricien est-il un défenseur des droits des animaux ? Les droits des animaux ne sont pas à la mode dans le pays.  Comme dans d’autres pays, beaucoup de citoyens souhaitent avoir un animal domestique à la maison, mais très peu savent traiter les animaux avec respect. Prenons, par exemple, les chiens. Nous sommes tous un peu responsables de la situation des chiens errants à Maurice. C’est trop facile de venir critiquer les autorités. D’ailleurs, peu importent les actions prises par les autorités pour résoudre le problème des chiens errants, il y aura toujours des gens mécontents. Mais, il faut toujours se demander à qui revient la faute. Pour la plupart d’entre nous, le chien n’est qu’un gardien qui veille sur notre propriété pendant notre absence et nous le laissons traîner dans les rues en quête de nourriture. Lorsqu’un chien est victime d’un accident, le conducteur ne s’arrête  même pas, et les passants ne font rien pour porter secours au malheureux animal. Il faut quand même reconnaître qu’il y a aujourd’hui certaines organisations qui font un travail formidable en faveur de ces animaux, en proposant des services gratuits. On note également chez la jeune génération une envie de changer les choses. Espérons que tout ira pour le mieux. Que pourrait-on faire pour mieux protéger les animaux dans le pays ? Il faut continuer avec les campagnes de sensibilisation car les messages que nous communiquons sont importants, comme l’importance de la stérilisation. Puis, il faudrait que l’on innove et amende certaines lois qui ne motivent pas les gens à mieux traiter les animaux. Par exemple, si on retrouve votre chien dans la rue et que vous souhaitez le récupérer, la somme qui est réclamée est si élevée que cela décourage le maître. Puis, il est grand temps de mettre un numéro d’appel d’urgence à trois chiffres pour venir en aide aux animaux en détresse. Pourquoi ne pas faire comme dans les pays européens et avoir une ambulance en vue de secourir les animaux car tout le monde ne peut payer un taxi pour emmener son chien chez le vétérinaire. En appelant ce numéro, on pourrait également obtenir les coordonnées des vétérinaires les plus proches ou qui sont de garde. Le prix de la puce pour les chats et les chiens est également trop élevé car une personne qui a trois chiens, par exemple, ne pourra se permettre une telle dépense. Certains hôtels ont des cafés pour chiens et chats, par exemple, ce qui est une excellente initiative. Les touristes peuvent s’y rendent pour nourrir les animaux et, par la suite, les adopter s’ils le souhaitent. Autre chose importante : la formation. Un animal nécessite des soins particuliers et il serait bien qu’on apprenne à lui prodiguer les meilleurs soins possibles. Que pensent les touristes de la façon dont les animaux sont traités aujourd’hui ? Beaucoup sont choqués par le nombre de chiens et de chats errants à Maurice. Mais encore plus par la disparition de certains animaux comme les singes et les oiseaux que l’on pouvait voir auparavant. Quand je les accompagne à Grand-Bassin, ceux qui sont déjà venus à Maurice, me demandent pourquoi ils ne voient plus de singes et certains oiseaux comme c’était le cas auparavant au viewpoint d’Alexandra Falls. Les chiens et les chats errants sur les plages sont devenus bien encombrants. souvent, ils dérangent ceux qui viennent s’y prélasser. Ce n’est pas pour autant qu’ils apprécient de voir qu’un chien se fait battre à coups de pied ou de bâton sur la plage pour l’éloigner ou de voir sur les réseaux sociaux la cruauté de certaines personnes envers les animaux. Le pays a souvent fait la Une des journaux internationaux en ce qui concerne la maltraitance envers les animaux. On peut encore lire aujourd’hui sur les blogs de quelques étrangers des exhortations à boycotter Maurice comme destination touristique à cause de la manière dont les animaux sont traités ici. C’est dommage. La manière dont on traite les animaux a un impact sur le secteur touristique. Heureusement, certains animaux en voie de disparition sont protégés et qu’on a la possibilité de voir d’autres animaux dans les parcs d’attraction. On peut les approcher, les caresser et parfois jouer un peu avec eux. Que pensez-vous justement des animaux qui se trouvent dans les parcs d’attraction ? Je sais que beaucoup de personnes critiquent les parcs d’attraction en disant que les animaux qui s’y trouvent sont malheureux. Mais quand je vois tout ce qui se passe autour de nous, je me dis que si j’étais un animal, j’aurais préféré être dans un de ces parcs d’attraction. À part les oiseaux qui sont en cage et cela, évidemment, c’est un triste spectacle, les responsables de ces parcs d’attraction font tout, tant bien que mal, pour préserver l’habitat naturel de ces animaux. Ils sont très bien nourris et en cas de blessure ou de maladie, ils sont tout de suite pris en charge. Si les animaux étaient maltraités dans ces parcs, je vous assure que cela se saurait. Bien au contraire, chaque animal reçoit un service personnalisé de personnes hautement qualifiées.
 

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