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Flamblée des prix des légumes : une situation qui risque de durer

Le ministre Seeruttun a effectué une visite au marché de Rose-Belle, dimanche.
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Ces derniers jours, de nombreuses voix de consommateurs se sont élevées pour dénoncer la flambée des prix des légumes. Aucun légume ne semble être épargné par cette hausse généralisée. Alors que des consommateurs dénoncent « des pratiques abusives », les planteurs et les maraîchers tentent de justifier cette situation qui, selon eux, devrait persister pendant au moins deux mois.

patisson

Un pâtisson à Rs 800 ou encore un demi-kilo de piment à plus de Rs 1 000... La récente flambée des prix attise le courroux du consommateur. Aucun légume n’est épargné, des brèdes au giraumon, en passant par l’oignon et la pomme de terre. Toutefois, la situation avait été quelque peu rétablie avec l’intervention des autorités. Mais la cherté des légumes demeure une source de préoccupation majeure pour le consommateur.

Et ce n’est pas François Cheung, un client rencontré au marché central à Port-Louis, qui dira le contraire. « Les prix des légumes ont pris l’ascenseur. Erezman pena boukou dimounn kot mwa. Les familles nombreuses souffrent le plus, surtout avec la hausse des prix de plusieurs autres produits de consommation », dit-il.

Juned Jeerally, un agriculteur du Sud, partage son expérience depuis novembre dernier, expliquant qu’il a été confronté à de fortes pluies dans la région. « J’ai dû planter et replanter en raison des conditions météorologiques changeantes. La situation est très difficile. Nous plantons, mais les pluies détruisent nos cultures », témoigne-t-il, soulignant que les effets du changement climatique se font sentir avec des précipitations imprévisibles qui compromettent les récoltes à tout moment.

piment
Les prix des légumes sont excessifs depuis plusieurs semaines. 

Il dira avoir repris la plantation de divers légumes (aubergines, piments et tomates), avec des temps de croissance variant de 70 à 100 jours selon la variété. « La difficulté réside dans la gestion des fortes pluies et des cyclones, qui perturbent le calendrier de plantation et de récolte. En principe, ce sont les récoltes des cultures plantées en novembre qui arrivent sur les étals en janvier et février. Certains agriculteurs préfèrent attendre la fin février pour commencer à planter en raison de la saison cyclonique et de la menace de sécheresse qui sévissent en janvier et février », explique-t-il.

Juned Jeerally poursuit en expliquant que de nombreux planteurs ont été affectés par les catastrophes naturelles, ce qui a entraîné des retards dans la production et une augmentation des prix des légumes sur le marché. « Malgré ces difficultés, la plupart des planteurs ont fait preuve de persévérance et ont commencé à replanter. Nous espérons un retour à la normale d’ici environ deux mois, en souhaitant que le temps soit clément », ajoute le planteur.

Selon certains maraîchers, la hausse des prix des légumes s’explique par plusieurs facteurs, notamment les aléas climatiques. Aussi, le relocalisation de la vente aux enchères de Port-Louis à Wooton entraîne des coûts supplémentaires, car les acheteurs doivent se rendre sur place. « Ce qui engendre des dépenses supplémentaires ».  Les maraîchers soulignent que les prix auxquels sont vendus les légumes par les producteurs ont également contribué à cette hausse.

Ashok Bhoykunt, marchand de légumes depuis presque cinq décennies, affirme que la situation est sans précédent. « Les prix des légumes ont connu une augmentation significative, atteignant des niveaux jamais observés auparavant. Tous les légumes sont fortement touchés, et si les carottes n’étaient pas importées, la situation aurait été encore plus critique », déclare-t-il.

De nombreux consommateurs expriment leur mécontentement face à la hausse des prix, ce qui a un impact significatif sur leur pouvoir d’achat. « Klian vini, dimann pri ek reale. Les ventes ont chuté. Nous investissons dans l’achat des légumes, mais finalement, nous n’avons pas de clients pour les écouler en raison des prix élevés », déplore le marchand.

Le choix aux consommateurs 

Le CEO d’Intermart n’utilise pas le terme « abuser ». Selon lui, la question fondamentale réside dans l’offre et la demande. « Parmi les opérateurs, il existe deux écoles de pensée. Certains estiment que les prix sont élevés, mais néanmoins, il est crucial de laisser aux clients le choix d’acheter ou non en rendant les produits disponibles. D’autres estiment que les prix sont exorbitants et décident de ne pas les mettre en vente », explique-t-il, ajoutant que la plupart des enseignes continuent de mettre en vente les légumes « malgré le coût élevé ».  Selon Ignace Lam, les prix varient d’un magasin à l’autre, certains étant considérablement plus élevés. Cependant, il estime que « c’est finalement le public qui est le seul juge ».

Enquête de l’Acim 

Jayen Chellum, secrétaire de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), souligne que certains facteurs, comme les inondations et les cyclones, ont impacté certaines plantations de légumes, « bien que de manière localisée ». Cependant, il exprime des réserves quant aux justifications données pour les hausses de prix observées sur des légumes (pommes d’amour, margozes et carottes, etc.). « Même en tenant compte des facteurs climatiques, nous constatons des augmentations excessives qui se répercutent sur les prix des légumes. Il y a ce maintien des prix élevés qui suscite notre préoccupation », déplore-t-il.

Il ajoute que l’Acim mène une enquête pour analyser les prix en vigueur. « Nous avons l’intention d’alerter les autorités compétentes afin qu’elles prennent des mesures correctives pour décourager le maintien des prix élevés. Une fois les données collectées, nous les partagerons avec les autorités. Nous constatons aussi que les prix de certains produits sont trop élevés. Certains produits sont plus affectés que d’autres, mais le maintien de prix élevés sur cette gamme de produits est une source de préoccupation », explique Jayen Chellum. 

L’offre et la demande

 

L’Association pour la Protection de l’Environnement et des Consommateurs (Apec) est une organisation qui œuvre pour la protection de l’environnement ainsi que pour les droits des consommateurs à Maurice. Suttyhudeo Tengur, le président, attribue la hausse des prix des légumes à plusieurs facteurs, notamment à l’augmentation de la demande. Il souligne que « cette augmentation de la demande, dictée par le principe classique de l’offre et de la demande, contribue à la flambée des prix ». Aussi, il trouve « inacceptable » que le pâtisson soit proposé à un prix aussi élevé, atteignant les Rs 600 ou plus et condamne « les pratiques commerciales des hypermarchés et supermarchés qui exploitent les consommateurs en proposant des prix excessivement élevés, jusqu’à 20 à 30 fois supérieurs à leur valeur habituelle ». Pour Suttyhudeo Tengur, cette situation est « abusive et injuste ». Il souligne que les prix actuels sont de 5 à 6 fois supérieurs à ceux proposés par les producteurs. Selon lui, bien que l’on se base sur le principe de l’offre et de la demande, le gouvernement devrait anticiper de telles situations. Il estime que les célébrations de Maha Shivratri et du Cavadee nécessitent une planification attentive pour assurer un approvisionnement adéquat en légumes. Le président de l’Apec met en garde contre une poursuite de la hausse des prix si les légumes ne sont pas rapidement réapprovisionnés. Selon lui, il incombe à l’État de faciliter la disponibilité des produits sur le marché. 

« L’importation de marchandises, etc., ne devrait pas poser de problème dans une telle situation. Même avec l’arrivée du cyclone, la situation ne devrait pas être aussi critique », dira l’intervenant.

 

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