
- Un diplômé peut commencer à enseigner sans le PGCE
- La perte d’attrait du métier inquiète
Faut-il absolument un Postgraduate Certificate in Education (PGCE) pour enseigner dans un collège ? Depuis janvier 2025, la réponse est non. Une réforme permet désormais aux diplômés d’entrer en classe sans ce précieux sésame, à condition de suivre leur formation en parallèle.
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Une décision que le ministre de l’Éducation assume pleinement. « Supprimer l’obligation du PGCE pour enseigner est une initiative bénéfique », a-t-il déclaré la semaine dernière. Objectif : répondre plus efficacement à la pénurie chronique d’enseignants et alléger les procédures de recrutement.
Autrement dit, un diplômé peut aujourd’hui décrocher un poste dans un collège tout en poursuivant son cursus au Mauritius Institute of Education (MIE). Un virage assumé, mais qui soulève aussi des questions.
Le Dr Jimmy Harmon, directeur adjoint du Service diocésain de l’éducation catholique (SeDEC), salue cette mesure, sans pour autant remettre en cause l’importance du PGCE. « On n’a jamais été contre le PGCE. J’ai moi-même fait mon PGCE lorsque que j’étais enseignant. C’était donc un ‘in-service course’. D’ailleurs, pour quelqu’un qui est déjà en poste, faire le PCGE lui permet de vérifier et améliorer sa pratique pédagogique. Donc, il est impératif que tout enseignant fasse son PGCE. »
Ce qui pose problème, selon lui, c’est la rigidité de l’ancienne formule : exiger le PGCE comme condition d’entrée, même à ceux qui avaient un Master ou un doctorat dans la matière à enseigner. Résultat ? « On s’est retrouvé avec des situations absurdes. Des jeunes universitaires avec des Masters, mais incapables de postuler un poste d’enseignant car ils n’avaient pas de PGCE. »
Et les effets sur le terrain ne se sont pas fait attendre : pénurie d’enseignants, retards dans les recrutements et tensions dans la gestion des effectifs. Le Dr Harmon pointe également une mauvaise coordination entre institutions. « À l’époque, le MIE n’avait pas la capacité d’accueillir tous les candidats, et la PSEA (Private Secondary Education Authority) nous accusait de mauvaise planification. » Il dénonce la création d’une « pénurie artificielle d’enseignants sur le marché de l’emploi ». Pour lui, le fait de ne plus exiger le PGCE a permis de sortir de l’impasse.
Mais il alerte sur un phénomène plus préoccupant : la perte d’attrait du métier. « Le métier d’enseignant n’attire plus autant, voire fait peur. Face à une indiscipline de plus en plus marquée, à l’attitude d’‘enfants rois’ souvent soutenus par des parents prêts à les défendre au moindre reproche, et à l’exposition permanente sur les réseaux sociaux, nombreux sont les jeunes qui se tournent vers des professions perçues comme plus calmes et moins exposées. »
La réforme sur le PGCE desserre l’étau. Mais le vrai défi, désormais, sera de redonner au métier d’enseignant ses lettres de noblesse.
Vers une réforme du statut des Supply teachers
Le ministre de l’Éducation a salué le rôle essentiel des supply teachers, qui assurent la continuité des cours lors des absences prolongées des enseignants titulaires – qu’il s’agisse de congé de maternité, d’études ou sans solde. C’était lors d’une séance parlementaire tenue mardi dernier, en réponse à une question de la députée Dr Babita Thannoo. Celle-ci a attiré l’attention sur les effets négatifs du recours prolongé aux supply teachers, notamment en ce qui concerne leur motivation et leur fidélisation. Le statut précaire de ces enseignants, a-t-elle souligné, nuit à leur engagement sur le long terme.
Le Dr Gungapersad a reconnu cette réalité. S’il a insisté sur l’importance de ces enseignants dans le cadre des réformes éducatives – notamment pour l’introduction de nouvelles matières – il a également admis qu’ils ne bénéficient pas des mêmes conditions que les enseignants titulaires, ce qui affecte leur stabilité professionnelle. Pour remédier à cette situation, des discussions ont été engagées entre le ministère de l’Éducation et celui de la Fonction publique. L’objectif : mettre en place un dispositif plus attractif pour les enseignants suppléants du primaire et du secondaire. Selon le ministre, plusieurs avantages supplémentaires ont été identifiés et transmis au ministère de la Fonction publique. Celui-ci a, à son tour, soumis des propositions au Pay Research Bureau (PRB), qui les étudiera dans le cadre de son prochain rapport.
Interrogé sur la possibilité de remplacer le système actuel par des contrats plus sécurisés, le ministre a indiqué qu’il est preferable d’attendre les recommandations du PRB Il espère toutefois que ces propositions permettront d’améliorer les perspectives de carrière des enseignants tout en assurant une éducation de qualité à long terme.
Enfin, il a assuré que cette problématique sera intégrée dans les réflexions plus larges menées dans le cadre des Assises de l’Éducation d’avril dernier, ainsi que dans les ateliers de validation à venir en vue de finaliser le plan directeur du secteur éducatif.

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